TERRITOIRE
Revoir l’agriculture de demain pour s’adapter au changement climatique

Ludivine Degenève
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Afin de donner la parole aux agriculteurs, la Chambre d’agriculture de l’Ain organise des soirées territoriales sur différents cantons. Le 9 mars, la première réunion était prévue à Attignat, en présence des différents élus et agriculteurs du secteur. 

Revoir l’agriculture de demain pour s’adapter au changement climatique
Au total, six réunions sont prévues sur l’ensemble du département, pour donner la parole aux agriculteurs. PHOTO/ LD

« On est là pour vous présenter ce qu’on fait, les ambitions qu’on peut avoir, et échanger avec vous pour avoir votre ressenti et savoir si les choses vont bien. Et si elles vont mal, il faut aussi nous le dire », explique en préambule Michel Joux, président de la Chambre d’agriculture de l’Ain. Jeudi 9 mars, la structure s’est réunie à Attignat en présence d’exploitants du secteur pour évoquer les grands thèmes qui forgent l’actualité. Sans surprise, le climat était donc l’élément central de cette première réunion. « Il nous paraissait important de passer un peu de temps là-dessus », précise Gilles Brenon, vice-président de la Chambre d’agriculture.
Le premier constat est clair : la représentation flagrante de l’écart des températures. « On constate que l’évolution des températures est de plus en plus importante », explique Thomas Niogret, conseiller climat à la Chambre d’agriculture. Concernant les précipitations, le phénomène diffère légèrement : en stabilisation globale de cumul annuel de pluie, la moyenne reste relativement stable. Il en va de même pour les cultures, qui gardent elles aussi une certaine régularité. « On est sur une stabilité des rendements actuellement », continue le conseiller. Et parce que le changement climatique est une problématique de plus en plus urgente, différentes évolutions de températures ont été imaginées à partir des scénarios du Giec. Entre 2021 et 2050, d’après les estimations, la température devrait augmenter de 1,2 degré. Même scénario envisagé entre 2071 et 2100. D’ici cent ans, il est probable que le climat de l’Ain avoisine celui d’Avignon, et, dans le pire des cas, celui de Marseille. Concernant les émissions de gaz à effet de serre, « quoi qu’on fasse, il n’y aura pas d’effet immédiat, confie le spécialiste. Le réchauffement climatique va se poursuivre jusqu’à 2040-2050. »
 
180 millions d’euros débloqués pour l’agriculture 
 
Thomas Niogret a continué son discours par une phrase lourde de sens : « La grosse difficulté par rapport au changement climatique, c’est que tout devient aléatoire. » Pour la profession, il va donc être primordial de diversifier les cultures, pour ne pas mettre « tous les œufs dans le même panier ». À la suite de ces explications, et à ce constat sur l’instabilité climatique sur les cultures, de nombreuses questions ont été soulevées par l’assemblée, notamment par rapport à l’assurance récolte. « On nous propose de nous assurer par rapport à la pousse de l’herbe, mais on en tient compte toute l’année, alors que la pousse de l’herbe entre septembre et novembre n’est pas valorisée. » Ce à quoi Michel Joux, président de la Chambre d’agriculture ajoute : « Jusqu’à maintenant, il y avait un système des calamités agricoles classique sur les prairies qui était de plus en plus difficile à mettre en œuvre. Maintenant, le gouvernement a mis en place un système assurantiel remodelé pour toutes les cultures, y compris pour les prairies. Le système des calamités tombe à partir du 1er janvier, et à partir de ces jours, on peut avoir des propositions de certains assureurs pour pouvoir s’assurer sur l’herbe avec un système satellite et une grille indicielle qui va déterminer la pousse de l’herbe. On va voir ce que ça donne. On est en train de regarder au niveau national pour essayer de demander à l’État de bien caler le système indiciel du satellite Airbus pour essayer d’être au plus juste. Mais on n’en est pas tout à fait là. Sur les prairies, très peu de personnes sont aujourd’hui assurées, seulement quelques dizaines de pourcents. Il faut que la solidarité nationale soit à la hauteur des 180 millions aujourd’hui, peut-être à hauteur d’un milliard demain. À un moment il faut savoir ce que l’on veut. »
D’autres sujets d’actualité ont été abordés comme la Pac, ses principaux changements, et les accompagnements proposés par la Chambre. Le sujet des aides régionales a également été évoqué.
D’autres réunions sont prévues, notamment le 4 avril à Chevroux, le 6 avril à Belley, et le 13 juin à Saint-Marcel-en-Dombes. L’objectif étant de couvrir tout le département.