ÉCONOMIE
Département : une politique affirmée en faveur de l’agriculture

Patricia Flochon
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Le Département maintient une politique forte en faveur des filières de production agricoles aindinoises. Un soutien renouvelé par le président Deguerry, lors de la conférence agricole organisée la semaine dernière à Thoiry. 

Département : une politique affirmée en faveur de l’agriculture
Le président Jean Deguerry, entouré de Joël Bourgeot, sous-préfet de l’arrondissement de Gex, Jean-Yves Flochon, vice-président du Département, Michel Joux, président de la Chambre d’agriculture, Adrien Bourlez, président de la CGA, et Gérard Paoli, président du Conseil du Léman. PHOTO/ PF

La traditionnelle conférence agricole, organisée chaque année en préambule de l’examen des demandes de soutien financier des différentes filières de production de l’Ain, s’est déroulée le 21 octobre dernier à Thoiry, « la plus grosse commune agricole du Pays de Gex avec plus de dix sièges d’exploitation », ainsi que le rappelait son maire, Muriel Benier. L’occasion pour le président du Département, Jean Deguerry, de rappeler la place prépondérante de l’agriculture dans l’Ain : « C’est un pan important de notre économie. L’agriculture représente 681 M€ de chiffre d’affaires et 32 000 emplois. Ce sont aussi quatorze produits labellisés. Depuis 2015, le Département la soutient chaque année à hauteur de 3,6 M€ ». Un département qui entend poursuivre sa politique autour de cinq axes majeurs : bien vivre en tant qu’agriculteur, assurer la maîtrise de l’eau et la préservation des sols (création de réserves, soutien aux systèmes d’irrigation collectifs, développement de nouvelles cultures…), intégrer les enjeux environnementaux en préservant la rentabilité (énergies renouvelables, etc.), développement de l’alimentation de proximité (la plateforme Agrilocal 01 est la 1e de France, avec 177 acheteurs et 218 fournisseurs), et favoriser le développement touristique via la promotion des produits locaux. À noter que l’aide du Département à l’investissement agricole atteint cette année 1,8 M€. Et le président Deguerry d’insister : « Si notre agriculture est si importante, c’est aussi parce qu’elle est innovante. Sachez que le Département est derrière vous ». 

Un pacte de confiance entre la société et les agriculteurs 

Et Michel Joux, le président de la Chambre d’agriculture de poursuivre, avec une formule qui lui est chère : « L’agriculture française est la plus belle du monde, il faut que l’on puisse continuer à produire des produits exceptionnels. Notre agriculture est légitime pour être soutenue aussi bien sur le plan politique que financier ». Tout en rappelant toutefois certaines « faiblesses » à ne pas négliger : « Une faiblesse de rentabilité, les prix n’étant pas à la hauteur de l’enjeu et surtout au-dessous du coût de production. Le dernier RGA (1) de 2020 et les chiffres de la balance commerciale font état d’une baisse de production et c’est inquiétant. Il faut des prix justes pour moderniser nos outils, à la hauteur des enjeux de demain, et faire vivre nos familles. Nous réclamons au président de la République un pacte de confiance entre la société et les agriculteurs ; ainsi que des indicateurs de progression pour continuer à installer des jeunes sur les territoires ». Des propos largement soutenus par Adrien Bourlez, président de la CGA (2) : « Agriculteurs, élus et collectivités… nous portons des valeurs fortes. On a la terre accrochée à nos chaussures. Volatilité de prix, guerre en Ukraine, crise énergétique… l’agriculture est touchée de plein fouet. Avoir des projections dans nos métiers est de plus en plus compliqué. Ce sont aussi les enjeux climatiques : gel, sécheresses, débat sur la gestion de l’eau… Un tiers des agriculteurs va arriver à la retraite ces cinq prochaines années. Le modèle est à construire avec les consommateurs. La gestion de l’eau ne peut pas reposer uniquement sur la profession agricole. C’est un enjeu culturel ». Des propos qui trouvent écho auprès de Joël Bourgeot, nouveau sous-préfet de l’arrondissement de  Gex : « L’eau mérite effectivement une vision plus globale et c’est le rôle de l’État et des collectivités d’être vigilants sur ce sujet. Je ne doute pas que la préfète soutient une qualité de dialogue avec la profession agricole ». 

Des enjeux transfrontaliers pour l’agriculture aindinoise 

Ainsi que le rappelait Jean-Yves Flochon, vice-président du Département délégué à l’agriculture, à la préservation de la biodiversité et des ressources et à l’environnement, l’organisation de cette conférence agricole à Thoiry « marque aussi la volonté du Département d’être présent sur tout le territoire ». Avec en toile de fond les enjeux liés au foncier agricole. « Les questions foncières, nous les partageons, car c’est parfois un secteur de tensions entre les collectivités. Deux sujets prennent de l’importance, le photovoltaïque et la compensation agricole, sur lesquels nous travaillons au sein de la CDPENAF (3). Concernant le photovoltaïque, l’engagement du Département au sein de la Sem Léa (4) est une avancée importante. Nous sommes ouverts aux préoccupations de la profession agricole ; avec un frein très net notamment sur l’implantation de panneaux photovoltaïques sur les étangs de la Dombes ». Cent-vingt exploitations agricoles sont installées dans le Pays de Gex (dont 18 % pratiquent la vente directe). Adrien Bourlez, également président de l’ULCA (Union lémanique des chambres d’agriculture), soulignait toute l’importance de maintenir l’élevage, tant au niveau économique qu’environnemental (conservation de paysages ouverts, anticipation contre les feux de forêts…). Véronique Baude, vice-présidente du Département, 1er adjointe à la mairie de Divonne-les-Bains, témoigne quant à elle de la dynamique du dialogue entre collectivités et profession agricole, qui s’illustre entre autres par : « la mise en place de rencontres avec les agriculteurs à Divonne, la nécessité de conciliation entre les projets touristiques et les enjeux d’usage, ainsi que deux projets de retenues collinaires en préparation ». En conclusion, Adrien Bourlez souligne : « On ne peut plus prendre sur l’agriculture pour développer les territoires. L’alimentation passe par un modèle de consommation et de distribution qui doit tenir compte de l’environnement global. L’agriculture ne doit plus être la variable d’ajustement du développement des territoires ».  

(1) Recensement général agricole. 
(2) Confédération générale agricole. 
(3) Commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers. 
(4) Société d’économie mixte Les Energies de l’Ain).