ALPAGES
Les alpagistes de la Haute Chaîne du Jura se sont réunis

Louise Ivanez, animatrice SEMA
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L’Assemblée générale de l’association des alpagistes de la Haute Chaîne du Jura s’est tenue le jeudi 4 mai, au centre culturel Jean Monnet à Saint-Genis-Pouilly. L’occasion pour les alpagistes de se réunir après trois années sans assemblée en raison de la Covid 19 et de revenir sur les problématiques liées à l’eau et au retour du loup.

Les alpagistes de la Haute Chaîne du Jura se sont réunis
Présence du loup, difficultés liées à l’abreuvage, la préservation du pastoralisme fait face à de nouveaux enjeux. Photo/LI

L’association, présidée par Alain Carrichon, regroupe tous les éleveurs qui pâturent les alpages de la Haute Chaîne du Jura dans le département de l’Ain. Son territoire s’étend depuis l’alpage du Sorgia au Sud de la Chaîne, jusqu’à l’alpage de la Greffière au Nord, à la frontière du Jura suisse. Alain Carrichon a souligné l’importance de cette association pour les alpagistes afin de mieux faire face aux nouvelles problématiques, d’être unis et de défendre les enjeux du pastoralisme auprès des acteurs et des instances locales. 
 
L’eau, ressource indispensable pour les troupeaux en alpage 
 
« L’été 2022 a été marqué par la sécheresse, l’absence de précipitations et le manque d’eau, ce qui a conduit les alpagistes à adapter leurs pratiques », rappelle Alain Carrichon. Ces derniers ont descendu une partie des troupeaux en cours de saison pour pallier au manque d’herbe et ont réduit la durée de pâturage. Quelques alpages ont été contraints de charrier de l’eau.
Le président explique aux alpagistes que deux dossiers de travaux sur l’eau pour les alpages du Sorgia et de la Lecherolle ont rencontré des difficultés lors de leur passage aux instances de la Réserve naturelle. « La lourdeur administrative des dossiers de travaux ne facilitent pas leur réalisation » précise Alain Carrichon. Le comité consultatif de la Réserve naturelle de septembre 2022 a validé la réalisation d’une étude sur la gestion de l’eau sur les alpages de la Haute Chaîne du Jura en concertation avec les acteurs du territoire et notamment les représentants agricoles. La Société d’économie montagnarde de l’Ain (SEMA), soutenue par les élus locaux, a demandé que les projets de travaux concernant l’abreuvement des troupeaux en alpage puissent continuer d’être étudiés. 
Après un tour de table, l’inquiétude des éleveurs se fait ressentir. Ils craignent d’être montrés du doigts une fois de plus. Pourtant, comme le précise Alain Carrichon, « ce ne sont pas les vaches qui gaspillent l’eau ». Muriel Bénier, conseillère départementale du canton de Thoiry, précise qu’il devient nécessaire de se préoccuper du partage de la ressource en eau entre les utilisateurs et que cette étude intégrera la réflexion sur la gestion de l’eau que mène déjà Pays de Gex Agglo. « Les éleveurs peuvent avoir confiance en leurs représentants et aux représentants des communes pour défendre les intérêts du pastoralisme » rappelle Alain Carrichon.
 
L’augmentation des attaques de loup sur le massif jurassien inquiète
 
En 2022, le loup aurait été responsable de 107 prédations, essentiellement sur bovins, selon le bilan des attaques dressé par Léa Gauthier, technicienne à la SEMA. Les passages réguliers d’individus sur le secteur Nord de la Haute Chaîne inquiètent les alpagistes et les éleveurs qui redoutent la mise à l’herbe et la montée en alpage. Plusieurs d’entre eux évoquent un possible abandon des alpages en cas de prédation ce qui inquiète Alain Carrichon car ce serait une grande perte pour la Haute Chaîne du Jura.
Des échanges concernant les dispositifs de protection des troupeaux bovins ont lieu. La plupart de ces dispositifs restent expérimentaux, il existe peu de retours d’expériences. Adrien Bourlez, président de la SEMA, précise que le Plan national loup ne prévoit pas de financement pour la protection des troupeaux bovins car ils sont reconnus de fait non protégeables. Seuls les éleveurs ovins et caprins peuvent bénéficier de ces aides, notamment pour l’achat de filets ou de chiens de protection. 
La SEMA a aussi rappelé aux éleveurs la procédure à suivre en cas d’attaque de loup. Pour le président de l’association des alpagistes, il est nécessaire que les éleveurs restent unis et se soutiennent en cas d’attaque.