Bovins viande
Viandes des Pays de l’Ain : la nécessité de « retrouver du volume »

Patricia Flochon
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Avec 230 animaux nés, élevés et abattus dans l’Ain, commercialisés en 2023, l’association Viandes des Pays de l’Ain stabilise ses ventes. Un point positif qui ne doit pas masquer un équilibre financier fragile.

Viandes des Pays de l’Ain : la nécessité de « retrouver du volume »
De gauche à droite : Jean-Pierre Lethenet, vice-président de Viandes des Pays de l’Ain, Jonathan Janichon, président de la FDSEA, Hugo Danancher, président de la section bovine de la FDSEA et président de VPA. ©PF

Hugo Danancher, nouveau président de la section bovine de la FDSEA (fraîchement élu lundi dernier), préside également l’association Viandes des Pays de l’Ain (il succédait fin 2023 à Jonathan Janichon). Lors de l’assemblée générale organisée sur le site des Organisations d’élevage à Ceyzériat le 2 avril, il partageait la nécessité « de redévelopper la section bovine de l’Ain », en particulier sur le volet « aide à l’engraissement ». Jean-Pierre Lethenet, vice-président de Viandes des Pays de l’Ain et lui-même ex-président de la section bovine de se souvenir : « Ce qui faisait les gens se déplacer aux réunions de section, c’était surtout l’intérêt financier, surtout entre 1992 et 2015 avec les droits à produire. » Et Jonathan Janichon, président de la FDSEA d’annoncer la volonté de faire évoluer le fonds revolving départemental : « Créé en 1991 par Gilbert Limandas, ce fonds, d’1,6 M€, servait à l’origine à financer le troupeau allaitant. Suite à l’écroulement de l’allaitant et de l’engraissement, ce fonds, utilisé pour la mise en production nouvelle de cheptel, ne servait plus à rien. Aujourd’hui, l’idée serait de financer l’aide au maintien de l’activité ; que l’agriculteur reste propriétaire de son cheptel, et apporter un avantage économique avec des taux d’intérêt compris entre 0,5 et 1 %. L’objectif étant d’avoir des animaux qui correspondent au marché, de financer des vaches allaitantes, des génisses et des veaux. » Suivi à la clé, avec un point de situation réalisé au bout de cinq ans. 

Viandes des Pays de l’Ain : 230 animaux commercialisés en 2023

L’association Viandes des Pays de l’Ain se félicite quant à elle « d’avoir stabilisé ses ventes », avec 230 bêtes valorisées en 2023 (soit une de moins que l’année précédente) issues de 45 élevages. Des animaux nés, élevés et abattus dans l’Ain, dans le respect du bien-être animal et dans un système extensif, avec pâture en été et foin en hiver ; commercialisés en circuit court, avec valorisation des avants en steaks hachés et viande hachée via la plateforme Agrilocal 01 (65 commandes pour 4,6 tonnes en 2023), dans les collèges, GMS et particuliers. L’association travaille notamment avec Intermarché (sept génisses primées lors du concours du Bœuf de Pâques ont dernièrement été achetées par les magasins de l’enseigne), le groupe Leclerc – qui maintient ses engagements de volumes –, et poursuit les échanges avec Métro dans l’optique de contractualiser. 

En 2024, trois nouveaux magasins Intermarché intègrent la démarche (qui s’ajoutent aux sept déjà engagés), pour de la génisse Charolaise et de la Limousine. « Suite à une réunion sur le PAT * du Haut-Bugey, nous avons pu rencontrer l’entreprise Sodexo. Un appel d’offre du Département est en cours portant sur trois lots de collèges. Sodexo, si elle est sélectionnée, s’approvisionnera en Viandes des Pays de l’Ain », annonçait lundi Sandra Lagnieu, chargée de développement de l’association VPA. Une commercialisation « test » est également prévue en septembre 2024 avec l’entreprise RPC, spécialisée dans la restauration collective intervenant dans les secteurs scolaire, centres de loisirs et auprès des personnes âgées. Les ventes à la ferme sont stables, mais encore à développer, comme le rappelait lundi Hugo Danancher : « VPA est un outil unique, créé par des éleveurs et pour les éleveurs. Un outil qui nous appartient. Il faut que l’on soit moteur de son développement et il est donc important de s’impliquer dans la vente à la ferme. Les dernières mobilisations ont montré que le consommateur est à l’écoute. Je pense qu’il serait prêt à se déplacer un peu plus pour acheter à la ferme. »

Une association dont l’équilibre financier reste fragile, d’où « la nécessité de retrouver du volume », rappelle Jonathan Janichon, ajoutant : « la structure coute 45 centimes par kilo carcasse. La communication permet de justifier ce coût supplémentaire. » Les prochaines actions de développement : les Rencontres à Table (anciennement Made in Viande) le 31 mai, l’Expo du Futur du 13 au 15 juin, Saveurs de l’Ain, le forum de l’approvisionnement (Saveurs de l’Ain, Agrilocal et Grand Bourg Agglomération) et en mars 2025 le Salon des Intermarché à Villefranche-sur-Saône.