SOCIAL
Mal-être en agriculture : les propositions du CAF

Le Conseil de l’agriculture française (CAF) a présenté, le 30 juin, un plan d’actions pour prévenir le mal-être des agriculteurs. Le ministre de l’Agriculture devrait s’inspirer d’une partie de ces propositions pour présenter un dispositif gouvernemental à la rentrée de septembre.

Mal-être en agriculture : les propositions du CAF
Le ministre de l’Agriculture présentera un plan d’actions à la rentrée de 2021, afin d’accompagner les agriculteurs en difficulté. DR

Le sujet tabou du suicide des exploitants agricoles traîne depuis des années et toute la profession agricole est impatiente de voir se concrétiser un plan d’action gouvernemental qui viendrait épauler les dispositifs déjà mis en place par une partie des organisations professionnelles. Tel est en tout cas le message subliminal que la FNSEA, JA, l’APCA et la MSA ont voulu faire passer le 30 juin lors d’une conférence de presse commune.

Plus visibles et accessibles

« Le constat est connu : Il y a 30 % de suicides supplémentaires dans la profession agricole par rapport aux autres professions. Elle touche principalement, à 60 %, la frange de population des 55 à 70 ans », a expliqué la présidente de la FNSEA et du CAF, Christiane Lambert. Ce mal-être, spécifiquement à cet âge, est multifactoriel et peut être consécutif à « un sentiment d’inutilité, d’un mal-être lié à la transmission, à la retraite », a-t-elle précisé. Le phénomène n’est pas nouveau « et sur ce dossier, on ne part pas de zéro » a indiqué Sébastien Windsor, président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA). Il existe en effet des « sentinelles » qui peuvent être vétérinaires, contrôleurs laitiers, le voisin, l’ami proche… et qui peuvent déceler des signes avant-coureurs de mal-être. « Généralement, quand un élevage va mal, c’est que l’éleveur lui-même va mal », a souligné Jean-François Fruttero président de la MSA Dordogne et référent de la Caisse centrale MSA sur ce dossier. La CCMSA a mis en service dès 2011, le service Agri’ écoute (09 69 39 29 19) qui permet, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, de dialoguer anonymement avec des écoutants formés aux situations de souffrance et de détresse. Elle prévoit aussi une aide au répit (entre 7 et 10 jours renouvelables) pour permettre aux exploitants de souffler en cas d’épuisement professionnel. De même, l’APCA dispose de dispositifs départementaux. « Pour les rendre plus visibles et plus accessibles », toutes ces plateformes sont aujourd’hui rassemblées sous une même identité : « Réagir », sous-titrées « solidarité et accompagnement ». Le site Agricollectif (www.agricollectif.fr) géré par la FNSEA, JA et l’APCA permet aussi d’aider les agriculteurs en détresse économique et psychologique.

Mentorat et tutorat

Les organisations professionnelles agricoles (OPA) proposent également, de créer une aide de 12 000 euros par an pour les chefs d'exploitation de plus de 57 ans qui traversent de graves difficultés économiques, familiales ou de santé. Appelée « passage de relais », cette aide est conditionnée par l’installation d’un jeune agriculteur aidé, c’est-à-dire éligible à la dotation jeune agriculteur (DJA). Ce jeune viendrait s’installer sur l’exploitation de ce futur retraité », a indiqué Julien Rougier (JA). À raison de dix dossiers par département et par an, l’enveloppe annuelle pourrait atteindre environ 12 millions d’euros. Les jeunes agriculteurs souhaitent aussi que la prévention du mal-être passe par « une meilleure information dès la formation initiale ainsi que le mentorat et le tutorat », a ajouté Julien Rougier. Le ministre de l’Agriculture présentera un plan d’actions à la rentrée de 2021, afin d’accompagner les agriculteurs en difficulté.