SYLVICULTURE
Un nouveau plan pour renouveler les forêts

En déplacement dans le Loiret, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a esquissé ce qui devrait devenir le futur plan national du renouvellement forestier, en s’appuyant sur un rapport qui lui a été remis le 26 juillet.

Un nouveau plan pour renouveler les forêts
Déplacement dans le Loiret de Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, et de Sarah El Haïry, secrétaire d’État à la Biodiversité à l’occasion de la remise du rapport « Objectif forêt » en vue de l’élaboration du plan national de renouvellement forestier. ©Cheik_Saidou_agriculture.gouv.fr

« Assurer le devenir des fonctionnalités écologiques et socio-économiques de ces écosystèmes aussi importants que fragiles ». Telle est l’ambition du ministère de l’Agriculture qui s’est rendu le 26 juillet à Vieilles-Maisons-sur-Joudry puis à Tigy (Loiret) pour s’entretenir avec les agents de l’Office national des forêts (ONF) et des propriétaires forestiers. Accompagné de la nouvelle secrétaire d’État à la Biodiversité, Sarah El Haïry, il a aussi reçu du comité spécialisé « gestion durable des forêts » le rapport intitulé Objectif forêt, qui a pour but d’adapter les forêts au changement climatique et renforcer leur rôle comme puits de carbone. Ce plan souhaite aussi structurer la filière forêt-bois pour l’accompagner dans cette transition.

Hausse des incertitudes

Le défi est de taille car les forêts françaises, dont les superficies ne cessent pourtant de croître au fil des ans1, se heurtent à de nombreuses difficultés. La sécheresse mais aussi les attaques sanitaires (scolytes notamment) ralentissent la croissance des arbres voire les détruisent. Il faut aussi ajouter les incendies et des plantations moins performantes (le taux d’échec avoisine 40 % selon le rapport) pour parvenir, en bout de chaîne, à une double conséquence : une augmentation des rejets de CO2 et un affaiblissement du potentiel de captation carbone.  « Pour mémoire, le puits forestier a été divisé par deux depuis 2010, passant de - 58 Mt eq CO2 à - 30 Mt eq CO2 du fait des effets du changement climatique », écrivent les experts issus du Conseil supérieur de la forêt et du bois. Ils s’inquiètent d’une « hausse des incertitudes » et du « risque d’une nette dégradation sur au moins les trente prochaines années des fonctionnalités écologiques et socio-économiques des forêts ».

Un milliard d’arbres

Selon eux, 15 % de la forêt métropolitaine (2,6 millions d’ha) nécessiterait des mesures d’urgence d’ici une dizaine d’années. Cependant « il est raisonnable de retenir qu’une fourchette de 1,5 à 1,7 Mha (10 % de la forêt métropolitaine) pourrait réellement faire l’objet d’actions de renouvellement ou d’enrichissement dans les dix prochaines années », écrivent-ils. Cet effort est d’ailleurs conforme au souhait du président Emmanuel Macron qui, en octobre 2022, avait annoncé son intention de voir planter un milliard d’arbres d’ici dix ans, soit 10 % de notre forêt. Le rapport souligne à ce sujet la nécessité de diversifier les essences et d’accroître, en amont, la disponibilité des semences qui est actuellement « le plus gros facteur limitant ». Il faudra aussi que le choix des peuplements soit adapté « en fonction des essences identifiées comme résilientes et également adaptées à la demande en bois d’œuvre attendue », souligne le rapport.

Financement

Parvenir à planter un milliard d’arbres nécessite un investissement de 10 milliards d’euros pour l’ensemble des propriétaires forestiers, dont 75 % sont des propriétaires privés ! « Pour cela, il va falloir tripler les moyens déployés jusqu’à présent », a estimé Marc Fesneau. Quant au financement, il n’est pas encore bouclé. Le programme France 2030 prévoit d’allouer 150 millions d’euros pour « aider financièrement les propriétaires forestiers, publics et privés, à renouveler, enrichir, améliorer leurs forêts et renforcer la résilience des écosystèmes dans le contexte du changement climatique », a indiqué le ministère. Un fonds pérenne, dont le montant n’est pas encore déterminé, prendra le relais dès 2024, assure-t-il. Il sera discuté lors du prochain projet de loi de Finances, « avec l’ambition d’une montée en puissance progressive d’ici 2030 ».

1- La France compte 17,1 millions d'hectares de forêts soit 21 % de plus qu’en 1985.

Christophe Soulard