CONSOMMATION FONCIÈRE
Maîtrise foncière et souveraineté alimentaire : les collectivités engagées

Patricia Flochon
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Face aux enjeux liés à la maîtrise de l’eau, l’alimentation et le renouvellement des générations en agriculture, les collectivités multiplient les stratégies foncières, agricoles et alimentaires. 

Maîtrise foncière et souveraineté alimentaire : les collectivités engagées
Témoignage d’Isabelle Dubois, présidente de la Communauté de communes de la Dombes sur la stratégie agricole globale engagée. Photo/PF

Le réseau foncier de l’Ain organisait le 1er décembre à Ambronay, une matinée d’échanges sur le thème du « foncier agricole, terre nourricière ». Né en 2018 d’un partenariat entre la direction départementale des territoires (DDT), le Département de l’Ain, l’établissement public foncier local (EPF de l’Ain) et la Safer Auvergne-Rhône-Alpes, le réseau foncier de l’Ain accompagne les collectivités et les porteurs de projets dans « une gestion économe du foncier, la préservation du foncier naturel et agricole et un développement urbain de qualité ». Avec un taux de croissance de population de près d’1,3 % par an, l’Ain accueille chaque année entre 7 000 et 8 000 habitants supplémentaires. Pour répondre, entre autres, à la demande en logements et aux activités économiques, le développement de l’urbanisation entraîne chaque année la diminution des surfaces agricoles (en moyenne 400 ha par an). Le réseau foncier de l’Ain avait choisi d’engager le débat sur différents enjeux pour les territoires : viser la souveraineté alimentaire, privilégier les circuits courts, faciliter l’installation et la transmission agricole. Dans les dix prochaines années, 50 % des agriculteurs vont cesser leur activité. Un défi de taille qui a placé le renouvellement des générations agricoles en première ligne de la politique des chambres d’agriculture qui y consacrent des moyens humains et financiers importants. Dans l’Ain, plus de 300 porteurs de projets sont accueillis chaque année au Point accueil installation (PAI). Françoise Cortey, coordinatrice installation transmission à Chambre d’agriculture, a tenu à faire passer un message fort auprès des collectivités : « La Chambre est proactive sur les territoires en lien avec les communautés de communes. Objectif : aller au-devant des futurs cédants, à leur rencontre pour préparer et anticiper la transmission des exploitations. Il est important qu’ils réfléchissent au moins cinq ans avant l’arrêt de leur activité sur le volet transmission. Avec la Communauté de communes de la Dombes un diagnostic foncier a été réalisé avec la Safer. L’idée étant de poursuivre le travail engagé et d’apporter un accompagnement humain dans une relation de confiance ».
 
La communauté de communes, « le bon échelon pour préserver le foncier agricole »
 
Parmi les témoins du jour, Isabelle Dubois, présidente de la Communauté de communes de la Dombes, a rappelé la pertinence de la stratégie agricole globale engagée : « Entre 2010 et 2020, près de 20 % des exploitations ont disparu en Dombes. J’ai vu la Dombes changer. Progressivement les propriétés se sont vendues et petit à petit les étangs et les bois se sont fermés. Nous avons aujourd’hui un projet alimentaire territorial. Nous avons décidé de vraiment lancer le débat sur le foncier agricole au sein du conseil communautaire et signé cette convention avec la Safer et la Chambre d’agriculture. Nous sommes le bon échelon pour préserver le foncier agricole. Des agriculteurs sont également engagés dans des tests culturaux sur la plateforme de démonstration agroécologique à Valeins. Les lentilles produites sur le site ont été distribuées aux cantines du territoire ainsi qu’à la Banque alimentaire ». Autres témoignages d’élus : Jean-Michel Valla, vice-président de Valence Agglomération, en charge du développement rural et de l’alimentation, ou encore Dominique Despras, agriculteur et vice-président de la communauté d’agglomération de l’Ouest Rhodanien. Des territoires différents mais qui ont tous deux développé des stratégies foncières pertinentes, en lien avec les problématiques de souveraineté alimentaire et d’installation de jeunes agriculteurs. Et Dominique Despras de souligner : « Nous avons construit un réseau de référents fonciers communaux qui est à la bonne échelle pour prendre les décisions sur notre territoire ». Clotilde Fournier, vice-présidente du Département de l’Ain, a quant à elle salué « tout l’intérêt du GFAm* porté par la FDSEA, un bel outil qui pourrait être une opportunité pour les collectivités de s’adosser à ce dispositif ». 
 
* Groupement foncier agricole mutuel.