GESTION DE L'EAU
Eau : tous concernés pour une gestion responsable de la ressource

Patricia Flochon
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Parvenir à l’équilibre entre préservation et prélèvements dans les milieux, ainsi qu’une juste répartition de la ressource disponible entre tous les usagers. Un objectif partagé par Jean Deguerry, le président du Département, et Chantal Mauchet, préfète de l’Ain, qui se sont adressés le 25 avril à plus de 200 décideurs et usagers lors de la Conférence de l’eau.

Eau : tous concernés pour une gestion responsable de la ressource
Chantal Mauchet, préfète de l’Ain, entourée de Jean Deguerry, président du Département, et de Stéphanie Pernod, vice-présidente de la région Auvergne Rhône-Alpes. PHOTO/ PF

La raréfaction de la ressource en eau incite « à une prise de conscience à la fois collective mais aussi individuelle pour inverser cette tendance. L’Ain veut jouer un rôle majeur car ce sujet de l’eau est vraiment primordial. C’est l’affaire de tous », soulignait Jean-Deguerry, lors de la conférence de presse organisée la semaine dernière à Ambronay à l’issue de la Conférence de l’eau. Et la préfète, Chantal Mauchet, de préciser : « L’objectif est de partager un constat et la gravité de la situation concernant la ressource en eau. Nous avons voulu une journée d’information, avec des ateliers sur des thèmes bien précis pour que tous les acteurs s’emparent du problème de l’eau, avec un message apporté notamment aux élus de sensibiliser les habitants sur les nécessaires économies d’eau. Le département se situe en précurseur dans la région Auvergne Rhône-Alpes pour cette prise en compte globale et la nécessité d’agir ». Le déficit des précipitations enregistré depuis septembre dernier, ajouté à un été 2022 exceptionnellement chaud et sec, n’a pas permis de réalimenter les nappes d’eau souterraines. Ainsi, des restrictions d’usage de l’eau sont-elles déjà en application sur le secteur Sud-Ouest du département, placé en situation d’alerte renforcée de manière particulièrement précoce. Les arrêtés de restriction temporaires des usages de l’eau sont disponibles sur le site Propluvia http://propluvia.developpement-durable.gouv.fr/propluvia/faces/index.jsp), site ministériel qui permet de connaître, par commune, les mesures de restriction en vigueur pour chaque type d’usage et de ressource utilisée. Pour ce qui est des contrôles, le plan de contrôles prévisionnel 2023 (co-signé le 30 mars dernier par la préfète et le procureur) prévoit de cibler : « au niveau des industriels, des établissements prélevant dans des nappes d’eau souterraines en tension ; au niveau agricole, en priorité les prélèvements en eaux superficielles, mais aussi le respect des dispositions des dispositions des arrêtés « sécheresse » pour tout type de prélèvement ; au niveau des collectivités, les arrosages des pelouses, des espaces verts et des terrains de sport ; et au niveau des particuliers, les manœuvres d’ouvrages hydrauliques (fonctionnement par éclusées) ».
 
Le Département veut montrer l’exemple
 
Suite aux sécheresses de 2018, 2019 et 2022, de plus en plus marquées et de plus en plus fréquentes, le Département a fait de la ressource en eau une de ses six priorités pour le mandat 2021-2028. L’une des actions mises en œuvre vise notamment à récupérer et utiliser l’eau de pluie dans les bâtiments du Département. De plus les projets de constructions neuves du Département incluent la récupération des eaux de pluie. Un volontarisme qui conduit aussi à équiper des bâtiments existants. Le volume des cuves de récupération sont compris entre 10 à 80 m3. À terme, les quatorze cuves récupèreront environ 5 200 m3/an d'eau de pluie. Des cuves de récupération des eaux pluviales enterrées ont été mises en place pour l'alimentation des blocs sanitaires des élèves dans les collèges, le lavage des véhicules dans les sites routiers et pour alimentation des sanitaires dans certains bâtiments de bureaux. (375 000€ HT d'investissement du Département). La communication auprès du grand public sera également accentuée afin d’inciter à l’installation de matériels hydro-économes chez l’habitant pour maîtriser les consommations d’eau, en complément d’une sensibilisation aux écogestes. L’installation de mousseurs hydro-économes sur chacun des robinets de la maison permet déjà de réduire le débit d’eau de 15 l/minute à 5 l/minute, en fonction des modèles. L’installation d’un pommeau de douche économe avec aérateur et d’une fonction « stop » permet de réduire le débit, et donc l’eau consommée, sans perdre en confort. Le SR3A (Syndicat de la rivière Ain Aval et de ses affluents) participe à l’installation de ces dispositifs auprès de la population en fournissant des kits d’économie d’eau comprenant des mousseurs et un pommeau de douche hydro-économe, dans le cadre des actions mises en place par le Plan de gestion de la ressource en eau de la basse vallée de l’Ain, et en synergie avec le déploiement de la box climat-énergie portée par la communauté de communes de la Plaine de l’Ain, en partenariat avec l’association La Corde Alliée.

Rappel du cadre réglementaire

Dans chaque département, un ou des arrêtés-cadre fixent les mesures générales de gestion et de
 préservation de la ressource en eau en période de sécheresse. Dans l’Ain, il s’agit de : « l’arrêté-cadre du 7 avril 2023 fixant le cadre des mesures de gestion et de préservation de la ressource en eau en période de sécheresse dans le département de l’Ain hors axe Saône » ; et de « l’arrêté-cadre interdépartemental n° 649 du 20 mai 2022 relatif à la gestion de la ressource en eau en période d’étiage sur l’axe Saône ». Chacun de ces arrêtés prévoit l’instauration d’un comité « ressources en eau » dédié (l’un départemental, l’autre interdépartemental) qui agit en tant qu’instance de concertation pour l’élaboration, la révision et le suivi de la mise en œuvre des dispositions relatives à la sécheresse. Le comité dédié au département de l’Ain hors axe Saône est présidé par la préfète ou son représentant. La formation plénière de ce Comité départemental ressources en eau (CDRE) se réunit à minima : au printemps, pour évaluer l’état des ressources et leur niveau de recharge, en fin d’étiage estival, pour dresser le bilan de l’épisode de basses eaux et les éventuelles évolutions à apporter à l’arrêté-cadre, et lors de séances thématiques dédiées à l’industrie, à l’alimentation en eau potable, à l’agriculture et aux milieux aquatiques (afin de présenter les démarches et réflexions engagées par les usagers concernés avec pour objectif de déboucher sur des propositions d’actions visant à améliorer la gestion de la ressource). Enfin, un comité restreint « sécheresse » dédié à la gestion conjoncturelle, constitué d’une dizaine de membres (représentants de l’État, des collectivités et des usagers, se réunit chaque semaine afin d’évaluer la situation et propose, si nécessaire, des mesures de restriction temporaires de certains usages de l’eau. (Plus d’infos à retrouver sur : 
https://www.ain.gouv.fr/Actions-de-l-Etat/Environnement.-risques-naturels-et-technologiques/Eau-et-milieu-aquatique/Secheresse).