RAPACES
Ces oiseaux qui dansent au-dessus des tracteurs

Ces oiseaux qui dansent  au-dessus des tracteurs

Très présents à proximité des prairies au moment des foins, les Milan profitent du passage des engins pour débusquer leurs proies.
A cette époque de fenaison, on peut admirer au-dessus des faucheuses, des faneuses et autres andaineurs de très grands oiseaux qui planent sans effort. Ce sont dans bien des cas des Milan. En provenance du sud de l'Espagne, de l'Afrique du Nord, ils ont rejoint nos campagnes au début du printemps.
On peut voir évoluer deux types de Milan. Le noir qui contrairement à ce que son nom laisse penser, est marron avec une tête aux tons clairs striés de noir. Il se reconnaît grâce à sa queue légèrement échancrée. Un peu plus grand qu'une buse, il effectue des vols lents, d'envergure, sans avoir à bouger ses ailes coudées. « Pas très rapide, ce n'est pas un oiseau capable d'attraper des animaux vivants » précise Serge Jacques ornithologue passionné, ancien agent technique de l'ex-Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, aujourd'hui Office français de la biodiversité. « Très présent, dans la vallée de l'Ain, le Val de Saône, le milan noir se nourrit de poissons morts. En période de foins, il guette à l'aplomb des tracteurs les rongeurs blessés ou morts ».

 

Le milan royal à un plumage clair sur la tête son corps est brun-roux rayé de noir.

Campagnols, taupes, jeunes corvidés

Egalement très présent dans notre région, son cousin le Milan royal plus grand et plus lourd possède une longue queue rousse triangulaire, très échancrée. Sa tête est claire, son plumage brun-roux rayé de noir. Ses ailes tricolores sur le dessus, sont parées de taches blanches en dessous. Ce grand rapace qui peut atteindre 1,65 m d'envergure se plait à planer de façon nonchalante au-dessus des grandes étendues cultivées. Il observe avec attention les mouvements au sol. Contrairement à son cousin, il n'affectionne pas particulièrement les zones humides. Ce chasseur opportuniste, qui tournoie au-dessus des engins agricoles, possède un régime alimentaire très varié. Il se nourrit essentiellement de micromammifères, comme les campagnols des champs, les taupes. Il mange également des oiseaux, des jeunes corvidés, des invertébrés (lombrics, insectes). C'est aussi un charognard que l'on retrouve aux abords des décharges.

On les observe aussi en ville

Ces deux rapaces diurnes viennent se joindre aux autres populations plus ou moins sédentaires, telles que la buse que l'on peut observer tout au long de l'année poser sur les piquets, les poteaux ou les balles rondes après les foins. Notre campagne héberge aussi différentes espèces de faucons comme le hobereau, un petit faucon pèlerin migrateur. Ce prédateur au vol très rapide capture ses proies, des oiseaux, en plein vol. Son grand cousin, le Pèlerin est lui sédentaire. Il niche généralement dans les falaises. Il leur arrive aussi, si on leur aménage un espace, de coloniser des bâtiments : un couple est installé dans le clocher de Notre-Dame à Bourg-en-Bresse. Le petit spécimen de la famille, le crécerelle se repère à son vol stationnaire qui lui permet de repérer au sol, insectes et sauterelles.
On observe aussi la présence de l'épervier. Ce kamikaze se nourrit de passereaux, de merles de grives. L'Autour des Palombes, ressemble à un gros épervier au ventre moucheté, il est reconnaissable à son sourcil blanc. Très discret, ce chasseur de bas vol est un surdoué. Il est capable de poursuivre, des oiseaux, volant à leur poursuite entre les arbres, en sous bois en se dirigeant avec sa queue en guise de gouvernail.

M.B.

Rapaces et élevages de volailles

L’enquête Poulet, Haie, Carnivores, Risques environnementaux, Mortalité (PoulHaieCREM)* a été réalisée début 2018. Son aire d’étude comprend 16 communes (350 Km2) situées aux confins du département de l’Ain et de la Saône et Loire. Zone qui présente la plus forte densité d’élevage (36 exploitations soit 21,6% des exploitations AOP). Une trentaine d’éleveurs de volailles de Bresse ont pris part à cette étude. Elle a permis de mettre en évidence la prédation que peuvent subir les élevages de volailles qui sont en liberté sur de longues périodes. Selon les éleveurs, elle peut atteindre 30% de la production annuelle. Les prédateurs les plus souvent cités sont la corneille noire (4,36%) pour les jeunes volailles ainsi que la buse variable et l’Autour des palombes (4,02%).
« Nous subissons des attaques, particulièrement nombreuses durant le printemps. Elles sont le fait des corvidés et également des Buses, des Autours des palombes » indique Jean-Michel Sibelle, éleveur à Curtafond et vice-président du Comité interprofessionnel de la volaille de Bresse (CIVB). « Pour tenter de réduire l’impact, nous piégeons les corvidés. Quant aux rapaces qui sont protégés, nous tentons de les effaroucher avec des imitations de cris de leurs prédateurs, avec des girouettes, des épouvantails… Il faut faire preuve d’imagination et les surprendre en changeant nos procédés, car ils s’y habituent très vite ». Pour sa part, Olivier Joly éleveur de volailles de Bresse installé récemment à Treffort, prévoit de planter des arbustes dans ses parcours. « Mes volailles pourront ainsi se mettre à l’abri des oiseaux prédateurs ».
*Programme mené par les organismes de recherche et de gestion de la faune sauvage, de la filière avicole, associations et acteurs de l’aménagement et de la gestion du territoire, éleveurs, chasseurs et piégeurs de l’Ain et la Saône et Loire ont pris part à ce programme.