RESSOURCE EN EAU
Gestion de l’eau : comment la consommer de manière raisonnée

Ludivine Degenève
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Dans la continuité de la Conférence sur l’eau qui s’est déroulée le 25 avril dernier, les services de l’État et le Conseil départemental ont réuni divers acteurs du territoire le 20 juin dernier à Péronnas.  L’objectif définir collectivement des pistes pour mieux économiser l’eau. En fin de journée, les chambres consulaires ont dressé une synthèse à la préfète et au président du Conseil départemental.

Gestion de l’eau : comment la consommer de manière raisonnée
Le président du Département et la préfète ont résumé les idées évoquées au cours de la journée, alors qu’ils n’ont pas assistés aux débats. PHOTO/ LD

Sur le papier cette journée d’ateliers devait s’annoncer fructueuse de solutions pour mieux économiser l’eau. À l’initiative des services de l’État et du Conseil départemental, plusieurs acteurs du département se sont réunis autour de la table tout une journée. Au total, pas moins de 200 personnes.
Huit thématiques autour de l’eau ont été abordées en groupes de travail : éducation et communication, utilisation des fonds publics, préservation des milieux, ses différents usages (commerciaux et industriels, agricoles, domestiques et des collectivités publiques). L’objectif, permettre « d’approfondir les actions conduites par l’État, les collectivités territoriales et des acteurs privés du département. » « L’idée c’est de préserver l’eau tout en la consommant, mais le plus intelligemment possible », explique Jean Deguerry, président du Département.
À l’issue de cette journée, différentes réponses ont été rapportées auprès de Chantal Mauchet, préfète de l’Ain, et Jean Deguerry par les trois chambres consulaires. L’idée, rappeler que l’eau est un bien commun et que sa consommation doit être réfléchie collectivement.
Côté agricole, des élus des collectivités dont des maires, des représentants de la Chambre d’agriculture et de syndicats et d’associations agricoles et environnementales étaient présents. Plusieurs propositions ont été évoquées en groupes de travail sur la consommation de l’eau par l’agriculture : rendre accessible la connaissance agricole, favoriser l’élevage extensif, mettre en place une unité de stockage de l’eau, et mettre en place de nouvelles cultures économes. Malgré certaines distorsions au sein des groupes de travail, c’est finalement la dernière proposition qui a été retenue et remontée auprès de la préfecture et du Conseil départemental.
 
« On ne cultive pas sans eau »
 
 « Il n’est pas question d’interdire aux agriculteurs de consommer de l’eau, insiste le président du Conseil départemental. Aujourd’hui la sensibilisation, c’est sur la sobriété, qu’on soit particulier, industriel, ou agriculteur. Des actions ont déjà été mises en place. On discute avec mon vice-président en charge de l’agriculture, la Chambre d’agriculture sur les projets pour récupérer l’eau de pluie et mieux l’utiliser par la suite. Cela existe déjà, mais comment le faire à bon escient ? Ce qu’on peut faire chacun chez soi, on peut le faire à plus grande échelle, au service de l’agriculture, qui elle consomme de l’eau au service de la population. Si on veut avoir une souveraineté alimentaire, il faut s’en donner les moyens. On ne cultive pas sans eau. » 
Et Gaëtan Richard, élu à la Chambre d’agriculture d’ajouter : « Il y a des expérimentations qui se font sur les nouvelles cultures, on nous dit de changer de cultures, mais avant cela, il faut déjà savoir si elles sont adaptées à notre milieu. Deuxièmement, est ce qu’on a la transformation adéquate sur notre département. S’il faut l’envoyer se faire transformer loin et revenir, en bilan carbone ce serait pire. Enfin, est ce que nos citoyens sont prêt à les manger [les nouvelles cultures, NDLR]. » Selon le ministère de la Transition écologique, 58 % de l’eau est consommée par l’agriculture, mais « ce n’est pas l’agriculteur qui boit plus que les autres, c’est une production qui est faite pour l’alimentation, et c’est l’ensemble de la population qui consomme cette eau », ajoute l’élu et exploitant agricole.
 
« Il n’y a pas que l’agriculture et l’industrie qui consomment de l’eau »
 
D’autres sujets ont également été abordés, car « il n’y a pas que l’agriculture et l’industrie qui consomment de l’eau, c’est tout le monde, c’est chacun », souligne Jean Deguerry. À commencer par l’usage domestique de l’eau. Les propositions de pistes à explorer ont fusé :  repenser la plantation dans les espaces publics, transformer les toilettes publiques en toilettes sèches, récupérer les eaux pluviales ou encore favoriser l’infiltration des eaux pluviales. « C’est un travail considérable que vous avez fait. Pour cette journée, les échanges ont été là, forts, et nombreux. Les objectifs ont été atteints. Les services de l’État sont prêts à se mobiliser pour instruire ses idées, avoir des interlocuteurs, et avoir des échanges, explique la préfète, bien qu’elle et Jean Deguerry n’aient pas assisté aux débats de la journée. La gestion de l’eau est une prise de conscience collective qu’il faut avoir dès le plus jeune âge. Il faut que nous arrivions à monter une pédagogie sur l’eau dès le collège. On va peut-être inverser le système d’éducation, parce que ça va être les enfants qui vont apprendre à leurs parents comment faire des éco-gestes. »
Si elle n’a pas assisté aux débats, la préfète de l’Ain promet de faire « remonter ces propositions au gouvernement ». Et le président du Département de terminer : « Reste à savoir comment on les met en place, avec qui, et dans quel ordre de priorité. »