Retour sur l’assemblée générale du syndicat des éleveurs de moutons qui s’est tenue fin octobre en présence de Frédéric Gontard, président du syndicat ovin de la Drôme et président de la section régionale ovine de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.
Le syndicat des éleveurs de moutons de l’Ain – réuni en assemblée générale le 25 octobre à Ceyzériat – fait le constat d’un fléchissement du nombre de ses adhérents. D’une petite centaine en 2013, dix ans plus tard ce nombre a réduit de moitié, pour un total de 51 adhérents en 2023. Les raisons ? Des départs en retraite et cessations de troupeaux, et des adhésions non renouvelées pour d’autres. Son président, Emmanuel Blanc, ne veut toutefois pas tomber dans le fatalisme, mais reste lucide : « En dix ans nous avons eu une baisse de moitié, mais dix ans encore auparavant on était presque 200. C’est à l’image de la filière, partout en France. On est dans une tendance inquiétante de baisse de production. » Un questionnaire sera envoyé dans les semaines qui viennent aux éleveurs du département afin d’identifier plus finement leurs attentes.
Cellule prédation
Entrant dans le vif du sujet, à savoir les attaques de loups, Emmanuel Blanc dira à propos de la cellule prédation : « Nous avons créé cette cellule il y a deux ans. N’hésitez pas appeler les animateurs des syndicats partenaires de la cellule en cas de problème. Ils vous guideront dans les démarches à suivre. » En 2023, cela s’est notamment traduit par l’accompagnement de huit éleveurs ayant subi des attaques : rencontres sur le terrain, information sur leurs droits, appui quant aux démarches à effectuer, mise à disposition de matériel de protection et de caméras… « Nous avons acheté un lot de cameras que l’on peut mettre à disposition des éleveurs, et l’autre partie en partenariat avec la fédération des chasseurs. Nous pourrons ainsi analyser et constituer un recueil de données. Nous pourrons prochainement présenter des résultats de présence, de passage ou pas de prédateurs en tous genres », ajoute Emmanuel Blanc.
Loup : « Une fois les meutes installées, c’est l’enfer sur terre »
A l’échelle du territoire national, les chiffres concernant le loup (au 20 septembre 2023 – source : Dreal Auvergne-Rhône-Alpes) faisaient état de : 3 314 constats indemnisables ou en cours d’instruction et 8 590 victimes indemnisables ou en cours d’instruction, pour 62 départements touchés. Dans la région, était confirmée la présence de deux meutes dans le massif du Jura (Risoux et Marchairuz). Sans compter une meute dans le massif Central (les Causses et Mont Lozère).
Frédéric Gontard, président du syndicat ovin de la Drôme et président de la section régionale ovine de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, témoigne : « On se fait attaquer régulièrement, même avec les chiens de protection. Dans la Drôme nous avons 700 chiens de protection déclarés, mais toujours autant de bêtes tuées : près de 800. On ne peut avoir qu’un chien, il en faut plusieurs. Les meutes de loups ont un plan A, B, et C… Ils sont d’une intelligence inimaginable. C’est très très compliqué. L’administration de se rend pas compte de l’état de stress des éleveurs et des familles d’éleveurs. » Et d’ajouter : « Les premières attaques datent de 1992. L’administration fait des études et le temps passe… Le problème est de ne pas laisser s’installer des meutes car après c’est l’enfer sur terre. Ce n’est pas parce que vous avez des chiens de protection que vous serez sauvés. J’ai un collègue qui s’est fait bouffer son Berger des Pyrénées. »
+ 21 % d’animaux tués en 2024
Dans l’Ain, entre 2021 et 2023, treize exploitations ont été victimes d’attaques de loup, pour 40 animaux tués (ovins et bovins). En 2024, le nombre de victimes est passé à 90 (13 blessées et 77 tuées) pour neuf exploitations. Ce sont aussi trois animaux victimes du lynx sur trois exploitations différentes (contre 10 exploitations attaquées l’année précédente pour 20 animaux tués). Soit en comparaison de l’année 2023 : - 24 % d’animaux blessés, + 21 % d’animaux tués, et deux tirs de défense simple avec un loup prélevé à Jujurieux. Sur la question de l’évolution du ratio attaques de loup/lynx, Emmanuel Blanc commente : « La baisse d’activité du lynx est aussi due à l’arrêt de certains troupeaux. Il n’y a pas de corrélation prouvée entre l’augmentation des attaques de loup par rapport à la baisse de celles du lynx. »
Et Michel Joux, président de la Coopérative des Bergers réunis de l’Ain, d’insister sur « la nécessité de réguler », tout en rappelant : « l’Europe devrait baisser d’un cran la protection du loup, on pourrait donc plus réguler si besoin. Entre un statut d’espèce strictement protégée à simplement protégée il y a une marge et elle est extrêmement importante. On a tellement de problématiques que des éleveurs ne montent plus en alpage. » Alexandra Lièvre ajoutera : « Cette prédation, c’est du sang, des larmes dans les couples, dans les familles ; ça impacte tout le monde, la vie des villages aussi. »
Patricia Flochon
FCO 8 – La situation dans l’Ain au 11 octobre 2024
562 suspicions
480 foyers confirmés
336 élevages bovins
8 élevages caprins et 5 élevages de lamas ou alpagas