ÉLEVAGE
Contre les mouches : commencer la lutte tôt et combiner les outils

À la sortie de l'hiver et aux premiers rayons de soleil, les premières mouches commencent à apparaître. Si aucune action n'est réalisée immédiatement, les tentatives de régulation en cours de saison auront peu de chance de réussite : c'est l'invasion assurée !
 Contre les mouches : commencer la lutte tôt et combiner les outils


Avant d'envisager les traitements, la prévention tient un rôle majeur. Elle passe d'abord par une bonne hygiène des locaux, un bâtiment et ses abords propres, secs et sans eau stagnante limitant considérablement les lieux de prolifération des mouches. L'hygiène est donc capitale et améliorera l'efficacité des traitements. Au niveau des abords, il faut veiller à la propreté des silos d'ensilage et à l'évacuation des fumiers avec une mise en tas éloignée des bâtiments et des habitations (idéalement à plus de 500 m). Le compostage des fumiers, avec l'élévation de la température à plus de 45°C, inhibera le développement des larves. L'hygiène dans les nurseries doit être redoublée car les résidus de lait sont fréquents. Les mouches vont pondre sous les caillebotis, dans les grilles d'évacuation des jus, sous les portes seaux... Le bâtiment doit ventiler au maximum pour assécher et créer un courant d'air qui déplaît aux mouches. A savoir qu'en agriculture biologique, la lutte chimique n'est pas conforme au cahier des charges. Seules la prévention et l'hygiène feront baisser la population de mouches.

Intervenir très tôt, quelle que soit la méthode de lutte

La reproduction de la mouche accélère avec la hausse de la température. Les mouches commencent la ponte très tôt, dès fin mars-début avril. Les larves vivent et se nourrissent de la matière organique sur laquelle elles ont été déposées (fumier, déchets laitiers, cadavres...). Les larves évoluent en adulte dès que la température dépasse les 13°C. A 16°C, le cycle de la mouche domestique est de 50 jours, et chute à 8-12 jours à une température de 25-30°C. Les adultes vivent environ 2 à 3 semaines en été, et jusqu'à 2 mois en hiver. Une mouche va pondre entre 600 et 2 000 œufs au cours de sa vie. D'où l'intérêt d'agir sur les premières larves de mouches bien avant leur apparition massive en été. Enfin, il est illusoire de croire en l'efficacité d'un traitement réalisé en été très ponctuellement. Une lutte réussie contre les mouches doit être anticipée, se commence tôt, et s'inscrit dans la durée.

La destruction des larves

Il est donc plus efficace et rationnel d'agir tôt. L'idéal est de commencer le traitement dès le début du printemps en appliquant un larvicide sur les lieux de ponte, principalement dans les zones les moins piétinées par les animaux : abords des abreuvoirs, des mangeoires, le long des murs, autour des poteaux.
La fumière, la fosse et tous les endroits de développement possible des larves ne doivent pas être oubliés. Cette action permettra de détruire un maximum de larves et de futures mouches. La population visible de mouches adultes ne représente que 20 % de la population totale.

Le contrôle des mouches adulte dans les bâtiments

L’hygiène doit être redoublée dans les nurseries car les résidus de lait sont fréquents.

 

Traiter avec un adulticide toutes les surfaces (plafonds, parois) et de renouveler le traitement tous les trois à six semaines en fonction de la concentration des mouches et les insecticides utilisés. Le traitement des mouches adultes peut se faire en pulvérisation, ou de façon plus efficace et localisée avec des insecticides sous forme de badigeon, à appliquer au pinceau sur les surfaces propres là où les mouches se posent (ex. : couvercles de seaux accrochés aux poteaux, ...).
Il existe des solutions mécaniques ou physiques qui permettent de capturer dès le printemps les mouches qui ont survécu à l'hiver. Leur efficacité reste limitée en période d'infestation massive. Dans les locaux propres et de taille réduite, on peut utiliser un destructeur électrique d'insectes volants (DEIV). Attirées par la lumière du néon (qu'il convient de remplacer tous les ans), les mouches sont électrocutées. En salle de traite, un brassage d'air bien positionné permet d'avoir des vaches plus calmes. Pour bien fonctionner, le flux d'air doit souffler face aux vaches lorsqu'elles arrivent dans l'aire d'attente pour repousser les mouches. Dans un plan de lutte contre les mouches, il est important de traiter tous les facteurs de risque. L'éleveur doit traiter ces animaux contre les mouches par un antiparasitaire.

Audrey de Lescure
Farago Rhône, la filiale du GDS du Rhône

 

A retenir

- L’hygiène est la clé de la réussite d’une démarche de lutte contre les mouches.
- Il faut intervenir précocement et renouveler régulièrement les traitements.
- Réaliser un traitement ponctuel et tardif est illusoire.
- Traiter l’intérieur et l’extérieur du bâtiment (parois, plafonds, fumière, fosse à lisier…)
- Traiter les animaux.