CLIMAT
Gel d’avril : plus de peur que de mal

Margaux Legras-Maillet
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La semaine dernière, les températures sont descendues en-dessous de zéro degrés et ont occasionné quelques dégâts chez certains viticulteurs. 

Gel d’avril : plus de peur que de mal
Stéphane Trichon, viticulteur à Lhuis, accuse une perte moyenne de 10 % sur ses Chardonnay à cause du gel de la semaine dernière. Photo/Stéphane Trichon

Le mercure est descendu dans les négatives la semaine dernière, et a ravivé la crainte de revivre un mois d’avril 2021 avec des pertes considérables sur la vigne et les arbres fruitiers. Heureusement, selon nos informations, madame Météo semble pour l’instant épargner la plupart des viticulteurs et arboriculteurs du Cerdon et du Bugey, à quelques rares exceptions. 
 
Des pertes estimées localement à 10 % 
 
Marcel Périnet, viticulteur au Domaine de la Dentelle à Gravelles, dans le secteur de Cerdon, accuse ainsi quelques bourgeons noircis. Ses Poulsards, au débourrage précoce, laissent déjà paraître les premières pointes vertes. S’il faut attendre encore quelques jours que la sève monte pour le confirmer, il estime la perte à 10 %. Avec moins deux degrés, « des bourgeons ont été touchés mais ça n’a rien à voir avec il y a deux ans », résume-t-il, malgré tout positif. 
Plus au Sud-Est, dans le Bugey, Stéphane Trichon du Domaine Trichon Vins Biologiques à Lhuis, évalue-lui aussi la perte à 10 %, essentiellement sur ses Chardonnay. Une nuit, le thermomètre a affiché -2,5°C. « Ça a gelé un à deux yeux par baguette. Sur certaines parcelles, il n’y a rien, sur d’autres, on a un bourgeon qui a gelé de temps en temps, et sur d’autres parcelles, on a 15 % de perte. On est que le 5 avril donc ça peut encore geler jusqu’au 10 mai, j’y vois mal parti honnêtement… », se soucie-t-il. L’un des rares touchés du département, il vit lui moins bien ce nouveau coup. Avec trois petites récoltes sur quatre années, le viticulteur n’a pas souhaité souscrire à un contrat d’assurance cette année, de peur d’être désavantagé par la moyenne olympique prévue par la réforme du système assurantiel. Il y a vingt ans, il était pourtant l’un des premiers à faire le pari du contrat-climat, assure-t-il. Aujourd’hui, le viticulteur remet en question la doxa dominante d’il y a quelques années. « On a voulu se spécialiser dans des monocultures, mais on est tributaire des aléas climatiques et ça donne à réfléchir sur nos possibilités. » Renouant avec la diversification, Stéphane Trichon envisage même de se lancer dans la culture de houblon et la production de bière. Si cette idée est pour l’instant au stade d’hypothèse, elle pourrait bien s’enraciner un jour. 
 
Arboriculture : 1,5 °C en moins et c’était la catastrophe 
 
Quant aux arboriculteurs, ils sont peu nombreux dans le département, et comme pour la vigne, la plupart sont passés à travers les gouttes. Le Gaec des Plantaz à Flaxieu dans le Bugey Sud, qui produit pommes, poires, raisins et autres fruits, est passé à « ça » de la catastrophe. La nuit de mardi à mercredi a été la plus froide avec des températures avoisinant le zéro degré. Avec des prévisions similaires à celles de 2021 au moment des fortes gelées, les quatre associés avaient cette fois-ci anticipé et installé des bougies sur certaines parcelles de poiriers, dont ceux de la variété Passe-Crassane étaient déjà en fleurs. « Avec 1,5°C en moins, tout gelait je pense », se réjouit Francis Davoine.