FILIÈRE
Un plan régional à la santé de la filière brassicole

Réunis au sein d’un comité animé par la chambre régionale d’agriculture, les représentants de la filière brassicole ont signé la mise en place d’un plan de filière régional financé par la Région.

Un plan régional à la santé de la filière brassicole
Signature dans l'Ain, le 20 septembre dernier, du plan de filière brassicole pour une durée de quatre ans, financé à hauteur de 1,8 M€ par la Région.

Pour la première fois en France, la filière brassicole fait l’objet d’un plan régional à part entière. Lundi 20 septembre, une vingtaine de représentants de la filière réunis au sein d’un comité se sont retrouvés sur l’exploitation du Houblon du Moulin à Moncet dans l’Ain, pour la signature d’un plan de filière régional, nouvellement créé en juin dernier. Fabien Repiquet et son associé se sont installés en bio en 2019 sur une ferme de 25 ha dont 5 ha sont réservés à la culture du houblon. L’exploitation travaille avec une quinzaine de brasseries dont le Ninkasi à Lyon et la Brasserie stéphanoise à Saint-Étienne, et voit la signature de ce plan comme une belle promesse pour le développement de la production de houblon. Signé pour une durée de 4 ans, le nouveau plan de filière est financé à hauteur de 1,8 M€ par la Région, une fierté pour Jean-Pierre Taite, vice-président régional en charge de l’agriculture, qui se flatte « d’avoir la chance de bénéficier du premier budget de France pour la défense de l’agriculture ». Le plan se décline en trois axes et cible l’amont de la filière (houblonniers et producteurs d’orge) ; l’aval en misant sur les fonds Feader ; sans enfin oublier la recherche et développement, la promotion et la communication.

Une explosion de la demande locale

« Cela fait plusieurs mois, voire plusieurs années, que l’on voulait développer l’amont de la filière. On travaillait surtout en aval et il y avait une vraie demande de matière première sur le houblon », a rappelé Carlo Gaschetta, directeur en charge de l’agriculture à la Région. Et Vincent Marconnet, président de l’Aphara de renchérir : « Cela fait cinq ans qu’il y a une véritable explosion de brasseries artisanales en Auvergne-Rhône-Alpes. » Avec 280 brasseries, dont 160 artisanales, la région est en effet la première de France en nombre de brasseries créées ces cinq dernières années. Problème, la production de houblon ne dépasserait pas la vingtaine d’hectares sur le territoire alors qu’en Alsace, première région française productrice de bière, la légende veut qu’on trouverait une houblonnière locale pour chaque brasserie artisanale. L’an dernier, l’association Adabio avait également tenté d’apporter son soutien à la filière en déposant un dossier GIEE auprès de la Draaf qui n’avait pas retenu le dossier jugeant la zone d’action trop « éclatée » géographiquement. « L’objectif, c’était de créer une dynamique autour des enjeux de la production de houblon », a précisé Florent Cordier, directeur de l’association. L’annonce de ce plan séduit les acteurs de la filière, à l’image de Thomas Balse, porteur du projet La hutte à houblon, qui voit cette annonce comme un cadeau tombé du ciel pour développer sa houblonnière dans l’Ain ou le Rhône. Pour l’association des brasseurs indépendants en Rhône-Alpes (Biera), dont les représentants étaient également autour de la table, « cela permettra aux houblonnières et malteries d’être plus compétitives par rapport aux allemandes et belges qui sont là depuis longtemps. Nos consommateurs sont prêts à acheter local, mais pas forcément beaucoup plus cher. L’enjeu, c’est surtout de proposer du houblon et des céréales locaux qui n’ont pas traversé la moitié de l’Europe. » Un enjeu de taille puisque, jusqu’à maintenant, plusieurs brasseries locales se sont vu refuser l’agrément « Ma Région Ses terroirs » par la Région, 80 % de la production devant être locale pour y prétendre.

Margaux Legras-Maillet