SECURITE
« Le contact avec la population, c’est dans l’ADN du gendarme »

Redonner du sens et de la confiance. L’image du gendarme, trop souvent réduite à de la répression, retrouve ses lettres de noblesse. Proximité, contact, écoute, dialogue… les brigades territoriales de contact oeuvrent au quotidien pour rassurer la population. Immersion au sein de la brigade départementale de Lhuis.
« Le contact avec la population, c’est dans l’ADN du gendarme »

Les brigades territoriales de contact ont vu le jour au printemps 2017. L'Ain figure au nombre des 30 départements choisis pour expérimenter un renforcement significatif et positif de la proximité et du dialogue avec la population. Nous avons rencontré la semaine passée les six gendarmes de la brigade de Lhuis et leur chef, Anthony Ménard. Hasard du calendrier, le chef d'escadron Christophe Meneau était présent ce jour là. L'occasion pour lui de nous expliquer la philosophie de la démarche : « Ces brigades territoriales de contact ont été mises en place pour favoriser le contact avec la population et recueillir des renseignements. Pour cela, il fallait retrouver la confiance des gens et aller au-devant d'eux ; et orienter les services en fonction du contexte local ». Pari réussi ! Le bilan se révèle aujourd'hui des plus positifs. Fier du travail accompli sur le terrain, le commandant ajoute : « La population, les gens rencontrés, sont contents. Les gendarmes sont très bien accueillis, que ce soit par les agriculteurs, les chasseurs, les commerçants, artisans, les élus... La particularité de cette brigade est qu'à Lagnieu, nous avons un groupe dédié au contact des entreprises de la plaine de l'Ain afin d'essayer d'améliorer leurs points de vulnérabilité... Le contact avec la population, c'est dans l'ADN du gendarme. L'important, c'est d'être utile ! ».

La culture du « rendez-vous »

Utiles à la population, à tel point que la brigade de Lhuis lui consacre 80 % de son temps passé « à l'extérieur » ; sur un territoire regroupant dix-huit communes, s'étendant de Villebois à Murs-et-Gélignieux, sur lequel vivent environ 9 000 habitants. Ses six gendarmes, dont deux femmes, mettent un point d'honneur à multiplier leur présence lors de chaque évènement qui rythme la vie du territoire : marchés, foires, rencontres diverses... Primordiaux, les échanges avec les élus du territoire sont réguliers. « Nous avons développé la culture du rendez-vous », souligne le chef Ménard ; « nous échangeons sur tous les problèmes du quotidien : d'incivilité, de divagation d'animaux, de voitures « tampons »... ». Les gendarmes sont également alertés en cas d'organisation de « free party », ces fêtes clandestines qui nécessitent une vigilance particulière. « La dernière en date s'est déroulée à Innimond à l'automne 2018. Mais nous en avons régulièrement sur le territoire », ajoute Anthony Ménard. Interrogé sur son ressenti quant à ces nouvelles missions, il confie : « J'aime le contact. Ce qui peut être frustrant, c'est que nous intervenons moins sur l'aspect judiciaire, mais c'est très enrichissant en matière de rencontres et d'échanges ».

A l'écoute du monde agricole...

 

Objectif : assurer une présence forte auprès des habitants du secteur, y compris les agriculteurs .

 

 

Les gendarmes de Lhuis visitent régulièrement les exploitants agricoles du secteur. Un monde familier à Anthony Ménard, dont les parents étaient éleveurs laitiers en Basse Normandie. Ce jour-là, ils se rendent sur l'exploitation de Guillaume Joux, éleveur ovin associé avec son père Michel (président de la chambre d'agriculture). Guillaume est aussi trésorier adjoint des Jeunes Agriculteurs. Pour lui, comme tant d'autres éleveurs, la présence des gendarmes est rassurante. Il nous confie : « Il y a un an et demi nous avons subi un vol d'agneaux dans la bergerie. Depuis on a sécurisé les lieux avec des chaînes, un portail et un mur grillagé. On voit les gendarmes régulièrement. Dès que l'on a besoin, on les appelle, par exemple pour une manifestation sur le secteur, ou une journée porte-ouverte en présence d'élus. Nous avons développé de très bons rapports. C'est à signaler car ce n'est pas partout le cas ! C'est important cette proximité ».

... et des maires !

Jean-Paul Biglia, le maire de Lompnas témoigne : « On ne peut que se féliciter du partenariat avec la brigade de Lhuis. Les gendarmes sont présents régulièrement lors des réunions du conseil municipal. On leur fait remonter les infractions... Comme par exemple un vol de gazoil, de tronçonneuse dans le local d'un agriculteur. Fin 2018, un propriétaire de résidence secondaire est tombé d'une falaise dans le secteur. La gendarmerie, mais aussi tous les chasseurs et la population se sont mobilisés pour retrouver le corps. Mais globalement c'est une commune calme. Les gendarmes viennent aussi à la farfouille et nous échangeons sur le calendrier des manifestations prévues sur la commune ». Un partenariat gagnant-gagnant entre la population et la gendarmerie qui mérite à être développé largement sur tout le territoire.

Patricia Flochon