Foncier
Une « hausse maîtrisée » des prix

Derrière des prix relativement stables en moyenne, le marché du foncier agricole 2023 a été marqué par les divergences de dynamiques entre les filières, particulièrement en vignes. La FNSafer note aussi un ralentissement de l’urbanisation.

Une « hausse maîtrisée » des prix
En vigne, la progression des prix moyens des vignes AOP (+ 1,5 %) masque de fortes disparités. ©SD-Apasec

Le marché du foncier agricole a connu une « hausse maîtrisée » des prix en 2023, a commenté le président de la FNSafer, Emmanuel Hyest, à l’occasion de la présentation annuelle de son observatoire, le 22 mai. Les prix des terres et prés libres ont augmenté de 1,5 % (à 6 200 €/ha), tout comme les prix des terres et prés loués (+ 1,4 %, à 5 120 €/ha). L’année est marquée par des trajectoires très différentes selon les productions ou les bassins. Par exemple, en zones de grandes cultures, les prix des terres et prés libres augmentent de 4,8 % (en lien probable avec les prix des céréales en 2022), alors qu’ils baissent en zones d’élevage bovins – la dynamique est inverse pour les prés loués. De même, en vigne, la progression des prix moyens des vignes AOP (+ 1,5 %) masque de fortes disparités. Elles sont d’abord géographiques, avec la poursuite d’un décrochage du grand quart Sud-ouest, amorcé en 2022 (-4,3 % en Bordeaux-Aquitaine,
-3,1 % en Languedoc-Roussillon) et une dynamique dans certaines régions septentrionales (+ 8 % en Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura, + 4,1 % en Alsace-Est). Dans les terres les plus chères, les vignes à eaux-de-vie AOP (cognac, armagnac) reculent pour la première fois depuis 2001 (-6,4 %). En champagne, le prix se redresse pour la deuxième année (+ 2,3 %). La FNSafer souligne aussi que ces prix moyens sont portés par quelques ventes exceptionnelles de domaines prestigieux.

« Plancher inédit » pour l’urbanisation

Autre constat marquant : le ralentissement de l’urbanisation. Après un pic en 2021, et un niveau moyen en 2022, les ventes de biens à usage ou vocation agricoles en vue d’être urbanisés ont de nouveau fortement reculé en 2023, atteignant « un plancher inédit », constate la FNSafer. La fédération évoque l’effet du ralentissement du marché immobilier, en lien avec la hausse des taux d’intérêt ces dernières années, davantage que celui des politiques de zéro artificialisation nette du gouvernement, encore trop récentes dans leur mise en œuvre. Dans le détail, la surface concernée a diminué de 29 % sur un an pour atteindre 12 900 ha en 2023. Un niveau qui n’avait pas été aussi bas depuis 2004, grimpant entre-temps jusqu’à plus de 40 000 ha en 2007, voire 50 000 ha en 2021. Selon les données du Cerema, qui observe l’urbanisation effective (moins volatile que le marché), l’artificialisation des sols avait cessé d’accélérer en 2022. La FNSafer a de nouveau souligné l’expansion de la « consommation masquée » de foncier, autour de 17 200 ha en 2022. L’atonie du marché immobilier s’est matérialisée dans les prix des « maisons à la campagne », dont le lot se négocie en moyenne autour de 202 000 € en 2023
 (-4,1 %).

M. R.