FILIÈRE PORCINE
La ferme Allabouvette, un élevage ancré dans son territoire
Depuis six générations, la famille Allabouvette exploite des terres à Pusignan dans le Rhône. En septembre dernier, les portes ouvertes qui ont attiré plus d’un millier de personnes ont été l’occasion d’inaugurer un nouveau bâtiment mis en service en mars 2024.
Élever de porcs à deux pas de la ville, c’est chose possible. La famille Allabouvette en est la preuve vivante. Depuis six générations, cette famille d’éleveurs de porcs exploite des terres de Pusignan dans le Rhône. Aujourd’hui, Pascal Allabouvette est à la tête d’une exploitation de 280 hectares de grandes cultures (blé, orge, colza, soja…). Épaulé par ses sept salariés (dont 2,5 ETP à l’élevage), il élève 3 015 porcelets et 1 998 porcs charcutiers. Pour le gérant de l’exploitation, le cœur de métier « est de produire des grains et du porc pour nourrir les populations », précise-t-il dans une vidéo de présentation de son exploitation réalisée par la Ville de Pusignan.
Alimentation locale
Ainsi, les céréales produites sur les terres pusignanaises alimentent les 15 000 porcs élevés chaque année et dont le lisier sert d’engrais aux cultures. Les apports de lisier permettent de répondre, par exemple, à plus de 80 % des besoins du maïs en éléments minéraux (azote, phosphore et potasse). À ces grains sont ajoutés des produits issus de biscuiteries situées à proximité et qui ne sont pas consommées par l’Homme. Un peu de son de blé produit par un moulin de Saint-Symphorien-d’Ozon se retrouve également dans l’auge des animaux. « Ces différentes matières premières composent 85 % de la ration d’un porc. Tourteaux de soja et minéraux sont achetés pour finir d’équilibrer la ration, afin de garantir aux porcs une alimentation répondant à leurs besoins physiologiques », précise la plaquette de présentation éditée par l’association « Les Amis de la Ferme Allabouvette », composée en grande partie de gens de la commune. Si la passion de Pascal Allabouvette n’est plus à prouver et est appréciée par son entourage, produire des porcs sur un territoire périurbain nécessite forcément des aménagements pour « ne pas créer de nuisances » pour le voisinage.
Relations de bon voisinage
« L’acceptation de cet élevage périurbain est le résultat d’un travail de longue haleine », commente Cécile Michon, directrice de l’interprofession porcine régionale, Interp’Aura. L’éleveur partage depuis plusieurs années avec le public les progrès de son élevage, aujourd’hui en symbiose avec la production céréalière, limitant les sources de nuisances et combinant bien-être animal et humain. « Je pense que cette ferme est bien ancrée dans son territoire et, grâce aux nouvelles technologies comme le lavage d’air, l’environnement urbain n’est pas un problème », souligne le gérant dans la plaquette de présentation. La journée portes ouvertes du 14 septembre a ainsi été l’occasion d’inaugurer le nouveau bâtiment de l’exploitation.
Un potentiel de 15 000 porcs
Ce nouveau bâtiment porcin de post-sevrage compte 2 000 places de porcelets et 360 places d’engraissement. Il porte à 15 000 porcs charcutiers la production annuelle de l’éleveur adhérent à la coopérative Cirhyo. Il est composé d’une salle de tri permettant de limiter le stress des animaux et de faciliter le travail humain, de niches chaudes pour améliorer le confort des porcelets et de réduire de près de 50 % la consommation électrique liée au chauffage et enfin d’un système de lavage d’air permettant de limiter les odeurs et de diminuer les quantités d’ammoniac émises par l’élevage. Le coût total du projet s’élève à près de 1,2 million d’euros subventionnés à hauteur de 67 500 € par la Région Auvergne-Rhône-Alpes dans la cadre du Feader et par l’Ademe (76 000 €). « Moderniser nos élevages et nos outils d’aval est indispensable. C’est la garantie d’une amélioration de nos conditions de travail et de celles de nos salariés, mais aussi des conditions d’élevage de nos animaux. Les deux vont ensemble ! » assure Noël Thuret, éleveur et président de Cirhyo.
