Mercredi 31 janvier, trois représentants de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) se sont rendus sur le blocage de l’A6, à Villefranche-sur-Saône (Rhône), afin de rencontrer les agriculteurs et agricultrices mobilisés et de revenir sur les combats menés actuellement par le syndicat.
La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) ce serait-elle inspirée du congrès de la FDSEA du Rhône organisé en plein A89, la semaine précédente ? Il semblerait bien que oui. Le 31 janvier, le secrétaire adjoint Ludovic Blin, le vice-président Stéphane Joandel et le directeur Benjamin Guillaumé, ont organisé leur tournée régionale sur le terrain, en plein cœur du blocage de l’A6, à Villefranche-sur-Saône. Face à eux, des agriculteurs et agricultrices aux traits tirés et aux cernes marquées par plusieurs jours de mobilisation. Il faut dire que pour les éleveurs laitiers, les raisons du découragement sont multiples. En deux ans, la France a perdu un milliard de litres de lait, soit une baisse de 2,5 % par an. Selon Ludovic Blin, cette baisse atteint même les 7 % dans le Sud-Ouest. « Il va falloir un déclic », argue-t-il. Sur le marché extérieur, le lait français s’en tire pourtant plutôt bien : il a dépassé celui de l’Allemagne en avril 2023. De janvier à septembre 2023, le prix du conventionnel à teneurs réelles s’établissait à 471,50 €/1 000 l, soit une hausse de 9,3 % par rapport à la même période l’an passé. Ce qui fait dire à la FNPL que la véritable bataille se joue sur le marché intérieur. « Si nous voulons être attractifs pour les futures générations, il faut qu’Égalim fonctionne, martèle Ludovic Blin. Le nerf de la guerre, c’est quand même l’argent ! » L’enjeu pécuniaire ne se lit pas seulement entre les lignes de la loi Égalim. Les trois représentants de la FNPL ont tenu à revenir sur la bataille menée aux côtés des producteurs, contre Lactalis. « En 2023, ce dernier avait le bonnet d’âne sur le prix payé en France aux producteurs », rappelle Stéphane Joandel. L'Union nationale des éleveurs livreurs Lactalis (Unell) a donc souhaité faire évoluer le contrat pour une meilleure prise en compte du coût de production. Leur demande s’est établie à 44 cts/l au premier trimestre. « Mais arbitrairement, Lactalis a mis 40,5 cts/l, ce qui a mis fin aux discussions et aux échanges… » Si ce dossier patine et fait l’objet de nombreuses médiations, Stéphane Joandel se veut clair : « la FNPL est là pour accompagner les organisations de producteurs dans le conflit qui les oppose avec leur transformateur ». Puis à Ludovic Blin d’amender qu’il est nécessaire « d’aller chercher de nouveaux acheteurs ».
Sortir l’agriculture de la directive IED
Outre le combat mené sur le terrain français, les élus ont rappelé l’investissement de la FNPL concernant le dossier des émissions industrielles (directive IED) qui se joue à Bruxelles. En avril 2022, la Commission européenne avait proposé de durcir cette directive, qui impose actuellement à 30 000 usines et 20 000 très gros élevages porcins et de volailles, des normes de rejets de polluants néfastes, comme l’oxyde d'azote, le méthane ou encore l’ammoniac via le lisier… Ce durcissement passait notamment par l’extension des normes aux élevages bovins au-dessus de 150 UGB. Un véritable drapeau rouge pour les syndicats agricoles, qui ont finalement obtenu le maintien de cette exemption pour les bovins, mais pour qui une donnée reste néanmoins problématique. « Nos confrères et consœurs producteurs de porcs et de volailles sont dorénavant beaucoup plus impactés, puisque leur seuil a finalement diminué à 150 UGB, soit l’équivalent de 10 000 poules, 500 porcs ou 300 truies environ », détaille le vice-président. La FNPL se dit donc prête à déposer un amendement afin que l’agriculture sorte de cette directive sur les IED.
Léa Rochon