RURALITÉ
Bernard Rey reconduit à la présidence des maires ruraux

Margaux Balfin
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Les maires ruraux de l’Ain ont tenu leur assemblée générale vendredi 2 février à Bourg-en-Bresse. Forte de 274 communes adhérentes, l’association a renouvelé son bureau. 

Bernard Rey reconduit à la présidence des maires ruraux
L’AMR de l’Ain rejoint le réseau Erre et signe une convention avec le CIDFF pour mieux accompagner les victimes de violences conjugales et intrafamiliales. Photo/AMR01

C’est par une pensée pour Jean-François Lherbe (Nivollet-Montgriffon), Jacques Piot (Belligneux), Jean-François Obez (Ornex) et Éric Thomas (Certines), tous les quatre maires en fonction décédés en 2023, que Bernard Rey a ouvert l’assemblée générale des maires ruraux de l’Ain. Au lendemain de la levée des blocages, le président a également eu quelques mots à l’attention des agriculteurs : « Nous comprenons les revendications de la profession qui souhaite préserver pour l’avenir son activité. Une activité indispensable pour notre quotidien alimentaire, tout en préservant sa juste rémunération. Notre agriculture est une force », arguait l’édile de Saint-Bernard. 

Arrivée au terme d’une mandature de trois ans, l’association a ensuite renouvelé son bureau. Bernard Rey a été réélu à l’unanimité, au côté de six vice-présidents : Jacques Rolland (Saint-Vulbas), Valérie Guyon (Saint-Nizier-le-Bouchoux), André Bolon (Vieu), Arlette Berger (Nurieux-Vologniat), Jean-Pierre Humbert (Villette-sur-Ain) et Benjamin Raquin (Grand-Corent). Par ailleurs, 22 membres ont intégré le nouveau conseil d’administration. 

Plan France ruralité, statut de l’élu, programme Villages d’avenir, accès aux soins en milieu rural ou encore carte scolaire, Bernard Rey a par la suite minutieusement dressé la liste des enjeux et conquêtes de l’année 2023. Mention spéciale pour la reconnaissance des aménités et espaces ruraux comme support aux enjeux agricoles et environnementaux. Du reste, beaucoup de projets restent encore en suspens, Matignon n’ayant toujours pas désigné de digne successeur à l’ancienne ministre des Collectivités.

Signature d’une convention avec le CIDFF

Une assemblée générale somme toute assez classique, tout juste perturbée par l’intervention de Christian Batailly à l’encontre d’un refus du Département d’accorder une subvention à l’AMR, glosant sarcastiquement une prétendue hiérarchisation entre petites et grosses communes. Des propos qui firent immédiatement réagir Clotilde Fournier, vice-présidente au Département : « Ce qui a été dit sur le Département n’est pas acceptable. Il n’y a pas de petite commune ! ». Et de rappeler l’enveloppe de 20,5 millions d’euros injectée par la collectivité dans le cadre des Pactes de territoire. « Nous ne disons pas que les communes rurales ne sont pas considérées. Traditionnellement l’AMF* de l’Ain est installée dans les locaux du Département avec du personnel mis à disposition. Nous demandons plus d’équité et malgré plusieurs courriers, Jean Deguerry n’a jamais donné satisfaction », rétorquait avec stoïcisme Bernard Rey. 

Moins caustique, la signature d’une convention entre l’AMR 01 et le centre d’information pour les droits des femmes et des familles de l’Ain marquait un second temps de l’assemblée générale. Ce partenariat, co-signé par Bernard Rey et Anne Bornet, directrice du CIDFF 01, vise à faciliter les échanges et partager l’information avec les élus locaux sur la question des violences faites aux femmes et intrafamiliales. En particulier pour les maires membres du réseau ERRE, pour élus ruraux relais égalité, piloté à l’échelon départemental par Arlette Berger. Et Bernard Rey de préciser : « Avec Erre, l’AMRF renforce la position des élus ruraux dans la lutte contre les violences intrafamiliales, contre les féminicides et pour la prévention, la sensibilisation et l’accompagnement de toutes les victimes. » Chaque élu peut ainsi devenir référent du réseau Erre et accéder à des formations pour mieux identifier et être au plus près des victimes. 

*Association des maires de France 

LOI ZAN/ Les petites communes attendent le là de Wauquiez

Questionné en marge de l’assemblée générale sur l’application de la loi Zéro artificialisation nette (ZAN), Bernard Rey ne cache pas son mécontentement face à l’attitude du président de Région. « C’est très sympa de la part de Laurent Wauquiez de faire de la politique politicienne mais en attendant il laisse le merdier en gestion aux communes. Nous avons besoin d’un Sraddet et pour l’instant on ne sait pas quelle suite donner. » Pour mémoire, Laurent Wauquiez avait annoncé en septembre dernier vouloir se retirer du dispositif ZAN. Une position qu’il n’a depuis pas abandonnée. 

Pour les communes déjà prises en tenaille entre la demande de nouveaux logements et l’injonction de certaines intercommunalités au développement industriel, le ZAN s’ajoute comme un défi supplémentaire. Si Bernard Rey défend pleinement la sanctuarisation du foncier agricole comme garante de la souveraineté alimentaire, il en appelle à plus de bon sens. Le président des maires ruraux de l’Ain veut privilégier la possibilité de repenser l’articulation des zones autour des villages dans leur ensemble. Quant au rôle des intercommunalités dans la mise en place des PLUi, là non plus il ne mâche pas ses mots : « Ce sont des structures auxquelles on donne des gages mais qui n’ont aucune existence constitutionnelle. Dans le cadre des PLUi, nous ne sommes plus dans le rapport d’une commune une voix et se sont les plus grosses communes qui ont le plus de poids. Nous sommes vent debout contre cela. »  Pour une collégialité de regard, non pas de gouvernance. Le ton est donné. Alors en attendant la publication des derniers décrets d’application, Bernard Rey enjoint les parlementaires à plaider en ce sens. 

Pour l’heure, les maires ruraux doivent se contenter d’une maigre victoire de l’AMRF, qui a tout de même toute son importance pour les petites communes : l’assouplissement de certaines règles et l’octroi d’un hectare supplémentaire accordé par l’ancienne ministre des collectivités Dominique Faure dans le cadre du ZAN.