NUMERIQUE
Le Web, une révolution aussi puissante que l’invention de l’imprimerie

Le Web a été inventé en 1989 par Tim Berners-Lee, un physicien britannique du Cern. La révolution du Web est lancée et va tisser sa toile d’une façon fulgurante. En 2018, on compte 1,9 milliard de sites Internet pour 4,4 milliards d’utilisateurs dans le monde. Cette technologie a profondément modifié nos façons de communiquer, de s’informer, de travailler … L’agriculture n’échappe pas au phénomène, avec aujourd’hui 8 agriculteurs sur 10 qui utilisent Internet pour leur activité. Le web a 30 ans et fait désormais partie de notre quotidien.
Le Web, une révolution aussi puissante que l’invention de l’imprimerie

Aujourd'hui, le Web et Internet sont des synonymes dans le langage courant, alors qu'ils désignent deux choses différentes. Pour simplifier, on peut considérer qu'Internet correspond aux tuyaux permettant aux flux de données de se déplacer. Ces tuyaux sont utilisés par différentes applications dont le Web, mais aussi les emails, le FTP, le peer-to-peer... qui sont des « services » qui utilisent les câbles et autres serveurs d'Internet pour être accessibles partout où l'on peut se connecter. Les premières bases d'Internet furent posées dans les années soixante et soixante-dix au sein d'une agence de défense américaine avec la volonté d'interconnecter différents réseaux, puis par les universités américaines et françaises pour échanger des informations. L'email est né assez rapidement en 1965. Avec Internet, il s'agissait - et s'agit toujours - d'un
« inter-réseau » ou réseau de réseaux offrant une connexion entre différents ensembles d'ordinateurs permettant d'échanger des données et des messages. Les pages Web sur lesquels nous surfons aujourd'hui n'existaient pas, et pour une bonne raison, le langage HTML et le protocole d'échange entre ordinateurs connu sous le nom de « HTTP » n'existaient pas. Ils ont été inventés il y a 30 ans, par Tim Berners-Lee, un physicien britannique du Cern (Laboratoire européen pour la recherche nucléaire), en Suisse en 1989, pour permettre d'accéder à distance à des fichiers via des liens hypertextes. C'est l'invention du langage HTML et du protocole HTTP qui ont permis l'émergence du World Wide Web (www), littéralement, de l'immense toile mondiale. Le premier site web est mis en ligne en 1991. En 1993, le Cern place les éléments nécessaires pour créer des sites Web sous licence libre, n'importe qui peut alors installer les éléments et héberger son site. De 130 sites en 1993, le Web s'enrichit à grande vitesse pour atteindre le million de sites en 1997. On en compte 1,9 milliard en 2018 pour 4,4 milliards d'utilisateurs dans le monde. Le Web a aujourd'hui supplanté ou intégré les autres « services » liés à Internet. Ainsi, on accède à ses mails ou on échange des gros fichiers via un navigateur Web. Avec l'Internet mobile, le Web a cédé un peu de terrain aux applications, qui sont des logiciels installés sur un appareil mobile, contrairement au Web app, qui sont des sites Web adaptés aux formats des appareils mobiles.

 

En 2019, plus de huit agriculteurs sur dix utilisent Internet pour leur activité et six sur dix se connectent au moins une fois par jour.

Le Web accompagne la révolution de l'agriculture

Au cours du XXe siècle, l'agriculture a connu une mutation extraordinaire passant de 78 % des actifs à moins de 1 %, en France, estime Hervé Pillaud, agriculteur en Vendée et auteur de l'Agrinumericus, le Web est dans le pré. Depuis le début du XXIe siècle et l'essor des sites Web, « le Web accompagne la révolution de l'agriculture, et il va nous amener à passer d'une agriculture d'intrants à une agriculture de la connaissance. Le Web permet d'agréger les connaissances et de les rendre accessibles facilement », explique Hervé Pillaud.
Une étude de BVA pour Groupama, réalisée en février 2019, montre l'importance du Web et d'Internet dans le quotidien des agriculteurs. En 2019, plus de 8 agriculteurs sur 10 utilisent Internet pour leur activité et près de 6 sur 10 se connectent au moins une fois par jour. Le Web a révolutionné l'accès à l'information. Un exemple simple est la météo qui est devenue très facilement accessible avec une précision de plus en plus forte. Ceux qui sont nés avant 1980 se souviennent des autres solutions, moins pratiques et réactives, qui permettaient d'accéder à la météo :
le journal, la radio ou bien, dans les années 1990, le minitel. En quelques clics, depuis un smartphone ou un ordinateur, on peut avoir accès à la météo dans l'heure, pour la journée, les tendances des jours suivants jusqu'à 10-12 jours.

