SÉCHERESSE
Des pêches de sauvetage pour déplacer le poisson

Margaux Legras-Maillet
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Alors que les débits des cours d’eau n’ont cessé de baisser ces dernières semaines et que certaines rivières sont à sec, la fédération de la pêche a multiplié les pêches de sauvetage. Point de situation avec Nikola Mandic, le président de la fédération de l’Ain

Des pêches de sauvetage pour déplacer le poisson
Nikola Mandic, président de la fédération de pêche de l’Ain. Photo/DR

Qu’en est-il de l’état des rivières dans l’Ain et comment réagit le poisson ? 
Nikola Mandic : « C’est très compliqué, notamment dans le massif du Bugey, beaucoup de rivières sont complètement à sec. Nous avons effectué de nombreuses pêches de sauvetage. 100 % des effectifs de la fédération ont été mobilisés, ainsi que des bénévoles des AAPPMA (1). Cela fait trois mois que l’on est en déficit hydrique et depuis un mois que l’on fait quasiment une pêche de sauvetage toutes les semaines. »
 
Comment se déroulent ces pêches en pratique ?
N.M. : « On utilise un équipement électrique qui crée un courant qui va attirer les poissons. On les sauve à l’épuisette et ensuite on les déplace à l’amont des cours d’eau, là où il y a encore de l’eau. Plusieurs centaines de milliers de poissons ont ainsi été sauvés, majoritairement des truites, ombre commun, vairon, goujon, chevesne…, cela nous tient vraiment à cœur. Ils ont une valeur biologique inestimable car ce sont des poissons sauvages. »

Comment les pêcheurs ont-ils adapté leurs habitudes de pêche face à cette canicule ? 
N.M. « Sur toutes les rivières à truites et à ombres, les pêcheurs ont naturellement arrêté de pêcher. À la fédération, on n’interdit pas aux gens de pêcher. Par contre on a des secteurs où ça se passe plutôt bien pour la pêche de la carpe et des carnassiers dans les barrages où les poissons restent assez actifs. Il faut s’orienter sur les lacs et les gravières. Ce qui est inacceptable, c’est que l’on vient de recevoir un mail du ministère de l’environnement qui interdit le tir des cormorans en rivières et en lacs à la rentrée. C’est une décision arbitraire et prise sans consultation. Les pêcheurs sont fous de rage et s’il faut faire des manifestations on n’hésitera pas… ».
 
(1) Association agréée pour la pêche et la protection du milieu aquatique.
 
Patricia Flochon

Situation dans les étangs de la Dombes

Stéphane Mérieux, président du syndicat des étangs de la Dombes explique : « Heureusement que les étangs étaient pleins fin avril – début mai. Même si le niveau d’eau a beaucoup baissé, on considère qu’aujourd’hui il n’y a pas de quoi paniquer. Par contre on est sur le fil rouge car l’eau est montée très haut en température ; on a dépassé les 30°C. Il y a eu de la casse sur les carnassiers et les blancs. Soit entre 10 et 20 % de pertes annoncées par la coopérative. C’est beaucoup, mais ça n’a rien à voir avec les années précédentes. On devrait être tiré d’affaire au 15 septembre, par contre ça peut basculer du jour au lendemain en cas de gros orages et de grosses pertes d’oxygène ». Interrogé sur les conséquences des chaleurs extrêmes sur le développement des plantes invasives, il se veut rassurant : « Les plantes invasives se développent surtout lorsque le niveau d’eau baisse. Nous avons constaté un développement algal un peu fort, ce qui n’est pas un très gros problème tant qu’il reste maîtrisé ». 

Chasse : des mouvements d'animaux sans conséquences graves sur les cultures

Selon Gontran Bénier, président de la fédération des chasseurs de l’Ain, « Il faut nuancer selon que l’on se trouve en montagne ou en plaine. En Dombes par exemple, où il reste encore un peu d’eau, le gros gibier a trouvé refuge. Les animaux ont cherché l’humidité est sont restés à l’ombre dans les zones à couvert. Sur les zones de montagne, étant donné qu’il n’y a quasiment plus d’eau dans les massifs, les animaux se sont rabattus sur les cultures, mais ces dernières étant tellement peu fournies cela n’a pas causé de dégâts trop importants. Concernant le petit gibier, ça a l’air plutôt bon ». Concernant les risques d’incendie, le président de la fédération de la chasse précise : « Afin de prévenir au maximum les risques, madame la préfète a pris un arrêté interdisant l’accès, la circulation et le stationnement des véhicules motorisés sur les voies et chemins des massifs forestiers du 12 au 16 août. Certains maires ont pris l’initiative de prolonger ces interdictions, ce qui nous pose un petit problème car on ne sait pas comment on va limiter les dégâts de gibiers… ».