Sécurisation des exploitations
« Chaque ferme est un cas particulier »

Vols d’animaux, de matériels, attaques contre l’élevage. Si les chiffres de la délinquance dans les fermes restent stables, le sentiment d’insécurité gagne les agriculteurs. Pour y remédier, la gendarmerie propose plusieurs dispositifs d’accompagnement pour sécuriser les exploitations. Explications.
« Chaque ferme est un cas particulier »

170. C’est le nombre de faits de délinquance commis sur des exploitations agricoles de l’Ain recensés en 2017. Un chiffre qui devrait rester sensiblement le même en 2018 et n’évolue guère.
« Cela peut paraître beaucoup, mais il faut ramener ces données aux 5000 exploitations ou assimilées exploitations du département. Cela ne représente que 1% des faits de délinquance », tempère l’adjudant-chef Thierry Hudelot, référent sûreté au service de la prévention technique de la malveillance au groupement de gendarmerie de l’Ain. Si l’Ain reste préservé des vols de gros matériels, perpétrés par des réseaux mafieux, il n’échappe pas aux nouvelles tendances de la délinquance des champs. Les vols de carburant, de petit outillage et de matériel d’irrigation (pour le métal) y sont devenus chroniques. A cela, s’ajoutent et c’est plus nouveau, les vols de matériel électroportatif, (en particulier les GPS des tracteurs) et d’animaux.

La fin d’année, période critique pour les vols de volailles

« Le plus souvent, des volailles. On sait que cela devient encore plus sensible à l’approche des fêtes », confirme Thierry Hudelot.
La subtilisation, il y a quelques années, de volailles fines prêtes pour les Glorieuses avaient suscité une vive émotion.
Une convention a depuis été signée entre gendarmerie et chambre d’agriculture (voir par ailleurs). Elle a conduit à la mise en place d’un réseau de gendarmes et d’agriculteurs référents locaux pour la sécurité des exploitations. En étroites relations, ils animent le dispositif d’alerte par SMS. Le principe est simple : sitôt un délit perpétré, les exploitations voisines sont averties que des malfaiteurs agissent sur le terrain, de façon à activer la vigilance de tous.

Du conseil à la demande

Les gendarmes prodiguent des conseils techniques à la demande, pour sécuriser les fermes. « Chaque ferme est un cas particulier. Il faut prendre en compte l’isolement du site, la configuration des bâtiments, l’activité de l’exploitation. Par exemple, on n’appréhende pas un bâtiment d’élevage comme un hangar de stockage... On est obligé de faire du cas par cas, sachant que d’une façon générale, il
est très difficile de sécuriser une exploitation », analyse Thierry Hudelot. La dissuasion et l’application de quelques mesures de bon sens peuvent éviter de mauvaises surprises. « La présence d’un chien, comme on en voyait dans toutes les cours, reste efficace. On peut aussi prévenir que le site est sous vidéo protection, jouer sur l’éclairage... » Et intégrer que les campagnes d’aujourd’hui n’étant plus celles d’hier, les bonnes vieilles habitudes doivent aussi changer.

Détecter les infractions

A commencer par les clefs, qu’il serait sage de retirer du tracteur. « En cas de tentative de vol ou d’effraction, il faut essayer de détecter les faits le plus vite possible », explique notre spécialiste.
La vidéo protection peut dans ce cas s’avérer utile. « Les appareils qui servent à photographier le gibier peuvent être très efficaces et moins onéreux que les caméras. Ces pièges se déclenchent au passage de quelque chose. S’il est connecté au réseau, il envoie directement la photo par SMS ». Encore faut-il judicieusement le placer. « Nous pouvons nous déplacer pour conseiller l’agriculteur. Parce que si le piège se déclenche trop souvent, l’exploitant n’accordera plus d’importance à l’alerte » Les prises de vue peuvent servir l‘enquête. « Mais il faut bien penser à ce que les images soient horodatées pour être exploitées. ».

Toujours aviser la gendarmerie

Attention à ne pas condamner trop vite les ouvertures, « qui peuvent être utiles en cas d’intervention des pompiers ou s’il faut évacuer des animaux en urgence. »
Ultime conseil de notre expert : déclarer tous les larcins, même les plus modestes. « Certains ne le font pas. C’est dommage. On peut aujourd’hui déposer une plainte ou une main courante rapidement avec la pré plainte en ligne. J’encourage les agriculteurs à toujours aviser la gendarmerie locale des faits dont ils sont victimes. »
Et à ne jamais hésiter à la prévenir en cas de suspicion. « Par exemple si vos voyez un véhicule trainer autour de votre ferme la nuit ou quoique ce soit de louche. »

Etienne Grosjean