QUESTIONS A...
« On traverse forcément des moments difficiles »

Olivier de Seyssel, président de la MSA.
« On traverse forcément des moments difficiles »

La MSA, à travers son programme Rebonds, propose d'accompagner des agriculteurs en difficulté psychologique ou économique. Explications.

Qu'est-ce que le dispositif Rebonds ?

C'est un dispositif de détection et d'accompagnement des agriculteurs en difficulté. Ce travail incombait pour une part à la chambre d'agriculture, pour l'autre à la MSA, sans réelle concertation. On s'est aussi aperçu qu'on n'était pas suffisamment au courant des difficultés des agriculteurs. Par exemple, il est courant qu'une famille en grande difficulté soit à jour de ses cotisations MSA. Et donc, qu'on ne puisse pas saisir la gravité de la situation. On a donc décidé de travailler ensemble : MSA et chambre d'agriculture, sous l'égide la CGA. En résumé, la MSA s'occupe de l'aspect social, la chambre et parfois le CER de l'aspect économique.

Comment s'organise le travail ?

Nous accompagnons environ 80 entreprises dans l'Ain. La première chose sur laquelle nous avons travaillé, c'est la détection des agriculteurs fragilisés. Nous avons formé des personnes sentinelles dans tous les organismes, pour nous faire remonter les difficultés. C'est capital, parce que plus les problèmes sont identifiés tôt, plus vite on pourra apporter une aide. Si on attend trop, cela peut s'avérer dramatique et même conduire à des suicides.

Comment expliquer ce mal être de beaucoup d'agriculteurs ?

Disons qu'on est passé de la gestion de crises conjoncturelles à quelque chose de permanent. Sur les crises les plus médiatisées et ponctuelles comme l'ESB, la grippe aviaire... on arrive à identifier les besoins et à être performant. On est aujourd'hui confronté à un mal être général, dans tous les domaines de production.

On a le sentiment que les agriculteurs, plus encore que d'autres catégories socio-professionnelles ont du mal à avouer leurs problèmes ?

C'est vrai. C'est une culture propre à l'agriculture. Les gens se disent « on ne va quémander ou se plaindre ». Petit à petit, ils finissent par se replier sur eux-mêmes. C'est le début d'un cercle vicieux qui peut conduire au drame. D'où l'enjeu de pouvoir entrer dans les entreprises pour déceler les problèmes.

Sur quels axes faut-il travailler pour améliorer le dispositif ?

Nous avons formé des agriculteurs et des anciens agriculteurs volontaires pour qu'ils puissent intervenir auprès de leurs collègues en difficulté. Force est de constater que cela ne marche pas bien et on voudrait comprendre pourquoi.

Que diriez-vous à un agriculteur qui n'oserait pas faire appel à Rebonds ?

Qu'il n'y a aucune honte à demander de l'aide. Que dans une vie d'agriculteur, on traverse tous, à un moment ou un autre, des moments difficiles et que l'anonymat est garanti. Nous disposons d'aides importantes, qui sont justement destinées à les aider. Cet argent, c'est celui des agriculteurs. Alors il ne faut surtout pas hésiter à nous solliciter.

Etienne Grosjean
Plus d'infos sur https://ain-rhone.msa.fr