COMMERCE
Le négoce agricole à l’heure des transitions

Mercredi 8 juin, la fédération du négoce agricole Centre-Est a organisé son congrès à Lyon. Interventions d'experts et témoignages d'entreprises ont ponctué cette assemblée sur la thématique : « Commerce et agroalimentaire : la transition à grande vitesse ».

Le négoce agricole à l’heure des transitions
François-Christian Cholat, directeur général de la Maison François Cholat et vice-président du négoce Centre-Est (micro en main) a conclu la table ronde. ©BV

Reporté depuis deux ans en raison de la crise sanitaire, le congrès de la fédération du négoce agricole (FNA) Centre-Est s'est finalement tenu ce 8 juin, à Lyon. Un congrès consacré aux nouveaux défis des filières agroalimentaires qui a permis la définition de stratégies d’entreprises et l’identification de nouvelles opportunités. Pour aborder ces sujets, différents visages du monde agricole étaient invités. À commencer par Pierre-Marie Decoret, responsable des études économiques pour Arvalis-Institut du végétal, qui a présenté le rapport de l'institut Montaigne sur l’agriculture. De ce rapport, il ressort un certain essoufflement de la souveraineté alimentaire française. « Le déclassement de la question agricole dans les agendas politiques européens est manifeste. Ce déclassement intervient alors que le pays est confronté à un recul de sa compétitivité agricole et agroalimentaire. La dépendance aux protéines végétales importées constitue aussi une fragilité structurelle. Elle se traduit notamment par des importations élevées de soja en provenance des Amériques. La France doit également relever le défi du renouvellement de sa démographie agricole vieillissante », a-t-il expliqué. À cela, Pascale Hébel, directrice du département consommation au Credoc a ajouté une analyse sur le changement de la représentation de l’alimentation durable. « Les 6 % d’inflation globale depuis la crise sanitaire ont eu des conséquences sur les ménages qui ont notamment réduit leur consommation de viande. Les consommateurs ont de ce fait tendance à végétaliser leur alimentation aussi pour des raisons de santé et de bien-être animal. La préoccupation environnementale est d’ailleurs de plus en plus marquée chez les jeunes. Les gestes favorisant les produits locaux et frais se sont généralisés. »

Réflexions et stratégies sur la table

Lors d’une table ronde, les différents acteurs du négoce agricole en Auvergne-Rhône-Alpes ont tenté d’apporter des solutions face à ces évolutions. Dans un contexte où le transport d’animaux vivants est au cœur des débats, les négociants en bestiaux ont décidé d’être proactifs et de se saisir du sujet.  « Il y a un peu plus d’un an, on a développé le label Quali négoce qui touche la responsabilité sociétale et le bien-être animal. L’objectif de ce label est de valoriser le métier de commerçant en bestiaux en répondant aux préoccupations des consommateurs », a expliqué Alexandre Carcouet, dirigeant de Bas-Livradois Bétail. Pour Raphaël Jeudy, directeur de Jeudy SAS, les solutions passent forcément par la prise en compte des besoins des agriculteurs. « À l’heure du web et de la transparence des prix, au moment où les cotations ne rémunèrent plus les agriculteurs, il nous a fallu imaginer un nouveau modèle de commercialisation afin de réduire nos coûts. En effet, en tant que négociants, nous avons des charges importantes liées à la collecte et au stockage. Or, pour tous ceux qui stockent à la ferme, notre offre n'est plus adaptée. C'est sur ce postulat qu'a germé Boursagri, un marché physique ouvert, couplé à notre innovation, le matching. C’est la rencontre automatique entre un ordre de vente et un ordre d'achat. »

Baptiste Vlaj