Environnement
Chasseurs/agriculteurs : la moutarde les rapproche

La société de chasse de Saint-Martin-Le-Châtel-Curtafond participe aux semis de moutarde des agriculteurs.
Chasseurs/agriculteurs : la moutarde les rapproche

Dans la cour de la ferme, le tracteur chauffait ce jeudi matin de bonne heure. Un des deux salariés de l'Earl des Carronnières attachait la broyeuse. L'épais brouillard qui recouvrait les parcelles de Bresse n'avait en rien fait changer le programme de Fabrice Giraudet et son salarié Clément Mariller. Après la traite du matin c'était l'heure de broyer les couverts végétaux.

29 ha de couverts végétaux

La parcelle de couverts végétaux avant qu’elle ne soit broyée.

 

Sur cette exploitation, plusieurs générations de Giraudet ont trimé. Fabrice le fils, s'est installé en 2001. Il possède un atelier lait de 120 vaches Montbéliardes, quelques Prim'Hosltein et vend son lait à Bressor. Du côté cultures, 210 ha sont plantés en orge, blé, maïs, soja, herbe, prairies naturelles et temporaires. Une bonne partie est en auto consommation. 29 ha de couverts végétaux sont semés en surfaces d'intérêt écologique (SIE) comme le prévoit la réforme de la PAC mise en œuvre depuis 2015. Une culture qui convient à Fabrice mais aussi aux chasseurs. Pour l'agriculteur c'est un excellent engrais une fois broyé « au niveau rendement on y trouve un intérêt, surtout des années comme celle ci où elle a bien poussé avec la pluie de juillet et d'août ». Le mélange spécial fertilisation est composé de moutarde, vesse, Sarrazin et trèfle d'Alexandrie est monté jusqu'à 2 mètres. Aussi grand que Clément lâche Fabrice en riant !

Une réserve pour la chasse

Fabrice achète ses semences à la coopérative CapDis. « On nous conseille, il y a des animations avec retour sur les mélanges utilisés l'année précédente c'est intéressant » explique l'agriculteur. La société de chasse de Saint-Martin-Le-Châtel-Curtafond et son président Frédéric Foray participent à leur façon en réglant la facture de deux sacs. En échange l'agriculteur les laisse chasser sur ses parcelles comme le prévoit le droit de chasse inscrit dans les lois du fermage. Les couverts sont une véritable réserve pour la chasse. Les faisans, chevreuils et sangliers s'y nichent. Pour les petites sociétés de chasse ce partenariat est une aubaine. D'ailleurs chaque année les adhérents invitent les agriculteurs à un repas à la salle des fêtes et leur cuisinent un chevreuil sauce grand veneur. Ce sera le 16 février.
Mais en attendant le repas, ce jeudi matin, les agriculteurs partaient broyer le couvert et labourer « nous le faisons tout de suite car le terrain est argileux » précisait Fabrice « le maïs sera semé en avril ».

Yolande Carron
En projet…
Fabrice Giraudet travail sur un projet de méthanisation avec plusieurs agriculteurs du canton. Les couverts seraient broyés à l’automne et non plus en hiver, voilà qui ne ferait pas vraiment le bonheur du gibier et des chasseurs !

 

Portrait / Pierre Laurent, fidèle adhérent de la société de chasse de St Martin le Châtel/Curtafond depuis 49 ans.

Un chasseur sachant chasser
 
Pierre Laurent et Era, sa fidèle Epagneul bressan de Saint Usuge.
Si le cœur de Pierre Laurent, dit Pierrot, s’est épris de Jeanine, une viriatie, son cœur de chasseur a toujours battu à la société de chasse de Saint Martin le Châtel/Curtafond. Depuis l’âge de ses 20 ans, en 1971, Pierrot pratique la chasse sur les terrains de ces deux communes.
L’animal au coeur du végétal
Cette année, un couvert végétal issu de graines de moutarde a été semé par la famille de Bernard et Fabrice Giraudet. Il représente une superficie de 18 ha. Pierrot se félicite « qu’une pareille surface puisse servir de remise à tout gibier confondu. Une battue exceptionnelle a été envisagée, mais la société de chasse a préféré renoncer après avoir balisé la parcelle. En effet, pour couvrir cette étendue de surface, il fallait compter, entre autres, une cinquantaine de personnes réparties entre les chasseurs postés, espacés de 50 mètres les uns des autres et les traqueurs et les sangliers n’étaient pas au rendez-vous le jour dit....».
Un pré-bilan de campagne
Depuis l’ouverture de la période de la chasse, Pierre nous dresse un pré-bilan. « 15 chevreuils abattus sur les 18 prélèvements autorisés. Des sangliers ont été identifiés sur les deux communes, et nous avons organisé des battues. Le bilan fait état de 5 sangliers tués. Pour ces derniers, il n’y a pas de limite de prélèvements. En revanche, des restrictions sont définies par la législation. Par exemple, ne jamais porter atteinte à une mère suitée ; et tout sanglier doit être bagué à la patte sur place avant tout transport de l’animal… »
La clôture de chasse
La date de clôture de la période de chasse est fixée, dans l’Ain, au 29 février 2020 au soir ;  à moins que le Préfet décide de la prolonger au vu des hordes de sangliers qui peuplent nos campagnes et provoquent des dégâts en tous genres.
Puis, pour l’Ami Pierrot, amoureux de la nature, une passion en chassera une autre. Le temps de la pêche le long de la rivière d’Ain prendra la relève sur celui de la chasse.

Céline Guillerminet