CONJONCTURE
Marchés agricoles : pas de réelle reprise en vue

Même si la situation s’améliore peu à peu, le contexte économique global, mais aussi géopolitique et climatique, ne permet pas d’entrevoir de réelle reprise de consommation alimentaire dans les prochains mois, estime la Commission européenne

Marchés agricoles : pas de réelle reprise en vue
Malgré la diminution constante du cheptel de vaches laitières (- 0,5 %), l’offre de lait de l’UE devrait rester relativement stable en 2024. ©L_Page_Cniel

Malgré quelques évolutions positives, mais limitées, concernant les prix des intrants (énergie, engrais et aliments pour animaux), ceux-ci restent nettement supérieurs aux niveaux d’avant la Covid-19, constate la Commission européenne dans ses perspectives à court terme pour les marchés agricoles publiées le 3 mai. Et dans le même temps, les prix des denrées alimentaires sont toujours élevés, « ce qui, combiné à de faibles prévisions de croissance économique, limite les perspectives de reprise de la demande des consommateurs ». Sans oublier les nombreux événements climatiques extrêmes et facteurs économiques (taux d’intérêt toujours élevés, augmentation des coûts de main-d’œuvre) qui exercent une pression sur les marchés. Si l’indice des prix à la consommation alimentaire de l’UE s’est stabilisé depuis mars 2023, il a augmenté en moyenne de 43 % par rapport à 2015. Dans certains pays de l’UE, la hausse a été plus significative, comme en Pologne (+ 65 %), ou en Lituanie (+ 69 %), constate Bruxelles. Du côté de la production, celle-ci devrait augmenter de 3 % en 2024-2025 à 278,5 millions de tonnes principalement du fait de meilleurs rendements. Dans l’ensemble, les importations de céréales de l’UE en 2023-2024 (juillet 2023-juin 2024) pourraient rester supérieures de 17 % à la moyenne quinquennale. En outre, l’amélioration de la logistique du corridor de la mer Noire facilite les exportations de céréales ukrainiennes vers les marchés mondiaux et limite leur entrée dans l’UE. La production d’oléagineux et de protéagineux devrait, elle, aussi augmenter en 2024-2025 sous l’effet d’une hausse de la production de soja, de pois fourragers et de fèves.

Élevage : des changements structurels

Malgré la diminution constante du cheptel de vaches laitières (- 0,5 %), l’offre de lait de l’UE devrait rester relativement stable en 2024 (+0,4 %). Les pays de l’UE connaissent des situations contrastées, influencées différemment par les conditions météorologiques ou les changements structurels en cours. Le secteur de l’élevage connaît en effet des évolutions principalement dues à une évolution des préférences des consommateurs. La consommation de bœuf par habitant dans l’UE en 2023 est tombée à 9,7 kg (- 4,7 % en glissement annuel). La baisse de la consommation pourrait se poursuivre de 2,8 % en 2024. La production de viande bovine de l’UE devrait donc continuer à diminuer, ce qui pourrait soutenir les prix dans l’UE. La production de viande porcine de l’UE connaît un déclin similaire avec - 6,6 % en 2023. Cette réduction pourrait ralentir pour atteindre finalement - 0,4 % en 2024. La demande de volailles, source de protéines moins chère, reste quant à elle élevée. La consommation par habitant de l’UE a augmenté de 3 % en 2023 et pourrait encore croître de 2 % en 2024. Les importations de volaille restent également élevées.

A.G