Un Web en mutation constate

L'étude BVA montre également que si 80 % des agriculteurs utilisent un ordinateur pour accéder à des sites Web, ils sont déjà 50 % à le faire depuis un smartphone et 25 % avec une tablette. L'Internet mobile est devenu depuis 2016 l'usage majoritaire du Web. À l'échelle globale, les connexions au Web sont maintenant plus nombreuses via des appareils mobiles que des ordinateurs, même si le temps passé reste plus important via les ordinateurs.
Pour l'agriculture, le Web rend de multiples services. Il permet aux agriculteurs d'avoir un lien avec les consommateurs et les citoyens beaucoup plus direct via les réseaux sociaux. Il leur donne un accès au marché via les sites d'e-commerce et génère de nouveaux usages. « Le Web est à l'origine de quantité d'innovations, en hardware, logiciels, robotiques, poursuit Hervé Pillaud. L'agriculture est fortement impactée par le Smartagri, les objets intelligents au service de la connaissance. » Il n'y a pas un jour ou presque où une nouvelle application, un nouvel objet, un nouvel usage est proposé par des acteurs de monde agricole ou des start-up. Le Web a démocratisé l'usage d'Internet, il est maintenant au cœur de la révolution numérique. « L'information est fondamentalement modifiée par le Web dans la façon de la stocker ou de l'analyser, conclut Hervé Pillaud. C'est la force du big data et cela va encore profondément modifier l'agriculture dans les prochaines années. »

Camille Peyrache

Commerce en ligne /

 

Actuellement, les ventes en ligne de produits alimentaires  ne représentent que de faibles volumes, mais elles sont amenées à s’accroître dans les années à venir, et avec elles, le risque sanitaire.

 

En 2017, environ 20 % des ménages français ont acheté du fromage ou des produits ultra-frais sur Internet.

 

Le sanitaire, le talon d’Achille de la vente en ligne des produits alimentaires

En France, la vente en ligne est un phénomène non négligeable puisqu’elle a généré un chiffre d’affaires de 92,6 milliards de dollars en 2018, selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad). L’apparition des « géants du Web » ainsi que les innovations ont donc bouleversé l’économie des entreprises. Le secteur alimentaire ne fait pas exception : entre 2013 et 2017, 400 start-up ont été créées en France dans la FoodTech avec des levées de fonds pouvant atteindre 317 millions d’euros. Si ces start-up et ces innovations concernent l’ensemble de la chaîne alimentaire, de l’agriculture de précision à la distribution, le commerce et l’achat de produits alimentaires sont directement concernés par ces évolutions. Bien que les parts de marché du commerce alimentaire en ligne soient encore modestes, la livraison de produits commandés en ligne prend de l’ampleur et les modalités d’offres se multiplient (drive fermier, marketplace, paniers de produits…). Le ministère de l’Agriculture a commandé une étude, réalisée par Blezat Consulting et ABCIS, afin de dresser un état des lieux des ventes en ligne de produits alimentaires et d’identifier qualitativement les éventuels risques sanitaires. Du fait de leur sensibilité sanitaire, les produits d’origine animale (DAOA) ont été ciblés dans cette étude.

De fortes contraintes logistiques pour les produits frais

La vente en ligne de produits carnés, laitiers et de la mer représenterait 1,3 milliard d’euros, soit 3 à 3,5 % du total des ventes de produits de grande consommation (PGC), tous circuits confondus. En 2017, environ 20 % des ménages français ont acheté sur Internet du fromage ou des produits ultra-frais. Le développement de la vente en ligne varie fortement selon la nature du produit, en effet, les produits frais sont soumis à de fortes contraintes logistiques. Les auteurs indiquent que les drives de la grande distribution représentent plus de 80 % des achats de produits alimentaires en ligne, pourtant leur organisation s’apparente à la logistique classique de la grande distribution. L’étude se concentre donc sur les autres canaux de distribution ; les opérateurs vendant leur production avec remise directe au consommateur. Parmi les opérateurs relevés par les auteurs  plusieurs types de vendeurs ont été distingués, on retrouve ainsi, des distributeurs classiques, des vendeurs spécialisés en distribution alimentaire, des vendeurs spécialisés en restauration et enfin  des structures de mise en relation directe  avec le consommateur (Amap, drive fermier, etc…) .

Des risques sanitaires limités en raison des faibles volumes

L’immense majorité des sites analysés propose un service de livraison à domicile, et un tiers une possibilité de dépôt en point relais. En dehors de cette « constante », les auteurs estiment que les modèles de vente en ligne sont très divers, tant en matière de produits que de services. En dépit de cette diversité, ils ont aussi réussi à dégager des grandes lignes pour analyser les risques sanitaires. Ils indiquent que ces risques sont limités car actuellement « les volumes de produits frais vendus par Internet sont encore très réduits et le taux d’exposition du consommateur est donc faible ». Ils soulignent que ces risques s’accroissent avec l’augmentation des flux de commerce numérique. Sur la base des risques identifiés et des attentes exprimées par les opérateurs, ils proposent trois axes de recommandation. En premier lieu, ils conseillent de mieux suivre et anticiper les évolutions de ce secteur mais aussi de clarifier les règles qui s’y appliquent. Dans un deuxième temps, ils proposent de réduire les risques aux étapes les plus critiques notamment lors du transport. Enfin, les auteurs recommandent de mieux communiquer pour sensibiliser les professionnels et les consommateurs aux spécificités du e-commerce de ces produits.