DOMBES
Michel Barnier en campagne pour Les Républicains

Margaux Legras-Maillet
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Michel Barnier s’est rendu sur l’exploitation de Jérôme Limandas à Saint-Paul-de-Varax le 16 mars dernier pour prendre connaissance de l’agriculture de la Dombes à un mois du premier tour des élections présidentielles. 

Michel Barnier en campagne pour Les Républicains
Le soutien de Valérie Pécresse, Michel Barnier, s’est rendu chez Jérôme Limandas pour rencontrer les pisciculteurs et agriculteurs de la Dombes. Photo/MLM

La rencontre a été organisée à l’initiative de Damien Abad, député LR de l’Ain, et Aurane Reihanian, chef de l’opposition à la communauté d’agglomération de Bourg-en-Bresse, sur l’exploitation de Jérôme Limandas à Saint-Paul-de-Varax. Rodé à l’exercice, Michel Barnier s’est montré à l’écoute face aux difficultés quotidiennes des pisciculteurs et agriculteurs de la Dombes exacerbées par la guerre russo-ukrainienne. « Il y a une hausse du GNR et de l’énergie, on est dépendant là-dessus, pareil pour le matériel », a confié Jérôme Limandas. Et le prix de la viande ne suffira pas à compenser l’effet ciseau selon l’agriculteur : « La hausse du prix de la viande va nous dégager seulement 50 000 € sur l’année, ce n’est pas suffisant pour absorber la hausse du prix du reste. » Arrivé troisième (23 % des voix) à la primaire LR, derrière Valérie Pécresse et Éric Ciotti, l’ancien ministre de l’agriculture, ancien député et ex-négociateur en chef du Brexit s’est rangé derrière la candidate LR à la présidence de la République. Aujourd’hui, il mène campagne pour elle. Soucieux de répondre aux mieux aux besoins des agriculteurs, Michel Barnier leur demande quelles aides conjoncturelles pourrait les soutenir. « On veut une baisse des charges, répond d’emblée l’hôte de la rencontre. On importe plus qu’on exporte… » La question de la concurrence et du manque de compétitivité des produits français était au cœur des discussions avec l’ancien ministre. « Ce qui menace l’agriculture française, c’est l’excès de normes, la bureaucratie ; il faut lutter contre cette sur-transposition qui crée de la concurrence déloyale aux frontières », arguait par ailleurs celui qui plaide en faveur des closes miroirs, toutefois lucide quant aux réelles difficultés de convaincre la majorité à Bruxelles. 
 
La rhétorique « écolo » pointée du doigt
 
Interpellé par Michel Joux, président de la Chambre d’agriculture, sur les Zones vulnérables (ZV) causes d’une « hausse des coûts de production » et la gestion de l’eau, Michel Barnier s’est montré critique envers « la rhétorique écolo », mais a rappelé que les agriculteurs « ne (peuvent) pas faire n’importe quoi non plus ». Interviewé par ailleurs, l’ancien ministre de l’agriculture n’était pas avare de critiques contre les « écolos » : « Il y a une rhétorique à Bruxelles qui consiste à plaider la décroissance et qui dit que pour polluer moins, il faut produire moins. Moi je crois qu’on peut produire plus en polluant moins grâce à des contrats, de la recherche. » Un discours politique qui allait dans le sens de pisciculteurs présents, témoins aujourd’hui « de dizaines d’espèces piscivores, qui n’ont jamais fait partie de l’écosystème de la Dombes », causes d’un « manque d’azote dans les étangs qui provoque l’étouffement des poissons, et ça, c’est la conséquence directe de la politique écolo ». Le cormoran est l’une des autres problématiques des pisciculteurs avec comme conséquence directe, la reproduction des carpes en écloserie, de manière artificielle, et non en étangs comme cela se fait d’ordinaire. « C’est un problème européen. On est passé de 25 000 cormorans en Hollande à quelque 1,5 millions (1,5 M) dans toute l’Europe », regrette Jean-Luc Payet-Pigeon, président de l’Adapra (1). 
« Les étangs de la Dombes, c’est 1 200 étangs avec une moyenne de 10 ha de surface agricole. Il y a une forte déprise piscicole et aujourd’hui beaucoup sont en double activité, pisciculture/agriculture ou pisciculture/industrie avec des cycles de trois ans. On vide les étangs tous les ans », expliquait par ailleurs à Michel Barnier Pierre La Rocca, président de l’Apped (2). Et Jean-Yves Flochon, conseiller départemental délégué à l’agriculture, de préciser : « Le pari qu’on s’est donné, c’est que l’activité économique garantisse l’écosystème de la filière en proie à de nombreux investissements pour moderniser les étangs, le matériel, etc. »
 

(1) Association pour le développement de l’aquaculture et de la pêche en Rhône-Alpes
(2) Association de promotion du poisson des étangs de la Dombes