ETIQUETAGE
À la recherche des mauvais élèves

Une trentaine d’agriculteurs de l’Ain ont fait une descente dans six enseignes de grandes et moyennes surfaces de Bourg-en-Bresse pour vérifier les étiquettes et la traçabilité des produits.
À la recherche des mauvais élèves

C'est à l'appel de la FNSEA et des JA qu'une vaste opération de contrôle de la validité de l'étiquetage en matière de traçabilité s'est déroulée mercredi dernier dans sept enseignes de GMS1 de Bourg-en-Bresse.
Communiquer sur les réalités
En mobilisant les troupes avant le départ, Adrien Bourlez, président de la FDSEA a rappelé combien il était important de sensibiliser les consommateurs, sur la situation des agriculteurs. « Le nombre de suicides ne cesse d'augmenter, nous sommes victimes d'Agribashing, il existe un réel mal être dans l'Ain ». D'où ce besoin de communiquer. « C'est un scandale pour les agriculteurs et les consommateurs. La loi sur les Etats généraux de l'alimentation répond à une attende sociétale sur un meilleur qualitatif et sur « acheter local » mais elle est loin d'être appliquée dans les magasins. On crie au scandale et à la tromperie car les étiquetages des denrées ne sont pas clairs ».

 

Lors de vérification des codes barre et provenance des produits dans le rayon charcuterie de Carrefour Market de Saint-Denis-Les-Bourg.

Pas de débordement

A l'arrivée des troupes brandissant les drapeaux FDSEA et JA, certains directeurs se sont montrés sur la défensive mais très vite, le dialogue s'est instauré. Pas de débordements notoires. Ils ont laissé le champ libre aux agriculteurs pour faire le tour des rayons. La viande, les produits laitiers, les fruits, les produits transformés et même les vins ont été passés au peigne fin. Le but était de vérifier les codes barre et la provenance des produits. Pour seules armes ils possédaient des étiquettes estampillées
« non conforme » ou « privilégier l'origine France » qu'ils ont collées sur les emballages. «Il faudrait que la distribution joue le jeu des consommateurs qui veulent acheter français » a rappelé Adrien Bourlez.

L'ombre du Ceta

Morgan Merle, président des Jeunes Agriculteurs, a rappelé la position des agriculteurs vis à vis du Ceta, cet accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada. « Nous ne sommes pas contre l'import de produits mais il faut que les consommateurs prennent conscience que les normes ne sont pas les mêmes entre la France et le Canada. Ce dernier utilise des hormones de croissance et des farines animales. La traçabilité n'est pas la même. Pour exemple le test aux hormones doit se faire sur de la viande vivante, là il se fera sur une carcasse. Le résultat est faussé ».

Le bio des GMS au piquet !

Des étiquetages douteux, les agriculteurs en ont vu dans toutes les enseignes. Carrefour, Carrefour Market, Métro, Promo cash, Intermarché, Leclerc. Certains les collectionnaient d'autres un peu moins. La liste est longue : des choux Bruxelles emballés avec un drapeaux français collé dessus mais en provenance du Maroc. Du porc identifié « origine Espagne » alors que le directeur du magasin a prétendu qu'il provenait de France... De la langue de bœuf et des steaks Angus importés du Royaume Unis, beaucoup de fruits de Belgique et bien sûr des fruits et légumes d'Espagne.
Mais le pire constat a été fait au rayon bio des grandes surfaces. Pratiquement rien n'est identifié français. Les produits « bio village » pour la plupart sont importés d'Espagne. La mise au piquet directe va aux lentilles... non pas du Puy mais importées du Canada, des noix de cajou de Moldavie ou du Vietnam. « Les normes du bio international ne sont pas les mêmes que celle du bio français. La réglementation française est encore plus stricte que la réglementation européenne » a conclu Adrien Bourlez.

1 GMS : grandes et moyennes surfaces
Yolande Carron