VITICULTURE
Les coopératives viticoles soutiennent la réforme de l’assurance récolte

La réforme du système d’assurance récolte est une priorité pour un secteur particulièrement exposé aux aléas. Les coopératives réclament également une prise en charge du risque au niveau de la vinification.

Les coopératives viticoles soutiennent la réforme de l’assurance récolte
Boris Calmette, le président des Vignerons coopérateurs.

Réunies en congrès à Colmar le 2 juillet, les coopératives viticoles ont réaffirmé leur soutien à une réforme de l’assurance récolte, dans un contexte de multiplication et d’aggravation des aléas climatiques dans le secteur. « Nous sommes en faveur d’une révision en profondeur du système actuel, car on ne pas continuer avec un produit d’assurance comme le multirisque climatique (MRC) aussi déficitaire », a précisé le président des Vignerons coopérateurs Boris Calmette, dont c’était le dernier congrès à la tête de la structure1. « Une autre solution doit être envisagée combinant les cotisations des assurés, les programmes européens et les financements des collectivités pour les sinistres très importants permettant d’améliorer le rendement assuré et de subventionner des rachats de rendement ». « Il n’y a pas de système efficient sans combinaison entre réassurance, solidarité nationale et système assurantiel », a abondé Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer. Lors d’une table ronde, les représentants des caves coopératives ont affirmé leur soutien aux propositions du rapport du député Frédéric Descrozaille sur l’assurance récolte qu’il a présenté lors du congrès. « L’articulation entre l’assurance multirisque climatique et le régime des calamités n’est pas satisfaisant en l’état », a-t-il rappelé, avant de décliner ses différentes propositions, notamment celle de la création d’un fonds calamités (FNGRA, pour Fonds national de gestion des risques agricoles) rénové, ouvert à toutes les productions, et largement financé par l’État. « Le FNGRA rénové indemniserait les pertes supérieures de plus de 50 % environ, avec un accès à coût très réduit pour les producteurs », a-t-il rappelé. À l’issue du congrès, les Vignerons coopérateurs ont proposé que la couverture du risque dans le secteur du vin soit complétée par une garantie sur le volet vinification, « de manière à couvrir les frais fixes correspondants, aussi bien dans le cas des caves coopératives que pour les vignerons indépendants », précise un communiqué. « Nos entreprises ont des charges fixes en matière de vinification. Nous devons pouvoir les assurer afin de ne pas être l’objet d’une double peine : moins de raisin et des charges fixes en augmentation », a précisé Boris Calmette.

Colère sur la baisse des crédits OCM

La famille viticole de la coopération agricole propose que ce dispositif soit accompagné dans le cadre de l'organisation commune du marché (OCM) vitivinicole et du programme national d'aides (PNA) vitivinicole. Une enveloppe précisément mise à mal dans le cadre de la réforme de la Pac, a déploré Boris Calmette. « La nouvelle Pac acte une baisse de 3,9 % de l’enveloppe de l’OCM vin (soit -10 millions €), pour une enveloppe de 280 millions €/an pour la France », a-t-il souligné. « Nous sommes ponctionnés au moment même où nous sommes particulièrement touchés par les crises climatiques et économiques. Ce n’est pas admissible », a-t-il déploré dans son discours de clôture. Une étude DiagoRisk sur le bilan de l'assurance récolte dans le secteur viticole et plus particulièrement dans les caves coopératives a illustré les faiblesses du système actuel. Environ 20 000 viticulteurs sont assurés sur les aléas climatiques, pour environ la moitié des surfaces viticoles seulement. Sur ce total, la moitié est assurée pour le risque grêle seul et l’autre en multirisque climatique. Les surfaces assurées en multirisque se sont accrues considérablement, de 75 000 hectares entre 2012 et 2018, pour atteindre 231 000 hectares. Les cotisations ont progressé de 36 % pendant cette période.

1 Joël Boueilh, président de Plaimont Producteurs est officiellement candidat à la succession de Boris Calmette. La transition devrait avoir lieu en octobre prochain.