Sources : Agra, plaquette de présentation des « Les amis de la ferme Allabouvette », Interp’Aura.
En Auvergne-Rhône-Alpes, 310 000 tonnes d’aliments porcins sont consommées chaque année. Les céréales sont produites essentiellement dans la région ou dans les départements limitrophes. Par ailleurs, 27 % des élevages fabriquent leur aliment à la ferme pour 36 % des porcs produits.
La filière porc française
- 130 000 emplois directs et indirects
- 10 000 élevages dont 8 400 qui possèdent plus de 20 truies.
- 300 entreprises de charcuterie
- 23 millions de porcs par an
Source : Ifip 2022 et Inaporc
Une production porcine stable
La production de porcs est restée stable en 2023 avec 840 000 porcs produits contre 850 000 l’année d’avant, selon Interp’aura.
En 2023, les éleveurs français ont produit 22 millions de porcs. Le recul de la production française, à - 4,8 % par rapport à 2022, est inférieur au repli de la production européenne, à -7,9 % sur 1 an. Après 2 ans de crise en raison de la flambée du coût des matières premières pour l’alimentation des porcs, beaucoup d’éleveurs n’ont en effet pas pu continuer leur activité. La région Auvergne-Rhône-Alpes n’a pas fait exception à la règle. En effet, entre 2022 et 2023, en Auvergne-Rhône-Alpes, certains élevages ont disparu (774 sites d’élevage en 2023 contre 797 un an plus tôt) pour autant la production régionale s’est stabilisée du fait, selon l’interprofession régionale, Interp’aura, de la taille moyenne des exploitations. Ainsi, en 2023, 840 000 porcs ont été produits en Auvergne-Rhône-Alpes (contre 850 000 en 2022), soit 4 % de la production nationale. Les départements de la Loire et de l’Ain, avec respectivement 112 et 110 sites de production avec au moins 50 places d’engraissement ou de post-sevrage ou au moins 10 places de reproducteurs, sont les deux leaders de la production porcine régionale. « On trouve essentiellement des élevages de type engraisseur (326 sites), naisseur-engraisseur (202 sites) et post-sevreur-engraisseur (173 sites). L’activité de naissage se concentre sur des sites spécialisés de type maternités collectives », explique Interp’aura. La majorité des sites sont engagés dans une démarche de qualité (Le porc français, label rouge, Ma Région ses terroirs, Origine montagne).
Abattage origine Aura
Vingt-quatre sites d’abattage de porcs sont recensés en Auvergne-Rhône-Alpes dont deux spécialisés porcs (Les Crêts dans l’Ain et Lapalisse dans l’Allier). En 2023, près de 1 342 000 porcs ont été abattus (en recul de 2,9 % par rapport à 2022) dont plus de 80 % dans les sites de l’Allier (750 798) et de l’Ain (351 689). Cela représente près de 5 % du volume abattu à l’échelle nationale. 88 % des porcs produits sur la région sont abattus en Aura et plus de la moitié des porcs abattus en Aura viennent de la région.
Transformation : Aura est la troisième région française
Après la Bretagne et les Pays de la Loire, la région Auvergne-Rhône-Alpes est la troisième principale région de transformation de viande de porcs en France. Ainsi, 12 % de la production industrielle française sont produites en territoire aurhalpin. Près de soixante-dix entreprises salarient plus de 4 500 personnes pour une production globale d’environ 145 000 tonnes. Aura est la première région française de fabrication de salaisons sèches.
Un potentiel à conquérir
À ce niveau, la production régionale ne couvre malheureusement pas les besoins de la population régionale. En effet, moins d’un porc sur trois consommés en Aura est produit sur la région. Le potentiel nourricier aurhalpin permet de couvrir seulement 29 % des portions annuelles de porcs par habitant. Aujourd’hui en France, 33 kg de viande de porc sont mangés par habitant. Le porc est la première viande consommée en France.