CHAMBRE D’AGRICULTURE
Les élus des chambres d’agriculture s’impatientent

Après les annonces faites par le gouvernement à la suite des mobilisations syndicales, les élus de la chambre régionale d’agriculture, réunis en session régionale le mercredi 13 mars à La Tour-de-Salvagny (Rhône), s’impatientent de voir des retombées palpables dans les cours de ferme.

Les élus des chambres d’agriculture s’impatientent
La tribune de la session de la chambre d’agriculture régionale à La Tour-de-Salvagny (Rhône), le mercredi 13 mars dernier. ©CD_Apasec

Le 13 mars dernier, à la session de la chambre d’agriculture régionale qui s’est tenue à La Tour-de-Salvagny (Rhône), les élus professionnels ont tous manifesté leur impatience et leur déception, de ne toujours pas voir de retombées concrètes après les mobilisations syndicales de plusieurs semaines, et les annonces à répétition faites par le ministre de l’Agriculture, le Premier ministre Gabriel Attal et même le président de la République. Même si Yannick Fialip, le président de la chambre d'agriculture de Haute-Loire et de la commission économique de la FNSEA, a rappelé des avancées obtenues, entre autres, sur la loi Égalim, sur la fiscalité, le gazole non routier (GNR), les troubles de voisinage… le compte n’y est vraiment pas. « Il y a encore du travail à mener, et notamment sur le plan élevage qui n’avance pas », a-t-il reconnu. Les mobilisations partout en France, pendant des semaines, ont pourtant révélé le mal-être dans les campagnes, « bien plus profond que l’on imaginait, a commenté David Chauve, président de la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme et secrétaire général de la FRSEA Aura. Les agriculteurs ont encaissé, ça fait vingt ans que ça dure, mais les générations qui arrivent n’accepteront pas ces conditions ». Même son de cloche pour Pascal Girin, le président de la chambre d’agriculture du Rhône : « C’est la déception dans les campagnes. Les agriculteurs attendent et il ne se passe pas grand-chose. Il faut maintenant des signaux forts, sinon les mobilisations pourraient repartir », a-t-il averti. Pour Michel Joux, président de la chambre d’agriculture de l’Ain et de la FRSEA Aura, « on a l’impression que ça patine. Il faut trouver une méthode pour que ça avance. Il faut changer de logiciel », a-t-il dit en s’adressant à Bruno Ferreira, le directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de la région Auvergne-Rhone-Alpes (Draaf) et représentant l’État.

Les tracas du quotidien

Tous les élus des chambres d’agriculture sont unanimes : « La mise en route des mesures annoncées ne va pas assez vite, et sur le terrain les agriculteurs sont dans l’incompréhension ». Mais il y a aussi les tracasseries du présent à gérer. Le président de la chambre d’agriculture de l’Allier, Patrice Bonin, a fait part des difficultés des agriculteurs de son département à obtenir leur Certiphyto, les bloquant dans l’achat de produits indispensables à la réalisation des travaux. Patrick Escure, le président du Cantal, a interpellé Bruno Ferreira sur les fortes contraintes qui pèsent sur les prairies humides situées dans les zones Natura 2000, impactant les exploitations et les territoires, la conditionnalité des aides Pac et les éco-régimes. Raymond Vial, le président de la chambre de la Loire, a lui alerté sur la lourdeur des frais financiers bancaires que supportent des jeunes ayant investi dans des bâtiments d’élevage, pouvant les mettre en difficulté dans les prochaines années. « Il faut réinstaurer des prêts bonifiés », a-t-il réclamé. Après des échanges et des débats empreints de gravité et d’impatience, Gilbert Guignand, le président de la chambre régionale a soumis à l’assemblée une délibération intitulée « Pour plus de simplification dans la vie des agriculteurs pour répondre aux enjeux de souveraineté et de transition » dans laquelle figure une longue liste de demandes et d’exigences de la part de la profession pour plus de simplification et replacer l’agriculture au cœur des enjeux de souveraineté et de transition écologique. Une délibération adoptée à l’unanimité, moins 4 quatre abstentions.

L’administration à l’écoute

Après avoir écouté les doléances des uns et des autres, le directeur de la Draaf a assuré les élus de sa bonne volonté pour faire avancer les choses et de faire évoluer les curseurs sur ce qui peut être fait en région. Sur la simplification, « 3 200 demandes, dont celles de l’administration, ont été remontées à Paris », a-t-il indiqué. Il a également annoncé que la région était candidate pour participer à des groupes de travail sur l’irrigation et la prédation. Il a également rassuré sur la délivrance des Certiphyto en expliquant qu’une circulaire venait d’arriver du ministère pour régler ce problème.

La Région en soutien

Patrice Pannekoucke, vice-président de la Région, délégué à l'agriculture et aux espaces valléens, a annoncé que la prochaine session plénière régionale (21 et 22 mars) serait consacrée à l’agriculture, avec la volonté de la Région de soutenir encore plus l’agriculture régionale grâce à des avances de 30 % sur le paiement des aides. « La Région va faire la banque pour 10 à 12 millions d’euros », a-t-il dit. Une autre enveloppe de 10 M€ est prévue pour compenser la baisse du Feader. D’autre part, il a indiqué vouloir « entreprendre un tour des départements en lien avec les chambres d’agriculture pour entendre toutes les difficultés et aspérités du terrain pour pouvoir les traiter et passer à autre chose ». C’est sur une note d’espoir que le président Gibert Guignand a tenu à clore cette session car, a-t-il dit : « On remet les départements à leur juste place. C’est là que ça se passe. On a trop eu l’habitude de discuter à Lyon ou à Paris. Je suis satisfait de cette orientation ».

C.Dézert