ESCROQUERIES
Se protéger des vols de bois
Avec une explosion des cours sur le marché du chêne et du bois de chauffage, une recrudescence des vols peut être observée.
« Le prospecteur de bois je l’ai foutu dehors ! ». Frédéric Foray n’a pas honte de le dire. Chasseur et agriculteur sur la commune de Saint-Martin-le-Châtel, chaque jour il est témoin de disparitions suspicieuses de bois de chêne lorsqu’il se promène en forêt. « Quand je me balade, je vois les chênes qui sont marqués et quand on passe trois ou quatre mois après au moment de l’abattage ils ont coupé dix chênes au lieu de neuf. C’est du vol ça. »
Gare aux marchands mal intentionnés
Vols de bois déjà coupé, coupes d’arbres non marqués et non appointées auprès du propriétaire, paiement du propriétaire à un prix cassé … ces pratiques ne sont pas nouvelles, mais elles ont tendance à se multiplier lorsque les cours des essences s’envolent. Éric Hell, du CRPF Rhône-Alpes, n’a en effet pour l’instant pas observé plus de vols de chêne que d’ordinaire. Il conseille néanmoins la prudence : « Étant donné les prix, aujourd’hui on craint surtout les vols de bois de chauffage. Il est vrai que le chêne est aussi très cher actuellement et on peut observer une recrudescence dans ces cas-là. » Des marchands mal intentionnés en profitent pour démarcher des gens qui ne connaissent parfois pas bien leur parcelle. Ils leur proposent alors de couper leur bois contre une coquette somme d’argent, mais celle-ci en souvent bien en-dessous du prix du marché.
Quelle attitude adopter ?
Problème, dans la plupart des cas, le propriétaire qui a signé un contrat ne peut pas se retourner juridiquement contre l’acheteur en portant plainte. Comment alors ne pas se faire léser ? Au CRPF, « on conseille de ne pas vendre à n’importe qui et de se diriger vers un scieur local qui y mettra le prix et chez qui on pourra retourner en cas de gruge, explique Éric Hell. En général, ces marchands ne sont pas du coin, ils se rendent chez trois ou quatre propriétaires puis changent de canton. Il faut se méfier quand on vous offre 3 000 ou 4 000 € cash comme ça. » Il est aussi conseillé de bien connaître son potentiel et le prix du marché. Si vous ne le connaissez pas, vous pouvez contacter le CRPF dont les techniciens forestiers peuvent se déplacer gratuitement à domicile et estimer le volume et donc le coût réel du bois présent sur la parcelle.
Pourquoi le chêne est-t-il si cher ?
Aujourd’hui le prix du chêne s’élève de 150 à 200 €/m3. En cause, une forte augmentation de la demande en Chine où l’essence est très prisée pour les planchers et le mobilier. Problème, la ressource forestière chinoise ne couvre plus qu’une faible partie de son territoire (à peine 3 % au début des années 2000) après plusieurs vagues de déforestation au cours du XXème siècle. Le pays a depuis mis en place une politique drastique de préservation des forêts et s’est tourné vers le marché extérieur pour s’approvisionner. Il y a quatre ou cinq ans, le cours du chêne a donc explosé. Depuis, la France, grande productrice de chêne, voit une plus grande partie de sa production exportée à l’étranger. L’Ain reste plus préservé. Avec un grand nombre d’usines de transformation, le chêne local reste principalement sur le territoire, mais les acheteurs doivent tout de même composer avec un prix plus élevé.
