INSTALLATION
Quand mêler travail et vie de famille devient possible

Ludivine Degenève
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Romain Clavel et Noélie Fusillet sont tous deux enfants d’agriculteurs. Mais au lieu de reprendre les exploitations familiales, le couple a décidé de reprendre une ferme qui partage leur vision de l’agriculture. Zoom sur ce couple qui a réussi à mêler travail à la ferme et vie de famille. 

Quand mêler travail et vie de famille devient possible
Ce n’est pas moins de 20 000 € que Réseau initiative Plaine de l’Ain Côtière a versé au Gaec de la Brive. PHOTO/ LD

Romain Clavel et Noélie Fusillet ont respectivement 29 et 28 ans. Le 1er janvier 2023, le couple a repris une exploitation laitière sur la commune de Marchamp dans le Bugey pour vivre leur vision du métier. En effet, Romain et Noélie étaient à la recherche d’une exploitation laitière « à taille humaine », le tout pour profiter au maximum de leur vie de famille.
 
« On veut passer du temps avec notre petite fille »
 
« La première motivation est de vivre et travailler sur place. Explique Romain Clavel. On veut passer du temps avec notre fille. » Un équilibre de vie peut-être difficile, voire impossible, à atteindre pour certains. « Ce projet-là, il y a des agriculteurs qui ne veulent pas l’entendre, admet Romain Clavel. Mais si on veut réaliser notre rêve d’avoir une ferme, il faut le faire avant nos 30 ans. » Voilà comment le Gaec de la Brive, en référence à la rivière qui passe près de l’exploitation, a vu le jour avec 90 ha de prairie et de céréales, en autoconsommation pour nourrir leurs 30 montbéliardes. « On a voulu quelque chose de petit avec peu d’animaux », explique le couple. In fine, l’objectif : se concentrer sur la génétique du troupeau à travers plusieurs croisements. « Chez nous, il va y avoir toutes les couleurs. Ça va être un troupeau diversifié », précise l’exploitant. Trêve d’idéal, le couple aura tout le temps d’apprendre de son expérience à venir.
Avant de s’installer, Romain et Noélie possédaient tout de même de solides bases dans le métier. Enfants d’agriculteurs, le couple a décidé de suivre cette voie en entamant des études dans ce domaine. Romain Clavel a passé un BTS ACSE puis une licence pro ECPA en Isère. C’est d’ailleurs lors de cette licence qu’il a rencontré sa compagne, qui avait précédemment passé un Bac STAV et un BTS APV.
 
Une installation mûrement réfléchie 
 
C’est en 2018 que l’idée de s’installer a commencé à occuper leurs esprits. S’installer dans les Monts du Lyonnais, là où Romain a grandi ? La mentalité locale ne leur convenait pas. « Tout le monde se bagarre pour avoir des hectares », ajoute Romain Clavel. L’idée a ensuite été de reprendre l’exploitation des parents de Noélie à Belley. Mais ce projet n’a pas abouti pour des raisons personnelles. « C’était un moment psychologique difficile », confie Romain Clavel. Au total, ce n’est pas moins d’une dizaine de fermes que le couple a visitée, dans l’Ain, mais aussi dans le Jura. Leur choix s’est finalement porté sur l’exploitation de Christian Guigard à Marchamp avec pour ambition de se convertir en agriculture biologique. « On voudrait utiliser peu de pétrole, pas trop de produits phytosanitaires etc. », précise l’exploitant.
Actuellement, leur lait est vendu à Sodiaal, mais une fois la conversion en agriculture biologique terminée, le couple souhaiterait se diriger vers la coopérative Biolait. « J’ai travaillé là-bas de 2016 à fin 2022 », précise Romain Clavel.

De nombreuses aides apportées 
 
Pour mener à bien leur projet, Romain et Noélie ont fait appel à plusieurs organismes d’aide à l’installation. À commencer par la Dotation jeune agriculteur (DJA) qui a financé « presque 50 % de l’installation. Sans ça, je ne sais pas si on aurait franchi le pas », confie l’exploitant. Le couple a également reçu une aide financière de 20 000 € de Réseau initiative Plaine de l’Ain Cotière (Ipac). « Nos objectifs est d’assurer le financement de la reprise et la croissance d’une entreprise », précise Bernard Gloriod, président de l’Ipac. Enfin, l’Association départementale de développement de l'emploi agricole et rural (Addear), et l’Association de formation collective à la gestion de l'Ain (Afocg) ont également aidé à l’installation du couple. Et Romain Clavel d’ajouter : « C’est grâce à eux que certains agriculteurs peuvent promouvoir cette agriculture. » La matinée s’est clôturée par une visite des pâturages et du cheptel, pour le plus grand bonheur de leur petite fille.