FILIERE OVINE
Une bonne et une mauvaise nouvelle

Côté pile après plus de deux ans de procédure, la laine collectée en 2016 est en phase d'être enfin payée. Côté face Gesler n'abattra plus de moutons.
Une bonne et une mauvaise nouvelle

C’était un véritable cri du coeur poussé par Nicolas Girard, animateur du syndicat des éleveurs de moutons de l’Ain, que nous avons entendu lundi dernier dans son bureau de la maison de l’agriculture.
« Ah ! Enfin, une bonne nouvelle.  Je viens d’avoir un mail de l’huissier me confirmant l’intégralité du règlement de la laine 2016 ».

Collecte 2016

Mauvais souvenir que cette collecte 2016. La laine avait été achetée par un marchand de l’Aube avec qui le syndicat travaillait en confiance depuis de nombreuses années. Toutefois le chèque de la transaction n’était jamais parvenu et cela malgré de nombreuses relances. Le marchand restant silencieux aux appels du syndicat, il aura fallu mettre le dossier dans les mains du tribunal de grand instance de Troyes pour qu’il valide l’injonction du paiement. Fort de cet acte, le syndicat a mandaté un huissier pour le recouvrement de la dette. Deux ans et demi de procédure pour obtenir les 14 138 euros dus. Emmanuel Blanc, président du syndicat ne cachait pas sa satisfaction « c’était une ombre dans notre syndicat, car nous avons beaucoup de petits éleveurs pour qui la vente de la laine est un plus. C’est là qu’on se rend compte de l’intérêt de faire des enlèvements collectifs. L’union fait la force c’est bien connu ».

Nouvelle formule

Pour la vente de la laine, le syndicat a changé son mode de fonctionnement depuis 2017. Il ne fait plus office de boîte de collecte. Chaque éleveur apporte sa laine aux points de collecte définis dans tout le département. L’acheteur est présent. Il évalue le prix en fonction de la qualité et du poids puis propose un prix. L’éleveur repart avec un chèque. Un système qui fonctionne bien et contente tout le monde.

Gesler n’abattra plus de moutons

Si le problème de la laine est résolu, une autre ombre plane chez les éleveurs ovins. Dans l’Ain Agricole du 14 février, Myriam Gesler annonçait officiellement que « l’abattoir d’Hotonnes n’abattra plus les moutons ». Pour Emmanuel Blanc, « cela va poser un réel problème. On ne peut que le déplorer. L’abattoir de Bellegarde ne prend pas de nouveaux clients, Chambéry ne fait pas les ovins et Bourg-en-Bresse, si cela est possible, il nous faut une heure et demi de route, donc aller-retour 3 heures. Nous sommes dans une logique économique. Les abattoirs ne veulent pas s’équiper pour des petits ruminants. Les investissements sont lourds à amortir pour une entreprise. Forcément quand on a le choix on prend toujours le meilleur, mais c’est au détriment des petites filières ».

L’aide des collectivités

 

Plus d’abattage chez Gesler, pour Emmanuel Blanc, « cela va poser un réel problème, on ne peut que le déplorer ».

 

Emmanuel Blanc s’inquiète entre autre pour les magasins de circuits courts et les producteurs qui font de la vente directe dans le département. « Nous aurions besoin d’un engagement des collectivités locales pour qu’elles viennent en aide aux petites filières. Nous allons les solliciter. Ces quelques dizaines de bêtes qui sont abattues chaque semaine assurent notre pérennité ».
Comment va la filière ?
« Même si les cotations nationales se maintiennent, nous enregistrons une baisse récurrente de la consommation d’agneau chaque année. Le cheptel français est en baisse. L’agneau reste une viande festive qui se découpe en gros morceaux. Il faudrait inciter les industriels, les bouchers à la transformer pour passer le volume ».

Yolande Carron