DON DE SANG
Don de plasma : un enjeu de souveraineté sanitaire
Organisé par le comité régional Rhône-Alpes, le 44ème congrès national des donneurs de sang bénévoles a réuni plus de 1 000 congressistes à Bourg-en-Bresse, venus travailler et échanger sur l’évolution de la transfusion sanguine et sur les moyens à développer afin de recruter et fidéliser toujours plus de donneurs.
C’était une première pour la ville de Bourg-en-Bresse d’accueillir le congrès national des donneurs de sang bénévoles. Organisé tous les deux ans, il est le rendez-vous incontournable qui permet à l’ensemble des associations – elles sont plus de 2 650 sur l’ensemble du territoire français –, des animateurs et des bénévoles œuvrant pour le don de sang éthique de s’interroger, de témoigner et de définir les actions et projets fédéraux pour les deux prochaines années. Association reconnue d’utilité publique, la Fédération française pour le don de sang bénévole fête cette année ses 75 ans.
Quatre jours (du 8 au 11 mai) riches d’échanges et d’informations pour les quelque 1 100 congressistes venus écouter les figures de proue et acteurs majeurs de la filière française de don du sang. En point d’orgue, la nécessité de pallier aux manques de moyens de la transfusion sanguine française. « Notre modèle transfusionnel est à la croisée des chemins. Des choix doivent être faits et des décisions prises. L’EFS*, malgré une diversification de son financement, via une subvention pérenne de l’assurance maladie, évolue dans un budget contraint. L’autosuffisance en produits de santé est au cœur des préoccupations, non seulement en France, mais également au sein de l’Union européenne », rappelle Jacques Allegra, président de la FFDSB**, partenaire historique de l’EFS ; l’EFS qui, en 2023, a accueilli plus d’un million et demi de donneurs dans ses collectes.
Et Damien Abad, député de l’Ain, d’apporter un appui politique fort en la matière : « je souhaite que tous les députés soient concernés, quelle que soit leur étiquette politique. On a besoin de continuer à défendre ce modèle français, basé sur le bénévolat, la gratuité, et l’altruisme. L’enjeu étant d’avoir de nouveaux donneurs et de fidéliser les donneurs actuels. Avec Jean Deguerry, président du Département de l’Ain, nous initions notamment des actions dans les collèges. »
Un plan « plasma » visant la collecte d’1,4 million de litres en 2026-2027
Si la très grande majorité des donneurs de sang sont prêts à donner du plasma, selon Jacques Brom, directeur général du groupe LFB***, « la demande en immunoglobuline croît de 7 % en dix ans. Cela revient à doubler la demande. 70 % du plasma collecté dans le monde vient des Etats-Unis. L’Europe est trop dépendante. » Selon la FFDSB, « Il ne se passe pas un mois sans que l’Agence de sécurité du médicament et des produits de santé, l’ANSM, n’annonce une tension ou une rupture d’approvisionnement sur un médicament, les plus emblématiques étant celles du paracétamol et de l’amoxicilline. France Assos Santé, Fédération regroupant les associations d’usagers du système de santé, dénonce depuis plusieurs années cet état de fait, qui est contraire à l’article 25 de la déclaration universelle des droits de l’Homme. » Dénonçant le fait que depuis plusieurs années, les patients doivent subir un contingentement et des priorisations des médicaments dérivés du plasma (MDP), et plus particulièrement des immunoglobulines. « Les causes de cette situation sont notre dépendance à plus de 65 % des multinationales du fractionnement et la pression qu’elles exercent sur les instances sanitaires de notre pays. Leur modèle économique repose sur l’exploitation et la marchandisation des produits issus du corps humain de donneurs en grande précarité économique, les frontaliers mexicains et des personnes vivant dans des territoires défavorisés de l’Union Européenne étant leurs publics cibles. »
Un congrès de très haute tenue, dont s’est félicité Michel Tirand, président de l’Union départementale fédérée des associations pour le don de sang bénévole de l’Ain : « Nous avons 58 associations dans l’Ain, dont deux nouvelles attendues cette année. Pour environ 32 000 prélèvements de sang et plasma, sur quatre sites, Bourg-en-Bresse, Lyon, Chambéry et Annemasse. Dans l’Ain, comme partout en France, l’axe principal de développement concerne les prélèvements de plasma, et nous avons la même problématique, à savoir fidéliser les donneurs et qu’ils viennent plus souvent. »
* Etablissement français du sang.
** Fédération française pour le don de sang bénévole.
*** Laboratoire français de fractionnement et de biotechnologies.
Patricia Flochon