Face à une raréfaction de la ressource, le nouveau plan de bassin d’adaptation au changement climatique a fixé des objectifs pour 2024-2030, avec une mobilisation de tous les acteurs dont l'agriculture.
« Le bassin Rhône-Méditerranée apparaît très vulnérable face au changement climatique et particulièrement face à l'assèchement des sols. Et on voit apparaître de nouveaux territoires où il y a un fort enjeu à partager l'eau ». Ce constat alarmiste a été dressé par Hélène Michaux, directrice du programme et des interventions de l'Agence de l’eau Rhône-Méditerranée Corse le 8 décembre, jour de l'adoption du nouveau plan de bassin d’adaptation au changement climatique pour le bassin Rhône-Méditerranée (2024-2030). Celui-ci décline localement le plan eau qui vise la réduction de 10 % des prélèvements nationaux en eau d'ici 2030. Mais il ne s'arrête pas là. Il s'agit en effet d'agir sur cinq enjeux prioritaires : la baisse de disponibilité en eau, la perte de biodiversité aquatique et humide, l'assèchement des sols, la détérioration de la qualité de l'eau et les risques naturels liés à l'eau.
Préserver les zones humides
L’agence de l’eau Rhône-Méditerranée Corse a voté́ une augmentation de ses aides de 65 millions d’euros pour l’année 2024. 35 millions viendront sécuriser l’alimentation en eau potable et réduire les fuites. Les projets d'accompagnement des économies d’eau les plus significatives des industries et autres acteurs économiques se verront dotés de 25 millions supplémentaires. Et 5 millions seront dédiés à la préservation des zones humides en soutenant les agriculteurs qui mettent en œuvre des mesures agroécologiques et climatiques sur ces milieux. Pour définir le plan eau 2024-2030, l'Agence de l'eau Rhône-Méditéranée Corse a par ailleurs effectué un travail de diagnostic, à l'échelle de ses 192 sous-bassins versants. Pour cela, des cartes de vulnérabilité au changement climatique ont été déclinées en fonction des cinq enjeux prioritaires identifiés. « L'idée est d'intégrer tous les acteurs et notamment de porter à leur connaissance les difficultés propres à chaque territoire », a expliqué Matthieu Papouin, directeur régional adjoint de la Dreal.
Maintenir les prélèvements
Pour permettre à tous les acteurs locaux de trouver des solutions adaptées, l'Agence de l'eau a défini trente défis. Chiffrés, ils formalisent des ambitions concrètes. « Ils ont été pensés comme un panier de solutions dans lequel on peut piocher en fonction des enjeux de chaque territoire », a précisé Hélène Michaux. Parmi ces trente actions ciblées, huit incluent le monde agricole. Il s'agira notamment de réduire les prélèvements de 10 % d’ici 2030, soit 360 millions de m3 d’eau à l’échelle du bassin Rhône-Méditerranée (hors centrales nucléaires). Un second défi vise à poursuivre la réduction de 100 millions de m3 des prélèvements sur les secteurs en déséquilibre et la maîtrise des volumes prélevés sur les territoires pour que globalement ces prélèvements n’augmentent pas à l’échelle du bassin. « L'agriculture doit faire des économies d'eau dans les secteurs en déséquilibre pour envisager la mise en place d'irrigation dans les secteurs moins déficitaires », a indiqué Nicolas Chantepy, directeur général adjoint de l'Agence de l'eau, soulignant les efforts faits par l'agriculture ces dernières années. Ainsi, le monde agricole est le premier contributeur d’économies d’eau avec 21 millions de m3 d’eau économisés par an à l’échelle du bassin depuis 2019. Il s'agira par ailleurs de restaurer ou préserver 20 000 ha de zones humides et ainsi doubler la mobilisation sur le bassin, ou encore de mettre en place 3 000 km de haies, d'intégrer le changement climatique lors de la révision des cahiers des charges des appellations d’origine contrôlée des productions d’origine végétale (vins, fruits, huiles d’olive, céréales), d'adopter un plan régional agricole d’adaptation au changement climatique dans chaque région. Le plan envisage également d'accompagner trente filières agricoles locales dans la mise en place de pratiques agronomiques visant la rétention en eau dans les sols et la réduction de la consommation en eau. Mais aussi de valoriser les eaux non conventionnelles en visant 250 projets de réutilisation des eaux (eaux usées traitées, eau de pluie, eaux grises…)