MARAICHAGE
Le maraîchage peine à prendre racine

S’installer en maraîchage bio. C’était le thème d’un après-midi d’échanges au Gaec Gallion à Ozan, mardi 14 mai. De nombreux maraîchers cherchent un repreneur. Reportage.
Le maraîchage peine à prendre racine

Le petit livret des 19 fermes maraîchères à reprendre ou en recherche d'un collaborateur est imprimé. Il était disponible sur la table dans le hangar des frères Gallion. Beaucoup d'offres bien détaillées photos à l'appui. De quoi susciter des vocations. Mais malheureusement peu d'adeptes pour le consulter. Juste une petite vingtaine de personnes était présentes dont des élèves de la MFR de la Saulsaie. Les porteurs de projets en bio sont nombreux mais pas d'installation. Cela reste un mystère. Dans les zones fortement maraîchères, les candidats à la retraite arrivent en masse mais peinent à trouver des repreneurs.

 

Participants et organisateurs devant le Gaec Gallion. Des élèves de la MFR de la Saulsaie avaient fait le déplacement.

Se faire connaître

En organisant de telles rencontres, les chambres d'agriculture de l'Ain, de la Saône-et-Loire et l'ADABio apportent leur contribution pour tenter de trouver des solutions. Faire rencontrer cédants et repreneurs potentiels. « Surtout montrer qu'il y a des opportunités d'installations sur le 01 et le 71 » glisse Claire Baguet, référente agriculture biologique à la CA 01. Bernard Gallion 64 ans en Gaec avec son frère 59 ans faitt partie des ces maraîchers pour qui la retraite se profile. Ils exploitent 15 ha de parcelles irriguées et drainées. 7ha sont en propriété et le reste en location. Avec un chiffre d'affaires de 250 à 300 000 euros, leurs cultures sont essentiellement des salades, des céleris raves, des radis, du persil et des choux frisés. « Nous cherchons un successeur. Le foncier existe, nous aimerions que nos parcelles restent en légumes. On peut loger du personnel, car l'été nous avons un saisonnier en plus d'un salarié à temps plein et nous laissons le matériel. Nous attendons de connaître le profil du successeur afin de s'adapter au mieux à sa demande ».

Année 90

Après avoir été maraîchers à Feillens, les Gallion sont venus s'installer à Ozan en 1990 suite à un remembrement mais aussi pour fuir les zones inondables et ainsi sécuriser les productions. « Ça n'a pas été facile au départ, ça ne l'est pas plus maintenant. Nous avons commencé avec 6 ha. Il a fallu déchiffrer des bois pour mettre en culture. Cela a pris 2 à 3 ans pour arriver à sortir quelque chose. Nous possédons 2 bineuses pour le bio, une laveuse à légumes qui a un coût mais c'est un gain de temps. Il faut savoir que les cultures mécanisées ne sont pas celles qui rapportent le plus. Pour bien réussir il est essentiel de trouver le bon circuit commercial pour écouler la marchandise, c'est le nerf de la guerre », explique Bernard. Leur Gaec travaille avec la société « Terroir du Val de Saône », un grossiste qui s'occupe de la commercialisation des productions livrées en cagettes. « Nous avons toujours été contre les contrats avec les enseignes », lâche Bernard.

Yolande Carron

Les légumes bio en 2017

Ils représentent 6% des surfaces maraîchères en France.
70% des consommateurs mangent du bio une fois par mois et continuent lorsqu’ils ont commencé. Le marché est en augmentation de 6%/an.
30% des légumes sont vendus en GMS. 40% en magasins spécialisés et 27% en vente directe. 30% sont importés.
Le rayon bio des GMS a une image mitigée. Les consommateurs préfèrent les magasins spécialisés.
Il y a une forte attente pour trouver des produits bio dans la restauration.
Le cahier des charges est européen. Après la réglementation environnementale et les lois du travail sont propres à chaque pays.

Le travail est déjà mâché

Pour Jean-Daniel Ferrier, conseiller maraîchage à la CA 01, « les premières années sont difficiles. Il faut presque 5 ans pour bien démarrer. Sur ce type d’exploitation, il y a déjà une génération qui a fait le foncier et aménagé la ressource en eau. Profiter de l’existant c’est précieux. Il faut savoir que se lancer dans le maraîchage sur de la prairie demande à minima 5 ans pour améliorer le foncier, même sur du conventionnel. Là il y a déjà des choix faits qui s’orientent sur du bio. La taille de l’exploitation pourrait accepter une installation multiple. En bio il faut investir sur l’outil de production alors qu’en conventionnel c’est l’inverse ». n

Jeunes maraîchers bio

Installés depuis 2018 en Earl à Ozan, Kévin et Océane ont repris l’exploitation familiale de 6,5 ha déjà orientée bio par les grands-parents.
Ils font de la vente en demi-gros avec une vingtaine de variétés de légumes l’été et une dizaine l’hiver. Ils sont équipés de 4 serres de 1400 m2 et d’un forage pour faire face à la sécheresse. A l’activité maraîchage s’ajoute un atelier bovin composé de 70 vaches allaitantes. Kévin avoue ne plus calculer le temps qu’il voue à la ferme « environ 70 heures par semaine en grosse période. 40% du temps est passé à la commercialisation, c’est à dire dès que les légumes sortent du champ. Leur production ils l’écoulent dans des magasins spécialisés bio. « Ce sont eux qui fixent le prix et il est correct ». La livraison se fait trois fois par semaine.

L’eau et le fumier en bio

Compter 2000 m3 à l’ha pour du limon et 3000 m3 pour du sable.
Un fumier d’élevage bovin bio doit aller obligatoirement sur du bio alors que le fumier d’élevage
traditionnel peut être utilisé sur un maraîchage bio. Pourquoi ? parce que les réserves en fumier bio ne sont pas encore
suffisamment constituées.