Le continent africain devrait importer 57 millions de tonnes (Mt) de blé, soit 30 % des quantités de blé commercialisées dans le monde. La Russie a annoncé qu’elle aidera cinq pays africains en leur en donnant 250 000 tonnes. Mais elle en exportera 50 Mt durant l’actuelle campagne.
Depuis le début de la campagne, le continent africain paie bien moins chères les céréales importées que l’an passé, alors que les cours des grains flambaient. Hors riz, l’Afrique devrait en acheter 80 millions de tonnes (Mt) selon le Conseil international des céréales : 57 Mt de blé, soit 30 % des quantités de grains échangées dans le monde et 18,5 Mt de maïs. Les pays maghrébins importeront en plus 2,9 Mt d’orge et 3,5 Mt de blé dur. Au mois de juillet dernier, lorsque la Russie a décidé de se retirer du corridor maritime de la mer Noire mis en place sous l’égide de l’ONU, elle avait annoncé aider des pays africains en leur offrant du blé. Ceux-ci redoutaient une nouvelle flambée des cours des grains. Mais la Russie est chiche. Selon FranceAgriMer, seuls cinq pays (Burkina Faso, Érythrée, Somalie, Mali et République centrafricaine) se verraient gracieusement octroyer entre 25 000 et 50 000 t de blé chacun. Il est à noter que ces cinq pays sont fragilisés par des coups d’État ou sont en guerre et que l’armée russe y a pris pied. Au total, les dons de blé n’excéderaient pas 250 000 t, soit 0,5 % des quantités de blé russe exportables. Autrement dit, la Russie vendra la quasi-totalité du blé qu’elle expédiera vers l’Afrique.
Débuts poussifs pour l’UE en Afrique
Ces quelques dizaines de milliers de tonnes de blé « livrées gracieusement » ne modifieront pas les fondamentaux des marchés céréaliers, notamment des 195 Mt de blé qui seront échangées dans le monde en 2023-2024. L’Afrique du Nord (31 Mt d’importations), en particulier, ne bénéficiera pas de la générosité russe. Or l’Égypte (11,7 Mt de blé), premier pays importateur au monde de blé se fournit essentiellement en Russie, dont l’Algérie est également devenue un bon client. L’Union européenne, traditionnellement très présente sur le marché africain, y fait un début de campagne poussif. Toutes destinations confondues, elle n’a vendu que 8,3 Mt de blé depuis le 1er juillet, selon FranceAgriMer, soit 23 % de moins que l’an passé. Le Maroc en est la première destination. Toutes origines confondues, le royaume chérifien importera deux fois plus de blé (5,4 Mt) qu’il n’en a produit l’été dernier. L’an passé, la France et l’Allemagne étaient ses deux premiers pays fournisseurs. Cette campagne, l’Égypte ne s’approvisionne quasiment pas en Union européenne et l’Algérie privilégiant l’origine russe, n’a acheté que 690 000 t de blé en trois mois. Par ailleurs, l’Union européenne a déjà expédié 355 000 t d’orge au Maroc et 60 000 t en Algérie.
Maïs et blé dur
Déficitaire en maïs, l’Union européenne n’approvisionnera pas l’Afrique cette année. La mission revient au Brésil, aux États-Unis, à l’Argentine voire à l’Ukraine. Quant au blé dur, dont l’Afrique du Nord est la première région importatrice au monde, c’est la seule céréale plus chère à l’achat que l’an passé (jusqu’à 500 €/t l’été dernier). La production mondiale de blé dur (31,4 Mt) est en effet inférieure de 2 Mt à l’an passé alors que la demande reste inchangée. Le Canada, confronté à un été caniculaire, n’a engrangé que 4,1 Mt de grains contre 5,8 Mt en 2022-2023. Or il est le principal pays fournisseur de blé dur au monde (4 Mt) suivi de loin par certains pays européens aux capacités d’exportations très réduites (200 000 t pour la France). La Turquie constituera une origine alternative avec des capacités d’exportation de 1,2 Mt grâce à une récolte abondante (4,1 Mt). Près de 700 000 t ont déjà été vendues à l’Italie.