MOBILISATIONS
Les élus du département se mobilisent derrière les agriculteurs

Margaux Balfin
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Élus locaux, parlementaires, OPA, ou simples citoyens, les solidarités envers le monde agricole se sont exprimées tout au long des mobilisations. Plusieurs élus sont également allés à la rencontre des agriculteurs pour échanger sur leurs revendications. 

Les élus du département se mobilisent derrière les agriculteurs
Christine Dupenloup, maire de Grilly ©MB

Christine Dupenloup et Michel Brulhart se sont rendus sur le blocage de Collonges  

La semaine dernière, plusieurs élus locaux se sont rendus sur les différentes mobilisations. Christine Dupenloup, maire de Grilly, est l’une d’entre eux. Touchée par les revendications des agriculteurs, elle est allée à leur rencontre sur le blocage de Collonges le mardi soir afin de leur afficher son soutien. Elle qui avait déjà bien accueilli le mouvement « on marche sur la tête »  –  elle n’a d’ailleurs toujours pas fait retourner les panneaux du village – leur a demandé comment elle pouvait, en tant qu’élue, leur venir en aide. Convaincue qu’il n’y a pas de petite action, Christine Dupenloup n’hésite pas à leur proposer de leur consacrer une, deux et pourquoi pas trois pages du journal de la commune, édité deux fois par an. Un espace dédié pour sensibiliser les habitants sur leur quotidien. 

Consciente des problématiques rencontrées par les agriculteurs – l’élue cite entre autres les déjections de chien et le non-respect de la propriété privée – elle a déjà quelques idées pour faire bouger les lignes. « J’avais par exemple pensé à faire de la communication en prenant en photo untel ou untel dans ses parcelles pour expliquer aux gens que ces terrains lui appartiennent ». Lors de la précédente mandature, Christine Dupenloup a également soutenu la délocalisation des services de la Poste dans le bâtiment de la mairie pour transformer les anciens locaux postaux en un magasin de producteurs. « Nous n’avons déjà plus d’école, donc pour nous c’était un vrai moyen pour créer du lien et le magasin fonctionne, les producteurs en sont très contents. » 

Christine Dupenloup espère que les échanges continueront 

Dans sa commune de 864 habitants, il ne reste plus que deux exploitations professionnelles (hors équin). Malgré de bons rapports avec les agriculteurs de son territoire – elle les a notamment consultés pour son projet de piste cyclable –, elle regrette qu’aucun ne siège au conseil municipal. 

Originaire du Pays de Gex, Christine Dupenloup a vu la région évoluer. Aujourd’hui la maire s’interroge sur ses réelles marges de manœuvre pour faciliter la vie des agriculteurs, dans une région où les revendications locales se mêlent aux attentes nationales. « Nous devrions pouvoir introduire de véritables zones agricoles, et pas seulement autour des fermes. Un jeune va bientôt me présenter un projet pour faire paître des moutons sous des arbres fruitiers et il a du mal à trouver. S’il y a une zone naturelle protégée, il ne peut pas le faire. Les corridors écologiques que l’on nous a imposés, c’est bien, mais à un moment donné il faut se demander si on veut plus d’écologie ou d’agriculture. ». Le PLU sous les yeux tandis que nous échangeons au téléphone, l’élue déplore le manque de bien fondé de certaines réglementations. « Certaines zones sont classées en zone agricole mais c’est impossible d’y aller. À l’inverse des zones naturelles auraient été parfaites pour une activité agricole. C’est dommage. » Agréablement surprise de voir autant de jeunes mobilisés, l’élue espère aujourd’hui que les échanges avec la profession se poursuivront et que ces blocages ne seront pas qu’un coup d’épée dans l’eau. 

Son homologue à la mairie de Saint-Jean-de-Gonville, Michel Brulhart, également élu à Pays de Gex agglo et au Département, a également rendu visite aux agriculteurs mobilisés à Collonges le 30 janvier dernier, en guise de soutien. Secrétaire-trésorier de la coopérative agricole des alpages gessiens, il partage le sentiment des agriculteurs vis-à-vis des lourdeurs administratives et des surtranspositions réglementaires entre l’Union européenne et la France. « À chaque fois que je m’occupe de la Pac, c’est la croix et la bannière. On s’engage pour cinq ans, et pourtant il faut tout ressaisir à chaque fois… Aujourd’hui, on le voit, la France est championne du monde. Chaque fois qu’une directive européenne sort, on met trois fois plus de temps pour l’appliquer et quand on l’applique on en rajoute toujours. Nous avons aussi le problème du loup. Le jour où il n’y aura plus d’élevage pour entretenir les paysages, la montagne deviendra une friche… »