COOPÉRATIVE
Laiterie d’Étrez-Foissiat : l’atelier historique de Foissiat va fermer

Margaux Balfin
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Implantation de nouveaux magasins dans le département, fermeture de l’atelier de Foissiat, préparation d'un nouveau produit industriel, les choses bougent à la laiterie coopérative d’Étrez-Foissiat. Son ancien directeur, Yann le Scouezec, nous dévoile la chronique d’une renaissance annoncée. 

Laiterie d’Étrez-Foissiat : l’atelier historique de Foissiat va fermer
La beurrerie de Foissiat-Lescheroux a été fondée le 26 septembre 1937 pour fabriquer 200 tonnes de beurre par an. Son emblème le "Coq d’Or » présent sur ses emballages a été inspiré par celui qui trône au sommet du monument aux morts de Lescheroux. Photo/Annette Van Eijk Morel.

Le cœur historique de l’activité laitière à Foissiat cessera bientôt de battre. Vieil homme de plus de 90 ans, l’atelier de transformation situé au lieu-dit Malempan route de Jayat fermera en 2025. « Il date de 1932. Il est trop vieux et il y a trop de pénibilité : à l’époque tout était fait à la main et le bâtiment a été conçu en ce sens. » C’est autour d’un café sur la place du Carouge à Foissiat, avec la passion et le calme qu’on lui connaît que Yann le Scouezec est revenu sur l’actualité de la laiterie coopérative d’Étrez-Foissiat. Il en a été le directeur durant onze ans, en même temps qu’il assumait cette fonction à Bovi-Coop, jusqu’à l’année dernière et sa succession par Vincent Favier. 

La fromagerie érigée l’année dernière au cœur du village ne sera bientôt plus que le seul vestige de l’histoire laitière foissiatie. Et Yann Le Scouezec de confier : « Nous avions le choix entre monter un magasin à Foissiat ou à Attignat qui avait un meilleur business plan, mais le conseil d’administration a préféré Foissiat pour qu’il reste quelque chose dans le village sachant que la laiterie allait bientôt s’arrêter. »

Agrandissement de l’atelier d’Étrez

L’ensemble de l’atelier devrait progressivement être transféré dans celui d’Étrez que la coopérative se prépare à agrandir sur 1 700 m2. Un chantier à 6,5 millions d’euros (M€), subventionné pour 350 000 € par le Département, la Région et le Feader. « Au départ nous avions acheté une parcelle d’1,5 ha à Foissiat pour reconstruire l’atelier mais nous avons eu un refus de permis », explique Yann le Scouezec. Six salariés travaillent encore à Foissiat pour la transformation de 2,5 millions de litres (Ml) de lait. « Avec l’arrêt de l’activité beurre et crème à Foissiat il y a un peu plus d’un an, nous avons perdu beaucoup de volume sur l’atelier. Aujourd’hui il n’y a plus que le metton (lait écrémé, caillé puis séché essentiellement utilisé pour la fabrication de la cancoillotte) et les yaourts qui sont produits sur place », poursuit l’ancien directeur. À terme, la laiterie de Foissiat devrait être démolie et le terrain, de 3 000 m2 vendu. 

Un nouveau produit industriel en préparation 

Comme un ancien capitaine à la barre de son navire, Yann le Scouezec ne navigue pas à vue. Une partie de l’atelier de Foissiat est déjà désaffectée, mais « nous ne fermerons Foissiat que lorsque nous aurons ouvert et testé Étrez ». Et le développement de la coopérative ne s’arrête pas là. « On va en profiter pour essayer de transformer plus de lait écrémé. Un des futurs ateliers est vraiment fait pour ça. Le tendon d’Achille de la coopérative, c’est vraiment son lait écrémé », admet Yann le Scouezec. En 2023, face à des ventes en berne, la laiterie avait ainsi dû se résoudre à écouler 17 Ml de lait en Italie. Pour en valoriser une partie en France, la coopérative n’hésite pas à se tourner vers d’autres horizons, quitte à se risquer modérément à quelque pirouette. « Nous avons des pistes pour lancer de nouveaux produits industriels », avance l’ancien directeur. Nous n’en saurons pour l’instant pas plus sur cette future gamme « strictement confidentielle ». Il faudra attendre l’année prochaine et l’inauguration de l’agrandissement prévue avant l’été 2025, mais si tout s’anime à la laiterie d’Étrez-Foissiat, son ancien directeur n’a à coup sûr pas fini de nous surprendre. Yann le Scouezec observe d’ailleurs l’avenir à la longue vue et le terrain pour l’instant disponible de Foissiat pourrait bien servir au développement futur de la coopérative dans les quatre ou cinq ans à venir. 

Margaux Balfin 

VENTE DIRECTE/ Bientôt un nouveau magasin à Châtillon-sur-Chalaronne

S’il a aujourd’hui pris sa retraite, celui qui a largement contribué à remonter l’activité de la coopérative ces dernières années s’est vu déléguer le développement de nouveaux magasins. Le prochain ouvrira ses portes à Châtillon-sur-Chalaronne à l’automne. Après l’ouverture des magasins de Saint-Denis-lès-Bourg en 2021, puis de Foissiat trois ans plus tard, la coopérative envisage de poursuivre sur sa lancée de mailler le territoire. « On ne s’est pas donné de limites dans le nombre », sourit Yann le Scouezec. En plus de la zone Dombes, deux autres implantations sont en cours de réflexion, dans le Louhannais en Saône-et-Loire, et plus au Nord du département. Certes, avec moins d’un million de litres de lait transformés actuellement pour la vente directe, les magasins ne pèsent que pour à peine 2 % dans la transformation du lait, mais pour l’ancien directeur, le développement de magasins est un choix judicieux. « On gagne de l’argent grâce aux magasins et ils contribuent à faire connaître nos produits. 50 % de ce que l’on y vend vient de la coopérative ». L’année dernière, l’EURL Saint-Denis Fromages qui gère les magasins de Saint-Denis-lès-Bourg et Foissiat a ainsi marqué une hausse de 49 % de son chiffre d’affaires pour atteindre 700 000 €. 

En charge du dossier, Yann le Scouezec a d’ailleurs une idée bien précise du genre de boutiques qu’il veut créer. Pas question par exemple de se claquemurer dans les centres-villes et de proposer des produits de luxe hors de prix. « Nous sommes sur des prix abordables pour faire du volume. Nous ne sommes pas sur des fromages que les gens achètent ponctuellement parce qu’ils ont de la famille à la maison, mais parce que nos produits sont moins chers mais tout de même de qualité », ajoute-t-il. L’ancien directeur tient aussi à la mention « vente directe » placardée sur la devanture des magasins. 

M.B.