ÉVÈNEMENT
Une rentrée syndicale sous le signe du prix

Le village de Civens (Loire) accueillait ce dimanche 29 août la finale régionale de labours. Après l’annulation l’an dernier du rendez-vous de l’agriculture en Auvergne-Rhône-Alpes, crise sanitaire oblige, le monde agricole a pris plaisir à se retrouver. Un moment festif qui sonne aussi la rentrée des forces syndicales autour d’un enjeu majeur, celui du prix, qui conditionne plus que jamais l’attractivité d’un secteur qui peine à renouveler.

Une rentrée syndicale sous le signe du prix
« En plaine terre » a rassemblé plus de 3000 visiteurs sur le week-end. Le samedi étant consacré à la finale départementale des laboureurs de la Loire, place le dimanche, aux épreuves régionales qualificatives pour la finale nationale de labours, qui se déroulera du 10 au 12 septembre à Corbières (Alpes-de-Haute-Provence). ©SD

Ce dimanche 29 août, le soleil était au rendez-vous sur la plaine ligérienne. L’édition 2021 de la finale régionale de labours, baptisée « En plaine terre » et organisée par les Jeunes agriculteurs d’Auvergne-Rhône-Alpes, a rassemblé plus de 3000 visiteurs sur le week-end. Le samedi étant consacré à la finale départementale des laboureurs de la Loire, place le dimanche, aux épreuves régionales qualificatives pour la finale nationale, qui se déroulera, elle, lors des Terres de Jim, du 10 au 12 septembre à Corbières (Alpes-de-Haute-Provence).

Après une année 2020 qui a contraint à l’annulation de nombreux événements agricoles, l’ambiance était aux retrouvailles et à la convivialité. Le moment, aussi festif soit-il, marque aussi la rentrée des forces syndicales. Le ton a été donné par Nicolas Lenoir, président des JA de la Loire. Saluant le travail de l’équipe organisatrice pour monter un événement sur plus de 20 hectares dans un contexte sanitaire incertain, il a d’abord insisté sur son rôle promotionnel, pour « mettre en valeur les agricultrices et les agriculteurs en général qui sont là pour témoigner de leur passion envers leur métier auprès de leurs concitoyens ». Une démarche d’autant plus importante alors que l’agriculture a du mal à renouveler ses effectifs, « notre priorité chez JA », a-t-il rappelé. 

L’attractivité passera par le prix

« Nous savons aujourd’hui que sur notre département, pour trois départs, il y a deux installations. Si nous voulons garder cette dynamique sur notre territoire, il faut redonner de l’attractivité à notre métier et celle-ci ne passera que par le prix », a déclaré Nicolas Lenoir. En ligne de mire, les négociations pour la future Politique agricole commune (Pac), « très importantes » pour la région Aura, et la loi Egalim (issue des Etats généraux de l'alimentation, ndlr), dont « nous sommes toujours dans l’attente » de son application. « Je vais être clair, si la loi n’aboutit pas, demain JA n’accompagnera plus personne à l’installation, car il n’y aura plus de candidats », a appuyé le syndicaliste.

Des propos confirmés par le président de JA Aura, Pierre Picard, et complétés par Gérard Gallot, président de la FDSEA de la Loire et 2e vice-président de la FRSEA Aura. « On a su faire une belle mobilisation à Lyon et à Clermont (le 25 mars 2021, ndlr), sur la Pac et sur Egalim, et on a été plutôt entendus », a déclaré le responsable ligérien, ajoutant cependant que « si on veut garder de l’agriculture demain, il va falloir que l’on ait une Pac qui prenne en compte l’actif agricole ». 

Hausse des charges, baisse des revenus

Côté prix à la production, il y a urgence, a également insisté Gérard Gallot. Les charges ont augmenté dans les exploitations mais « la revalorisation des prix de nos produits » n’a pas suivi, car « la loi Egalim n’est pas appliquée », a-t-il clamé. S’adressant aux élus, mais aussi aux représentants des entreprises de l’aval présents ce 29 août, « on compte sur eux pour l’application de cette loi », a lancé Gérard Gallot. Très inquiet de la situation économique dans les filières bovins lait et bovins viande, « on ne doit pas lâcher sur ce sujet », a-t-il conclu. « Pas de pays sans paysans », a embrayé le président de la chambre d’agriculture de la Loire, Raymond Vial. Confirmant la priorité de retrouver du prix pour les agriculteurs, il s’est lui inquiété du manque de main-d’œuvre agricole : « il faut convaincre les jeunes de venir travailler dans les exploitations, sinon ce sera compliqué en zones d’élevage de garder des agriculteurs. » 

L’autre défi : la transition écologique

L’autre sujet du moment et défi pour le monde agricole est celui de « la transition écologique et de l’adaptation au réchauffement climatique », a également pointé Nicolas Lenoir. Après un été pluvieux sur l’hexagone, alors que d’autres parties du monde étaient la proie des flammes ou des records de chaleur, tous les responsables avaient en tête l’épisode de gel du printemps. C’est un sujet sur lequel la chambre régionale d’agriculture et la Région travaillent ensemble, a rappelé le président de l’entité consulaire d’Aura, Gilbert Guignand. Sur l’enjeu climatique, les responsables ont également interpellé l’administration, l’appelant, tantôt à « déverrouiller les obstacles » sur les questions liées à la gestion de l’eau notamment, tantôt à faire confiance « au bon sens paysan et à ses connaissances agronomiques », sans avoir besoin d’ajouter sans cesse des contraintes environnementales. « Nous aimons notre territoire, Nous avons tout intérêt à le préserver pour pouvoir le transmettre à nos enfants comme ont pu le faire les générations précédentes », a tout simplement soufflé le président des JA de la Loire.

Sébastien Duperay