ARBORICULTURE
Le plan régional de la filière fruits est signé

Résilience, compétitivité et revalorisation font du plan régional de la filière fruits un atout pour l’avenir. La signature du plan le 20 avril entre la Région, le comité stratégique fruits et la chambre d’agriculture régionale engage la filière vers une évolution prochaine.

Le plan régional de la filière fruits est signé
La signature du plan régional filière fruits a eu lieu à la coopérative Sicoly (Rhône). ©IAR

C’est dans les locaux de la coopérative fruitière Sicoly de Saint-Laurent-d’Agny que la signature du plan fruits régional a eu lieu le 20 avril dernier. Pour les cinq prochaines années, la Région Auvergne-Rhône-Alpes soutient la filière selon plusieurs axes d’intervention. Avec plus de trois millions d’euros de budget de 2023 à 2027, « le cap est ambitieux et on y consacre les moyens », a rapporté Fabrice Pannekoucke, vice-président délégué à l’agriculture et aux espaces valléens à la Région.

Un plan coconstruit

Déjà en 2017, le comité stratégique fruits (CSF), qui représente tous les acteurs de la filière du producteur au négociant en passant par les coopératives, les syndicats, les chambres d’agriculture etc., avait participé à l’élaboration du plan fruits. Rebelotte cette année. Gilbert Chavas, président du CSF de la chambre d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes, est revenu sur l’élaboration du plan 2023-2027. « C’est le troisième plan que je vais signer avec la Région et sûrement le dernier avant ma retraite… Merci à tous ceux qui y ont participé. » Ce plan de filière soutient plusieurs enjeux dont le renforcement de la résilience des exploitations face aux changements climatiques, l’anticipation de la transition écologique, la consolidation de la compétitivité des exploitations et des entreprises favorisant des démarches de qualité, la revalorisation des fruits produits dans la région et l’attractivité de la filière et de ses métiers. Plusieurs actions soutenues marquent une transition pour le verger. « La géographie fait l’histoire, nous sommes une région avec des identités marquées par la diversité des hommes et des cultures qui les animent », a indiqué Gilbert Chavas.

Adapter l’agriculture à demain

Pour donner à voir ce que pourrait être le verger du futur, une visite du verger expérimental de Saint-Laurent-d’Agny (Rhône) a eu lieu en amont de la signature. Financé par l’Afrel, Sicoly, Califruit et Fruits plus, ce verger bénéficie du soutien des chambres d’agriculture du Rhône et de la Loire ainsi que certaines collectivités publiques. « Implantée en 2017, année charnière pour la cerise, cette station d’expérimentation a pour objectif d’anticiper un nouveau type de verger pour les producteurs voulant s’implanter », a rappelé Christophe Gratadour, responsable d’équipe arboriculture à la chambre d’agriculture du Rhône. À 100 000 € l’hectare contre 10 000 € pour un verger traditionnel, pas de place pour les aléas climatiques ou les maladies. Divisé en deux, avec d’un côté une protection monorang (filets et bâches) et de l’autre une monoparcelle, l’exploitation permet d’alimenter des données locales sur trois modes de conduite différents. « Le seul moyen de lutte que l’on a contre la drosophila suzukii est physique, a expliqué Patrick Reynard, président de Sicoly et investi dans le projet. L’objectif est de tester différentes techniques et observer la viabilité de chacune. » Deux variétés, grace star et staccato, remplissent les rangs sur deux types de porte-greffe. « On a trois types de formes en test : en axe, palmette et KGB », a détaillé Noémie Darloy, conseillère arboriculture à la chambre d’agriculture du Rhône. En misant sur une stratégie bas intrants, deux types de protection et des variétés avec un potentiel de calibre important, le verger expérimental met l’accent sur l’optimisation de la qualité des fruits et une récolte en pleine maturité. Mais quelques surprises ponctuent l’analyse des données : « avec la fermeture des filets et des bâches qui se fait généralement au 15 mai, on modifie le climat du verger. C’est à prendre en compte dans le choix variétal. On a eu des pucerons en 2021 », a prévenu Christophe Gratadour. Côté irrigation, deux systèmes sont à l‘étude avec le projet Smharter : du goutte à goutte et de la micro-aspersion. « Le goutte à goutte se déclenche à l’aide de sondes tensiométriques, ce qui rend le système autonome et automatisé. Pour la micro-aspersion, c’est à déclenchement manuel. Pour les sondes, on détermine les seuils de mise en route, que l’on change en fonction des stades phénologiques », a précisé la technicienne. En testant différentes formes de conduite, les conseillers ont préconisé une forme adaptée à chaque exploitation. « Le choix des variétés dépend de la manière dont ils vont être protégés, la sélection variétale est très importante », a suggéré Christophe Gratadour.

Tous les acteurs de la filière concernés

À la coopérative Sicoly, la signature du plan s’est faite dans la salle de conditionnement. Pour l’occasion, une visite du frais et du surgelé a permis d’en apprendre plus sur une partie des métiers de la filière. « Pour cette journée, il était important de s’intéresser autant aux producteurs qu’aux négociants et coopératives. Le verger expérimental et la coopérative Sicoly illustrent parfaitement tous les enjeux et métiers de la filière », a confié Laurianne Girardet, chargée de missions végétales à la chambre d’agriculture régionale.

Charlotte Favarel

EN CHIFFRES

Le verger d'Auvergne-Rhône-Alpes

·      3 175 000 € de la Région pour la filière fruits 2023-2027

·      37 000 ha de vergers

·      6 000 exploitations dont 30 % en AB

·      30 % de la production en AOP ou IGP