Elevage
La filière Bov’Ain dépoussière ses statuts

Créée à l’origine pour soutenir le développement d’activité et l’installation, l’association filière Bov’Ain évolue. La révision de ses statuts lui permet aujourd’hui de soutenir financièrement le maintien d’activité, et de permettre à d’autres productions d’en bénéficier. Explications.

La filière Bov’Ain dépoussière ses statuts
©Patricia Flochon

Il faut remonter à l’année 1989 pour comprendre la genèse de la filière Bov’Ain. Charles Million, alors président du conseil régional, soucieux de l’organisation des producteurs, décidait de mettre en place des Pida * par filière dans l’objectif de créer des partenariats entre les différents maillons de la filière. Il sollicite Albert Thiévon, président de la FRSEA, pour obtenir des propositions par secteur de production. Ce dernier lui propose pour la filière bovine « engraissement » les territoires de la Drôme, l’Isère, Rhône-Loire et l’Ain. Albert Thiévon fait appel à Gilbert Limandas afin de travailler sur le dossier de l’Ain. De nombreuses réunions seront alors conduites avec les présidents et directeurs des structures investies dans la filière bovine, en associant l’aval, auxquelles participent Bovi-Coop, Coprovi, Provida, les associations d’éleveurs, Tropal, Arcadi… « Aboutir à un tel projet fut difficile et il a fallu deux ans pour faire accepter l’idée du fonds révolving avec les contributions des structures éleveurs abatteurs », confiait alors Gilbert Limandas, auquel succédera en 2020, Régis Favier à la présidence de l’association.

A l’origine, l’objectif de l’association Bov’Ain, créée en 1991, était de faire bénéficier aux jeunes qui s’installent avec un projet d’engraissement, ou d’accroissement de cheptel, d’une avance financière de base. Un fonds revolving a pu être constitué grâce au soutien financier de la région Rhône-Alpes (50 %), du conseil général de l’Ain (20 %), et le complément a été apporté par les organisations économiques de la filière bovine (structures éleveurs : 15 % et abattoirs : 15 %). 

Les fondements du fonds revolving

Au départ, le déblocage des fonds était réalisé sous forme d’avances, dont la consommation devait ensuite être justifiée pour débloquer les avances suivantes. Un système qui aura fonctionné pendant cinq ans, avant de déboucher sur une complète autonomie du fonds revolving. Par la suite, le conseil d’administration de filière Bov’Ain a élargi l’éligibilité des aides au financement du développement des troupeaux allaitants, puis aux veaux sevrés, aux génisses prêtes et à la filière veaux Bressou (nés, élevés et abattus dans l’Ain et départements limitrophes). Le conseil d’administration se réunissait deux à trois fois par an pour gérer les dossiers. « Ce fonds a pu fonctionner car un certain nombre de garanties étaient données à tous les acteurs. Après une étude économique de la chambre d’agriculture, le jeune qui s’installe bénéficie d’une avance à taux zéro remboursable au bout de deux ans (trois pour les JA). De plus, lorsque le dossier est étudié par le conseil d’administration de l’association, un représentant de la banque est présent et s’engage à prendre le relai de ces avances en proposant un prêt à moyen terme à taux bonifié », confiait fin 2020 Gilbert Limandas. 

Ouverture du fonds à d’autres filières…

Jonathan Janichon, élu président de l’association au printemps dernier annonce une évolution nécessaire de son fonctionnement. « Nous allons faire en sorte que les abatteurs et commerçants de viande, type GMS, puissent intégrer la structure pour participer au fonctionnement. D’autre part, si l’association au départ a été créée pour le développement d’activité et l’installation, cette année nous avons fait évoluer les statuts pour que le maintien d’activité soit également financé et pour que d’autres productions puissent bénéficier du fonds. On pourrait par exemple ouvrir, si la demande est exprimée, une section céréales, lait, ovins, etc. »

La filière Bov’Ain poursuit également le projet d’aller chercher des financements auprès des collectivités (communautés de communes, EPCI, Département, Région), l’Etat, et les filières qui composent la structure pour alimenter le fonds. Depuis la création de l’association en 1991, ce sont près de 300 dossiers qui ont ainsi été traités dans l’Ain, octroi à la clé d’environ 7,5 millions d’euros d’avance remboursable sans intérêts.

Et Jonathan Janichon de conclure : « L’utilité est bien de maintenir l’activité agricole et de pallier à un manque de capitalisation qui nuirait à la capacité de production. »

* Programme intégré de développement agricole.

Patricia Flochon