VITICULTURE
Les caves coopératives entre nouveaux efforts et nouvelles distorsions

Lors de leur congrès à Marciac le 27 juin, les caves coopératives se sont engagées, aux côtés de la confédération des vins IGP, à développer la HVE et le bio. Mais elles ont alerté le ministre de l’Agriculture sur la pression croissante des distorsions de concurrence.
Les caves coopératives entre nouveaux efforts et nouvelles distorsions

Réduire l'emploi des pesticides et affronter une concurrence extérieure plus pressante. Une partie importante du congrès de la section viti-vinicole de Coop de France à Marciac a porté sur ces deux défis à affronter en même temps. Boris Calmette, président des Vignerons coopérateurs de France (VCF) a sonné l'alarme : « Nous devons être clairs : nous faisons des efforts et nous en ferons encore, mais ces efforts ont un coût. Il ne peut pas y avoir de concurrence déloyale sur ces questions : le gouvernement doit entendre que les règles qui nous sont imposées doivent être les mêmes que celles qui s'appliquent à nos concurrents. » Le ministre de l'Agriculture est venu clore le congrès pour solenniser les efforts environnementaux des agriculteurs, et souligner la problématique des distorsions - la signature de l'accord avec le Mercosur était imminente. La venue d'un ministre de l'Agriculture à un congrès des VCF est peu fréquente. « Cela fait longtemps que nous n'avons pas eu cet honneur », a relevé Boris Calmette.

Caves coopératives et vignerons IGP s'engagent sur des objectifs environnementaux

Coop de France vignerons coopérateurs et la confédération des vins IGP ont signé conjointement, avec le ministre de l'Agriculture, un engagement pour emmener l'ensemble des caves et la grande majorité des adhérents vers deux certifications environnementales : la HVE (Haute valeur environnementale) et le bio. D'après cette convention, d'ici cinq ans, 100 % des coopératives devront être engagées dans la HVE de niveau 2 au minimum ou en agriculture biologique (dont 50 % des exploitations coopératives certifiées HVE ou bio). Côté IGP, 60 % des 75 IGP viticoles françaises devront intégrer au minimum dans leur cahier des charges une référence à l'obtention, pour les producteurs, d'une certification HVE de niveau 2. « Il faut sortir de la dépendance aux phytosanitaires. Nous ne laisserons aucun agriculteur au bord de la route », a déclaré Didier Guillaume, tout en pointant une « immense coupure entre la société et l'agriculture », lors d'un point presse à l'issue du congrès. « J'en ai marre d'entendre que des agriculteurs sont sortis de leurs tracteurs parce qu'ils traitent leurs champs. Corinne Le Quéré, la climatologue franco-canadienne, présidente du Haut conseil pour le climat, a rappelé hier que l'agriculture française est dans les clous environnementaux », a martelé le ministre.

Vigilance sur la concurrence déloyale

Dans son discours à l'issue du congrès, Didier Guillaume a souligné la position de la France : « Nous sommes très à cheval sur le dumping et la concurrence déloyale. Nous devons être vertueux, mais pas être des vertueux imbéciles, et le comble serait que nous importions des produits à cause de cela. » Pour le ministre de l'Agriculture, les distorsions de concurrence les plus importantes sont intra-européennes, tant avec les vins espagnols dans le Sud de la France qu'avec les salades allemandes en Alsace. « C'est pourquoi nous avons rétabli le TO-DE », pour réduire la différence de coûts sociaux. La question des distorsions est d'autant plus cruciale qu'elle gêne une nécessaire alliance entre pays viticoles dans l'UE. « Nous avons une stratégie d'alliance avec l'Espagne et l'Italie. Cette alliance est majeure pour nous. Nos eurodéputés n'agiront pour la viticulture que si l'axe Paris-Madrid-Rome est solide », a indiqué Anne Haller, directrice des VCF, lors d'un atelier sur les questions européennes.

M.N