RECYCLAGE
Quand la REUT coule de source

Réutiliser les eaux usées pour économiser l’eau douce est une démarche en pleine expansion appelée « REUT » pour réutilisation des eaux usées traitées. 

Quand la REUT coule de source
L'Inrae expérimente la réutilisation des eaux usées traitées pour irriguer diverses cultures et en évalue les impacts agronomiques, sanitaires et environnementaux. ©Inrae

Dans un contexte où les périodes de sécheresse sont de plus en plus répétées, Veolia tente de développer la réutilisation des eaux usées en répondant à des besoins agricoles. Les solutions du groupe en matière de traitement de l’eau, d’affinage, de désinfection et de dépollution sont déjà mises en œuvre et sont associées à des systèmes innovants et intelligents pour déterminer au plus près les besoins d’irrigation des cultures.
Les scientifiques tentent de lever les doutes
Ces démarches de REUT sont suivies de près par les organismes de recherche afin d’évaluer les impacts agronomiques, sanitaires et environnementaux. C’est le cas de l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) qui a implanté une plateforme scientifique sur la station d’épuration de Murviel-lès-Montpellier dans l’Hérault depuis 2017. Le but est de réutiliser les eaux usées pour des applications agricoles. « Contrairement à de l’eau claire, les eaux usées traitées contiennent encore des nutriments. L’agriculteur pourra alors réduire ses apports d’engrais », explique Nassim Ait Mouheb, chercheur à l’Inrae Montpellier et coordinateur du projet. Pour le traitement des eaux, un bioréacteur à membrane permet de séparer l’eau traitée des flocs bactériens. « Sur cette plateforme scientifique, des expérimentations sont conduites sur des productions maraîchères dans des bacs hors-sol, ainsi que sur une parcelle de vigne et de luzerne d’environ 5 000 m2. Nous procédons à un suivi de la salinité du sol, nous mesurons également la teneur en pathogènes et en polluants émergents. Une observation est également menée autour de l’impact sur les plantes mais aussi sur le rendement », détaille le chercheur.

Des effluents de jus de fruit pour l’irrigation

La société Refresco, leader de l’embouteillage de boissons, se lance dans la création d’une station pour valoriser les effluents de jus de fruits dans la Drôme. Cette opération s’inscrit dans un programme nommé Omega (Resfresc O’ Margès Eau Gaz Avenir) et devrait voir le jour d’ici 2023. Un investissement à hauteur de 7 millions d’euros subventionné pour 2 millions d’euros par l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. « Cette station d’épuration va prendre place à proximité de l’usine de Margès dans la Drôme en lieu et place de la lagune actuelle utilisée pour l’épandage, un système qui a atteint ces limites aujourd’hui », explique Anaïs Ledeventec, chargée de communication. Cette installation aura la capacité de traiter et d’épurer plus de 360 000 m3 chaque année. Une fois épurées, les eaux serviront à l’irrigation des parcelles agricoles des agriculteurs de la commune.

Baptiste Vlaj