VARIETES ANCIENNES
Graines de l’Ain inaugure sa nouvelle meunerie

Patricia Flochon
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Blés, seigle et petit épeautre, une mouture de la farine sur meule de pierre, un pain de qualité… la filière Graines de l’Ain, bio et locale, inaugure une nouvelle meunerie à Saint-André-sur-Vieux-Jonc.

Graines de l’Ain inaugure sa nouvelle meunerie
Un public de consommateurs, agriculteurs et élus locaux lors de l’inauguration le 9 mars dernier. Photo/PF

Farines de blés anciens, seigle et petit épeautre. Du bio, du local, sans additifs ni gluten ajoutés. Les farines de Graines de l’Ain sont le fruit d’un travail de sélection paysanne de céréales anciennes mené par un collectif aindinois de six paysans passionnés et convaincus par la démarche. Samedi 9 mars, rendez-vous était donné chez Cédric Mercier, agriculteur à Saint-André-sur-Vieux-Jonc et désormais meunier pour la filière Graines de l’Ain. Un public nombreux d’agriculteurs, consommateurs et élus ont répondu présent à l’inauguration de la nouvelle meunerie, accueillis par Jean-Philippe Clair, président du collectif. Son message s’est voulu d’emblée percutant : « Notre monde va mal. Il ne tourne plus rond. La mondialisation est à son œuvre. Le modèle du toujours plus que prônent certains montre ses limites. » Ajoutant dans la foulée : « La particularité des céréales anciennes ou variétés de pays est qu’elles possèdent une grande diversité génétique qui les rend adaptables aux terroirs, aux pratiques paysannes ainsi qu’aux changements climatiques. Elles font partie d’un patrimoine qu’il nous faut conserver. Produire, transformer et consommer localement, tel est le sens de notre démarche. »

Et Xavier Fromont, membre du collectif depuis son origine, de soulever une question majeure pour la filière : « Nous travaillons sur les semences paysannes autour de deux enjeux : notre métier, et le droit de ressemer ces semences et la sélection. Un combat important a été mené au niveau européen. Depuis 2001 la réglementation est très stricte concernant les OGM sur la traçabilité, l’étiquetage pour le consommateur, etc. Quatre grandes firmes détiennent aujourd’hui les semences dans le monde. Sont apparus de nouveaux OGM *. Ces firmes vont trouver là l’opportunité de breveter une partie des gènes. Et si on la retrouve dans une autre variété, y compris une variété ancienne, cela rendrait du coup impossible la sélection paysanne ou le ressemis ! » En chiffres, la filières Graines de l’Ain, ce sont : 55 ha de blés anciens semés en 2022, 6 ha de seigle, 18 ha de petit épeautre, et 87 tonnes de blé récoltées en 2023. Concernant la farine, la mouture sur meule de pierre est primordiale pour Graines de l’Ain. Elle permet de « poncer » le grain sans le chauffer ni l’écraser : « Cette action permet d’incorporer des particules de son et de germe dans la farine, ce qui l’enrichit nettement en minéraux et micronutriments. » Au final, Graines de l’Ain revendique de fabrique des « farines nutritivement et gustativement plus riches, mieux assimilées par l’organisme, pour un pain ou des recettes de qualité ».

* Baptisés les nouveaux OGM, les NGT (New Genomic Techniques) sont produits en désactivant un gène ou en transférant des gènes d’une même espèce (mutagénèse et cisgénèse). Des « ciseaux moléculaires » permettent de découper et modifier des morceaux d’ADN.