Apiculture
Agriculteurs, apiculteurs, Département, un partenariat gagnant-gagnant

Retour sur la visite des élus du Département le 29 octobre sur une parcelle du Gaec XL à Fareins avec Olivier Dutang, responsable du rucher pédagogique de Châtillon-sur-Chalaronne.

Agriculteurs, apiculteurs, Département, un partenariat gagnant-gagnant
Agriculteurs, apiculteurs, Département, un partenariat gagnant-gagnant. ©Daniel Audard

Dans quel contexte cette visite s’inscrit-elle ?

Olivier Dutang : Ce 29 octobre 2024 eu lieu une rencontre entre des élus et responsables du Département de l’Ain – Jean-Yves Flochon, vice-président délégué à l’agriculture, à la préservation de la biodiversité et des ressources et à l’environnement, Patrick Mathias, conseiller départemental du canton de Châtillon et Franck Courtois, directeur de l’Environnement – des agriculteurs, et l’apiculteur du rucher pédagogique de Châtillon-sur-Chalaronne, sur une parcelle du GAEC XL, exploitation en agriculture biologique à Fareins. Depuis quatre ans, le Département finance les semences de plantes polliniques qui sont implantées par les agriculteurs partenaires de l’apiculteur, dans le cadre de leurs intercultures. Cette année, ce sont ainsi 220 hectares de plantes à fleurs qui ont été semés grâce à cette aide.

Quels sont selon vous les intérêts majeurs des couverts d’interculture ?

O.D. : Un premier intérêt agronomique : ces plantes vont occuper le terrain en empêchant le développement de « mauvaises herbes », vont protéger des UV solaires et des fortes variations de température la vie microbienne bénéfique au sol. Elles vont protéger le sol du ruissellement lors de fortes pluies qui disperseraient les éléments minéraux nutritifs et gonfleraient rapidement les cours d’eau ; structurer le sol par leur réseau racinaire qui permettra une meilleure rétention de l’eau sur la durée ; et enfin créer de la matière organique en fixant le CO2 atmosphérique, matière organique qui sera ensuite transformée en matière minérale par les êtres vivants du sol, restituant ainsi à la culture suivante les éléments minéraux nécessaires à sa croissance, sans utiliser d’engrais chimiques.

Quels sont les résultats observés sur les parcelles du Gaec XL et quels bénéfices pour l’abeille ?

O.D. : Sur les parcelles du GAEC XL, qui travaille avec des intercultures depuis de très nombreuses années, une quantité de 7 tonnes de matière organique sèche peut être produite par hectare par une interculture semée dans de bonnes conditions juste après la moisson ; autant de matière minérale qui sera disponible pour la culture suivante lorsque le microbiote du sol aura fait son œuvre ! Le deuxième intérêt de ces intercultures, si elles comportent des plantes à fleurs produisant pollen et nectar, est de favoriser une riche biodiversité, notamment des insectes auxiliaires de l’agriculture qui vont lutter biologiquement contre les ravageurs de culture, et également des insectes pollinisateurs tels que les abeilles.

Comment se traduit le partenariat entre agriculteurs et le rucher pédagogique ? 

O.D. : La dizaine d’agriculteurs présents lors de cette rencontre, malgré la période tendue de fin de moissons et de semis de céréales, sont tous partenaires du rucher pédagogique de Châtillon qui déplace ses ruches sur ces parcelles fleuries pour favoriser une bonne préparation à l’hivernage des colonies d’abeilles. Le rucher pédagogique de Châtillon-sur-Chalaronne, créé par l’équipe municipale il y a plus de dix ans, et dont le Conseil Départemental de l’Ain est le partenaire historique, gère plus de 100 ruches pour assurer la réalisation de chaque étape d’une récolte de miel à chacun des 4800 élèves venant chaque année de cinq départements. Un rucher était justement présent sur cette parcelle d’interculture pollinique, et tous ont malheureusement pu observer en direct la prédation que des frelons asiatiques opéraient sur les abeilles dès le matin pourtant frais et brumeux… La lutte contre le frelon asiatique est une autre des actions concrètes que le Département assure en ayant financé l’achat de pièges sélectifs contre cette espèce invasive. Le maintien de l’activité apicole sur nos territoires est en effet une volonté forte des élus départementaux, avec notamment une aide annuelle à l’investissement en matériel pour tous les apiculteurs de l’Ain, ainsi qu’une aide régulière aux ruchers-écoles…

Quel bilan tirez-vous de cette matinée d’échanges ?

O.D. : Cette rencontre sur le terrain aura permis aux agriculteurs d’avoir des échanges techniques sur les différentes façons d’implanter ces intercultures pour une réussite optimale. L’une des difficultés est en effet d’assurer un semis le plus rapidement possible derrière la moisson de céréales, afin que ces intercultures puissent fleurir suffisamment tôt en fin d’été pour pouvoir être utiles aux abeilles pour préparer leur population à l’hivernage, mais également avoir un développement végétatif maximal pour optimiser l’intérêt agronomique de celles-ci. Ces échanges nous confortent dans l’idée que lorsque toutes les parties agissant pour notre territoire coopèrent en bonne intelligence, et de l’utilité des actions concrètes bénéfiques à notre environnement.

Patricia Flochon

Le rucher pédagogique de Châtillon-sur-Chalaronne, une structure unique en France

Situé au cœur d’un arboretum de 8 ha, regroupant une collection botanique d’arbres et d’arbustes provenant du monde entier, le rucher pédagogique de Châtillon-sur-Chalaronne accueille chaque année près de 4 800 enfants de cinq départements. Une structure unique dans la région, dédiée aux élèves – développée par Olivier Dutang, professeur agrégé de biologie passionné d’apiculture – qui permet d’assister en direct à une visite complète d’une colonie d’abeilles et de participer à toutes les étapes de la récolte du miel. Ce dernier d’expliquer : « Dans l’atelier central, répartis derrière de grandes baies vitrées ouvertes, les élèves ne sont alors séparés des ruches extérieures plus que par des moustiquaires. L’apiculteur va alors ouvrir une de ces ruches, et sortir tour à tour chacun des cadres la constituant. Les passant au niveau des yeux des enfants, ceux-ci vont alors observer au plus près et en direct, la reine, les différents stades du couvain, une naissance d’abeille, les différences entre mâles et femelles, les apports puis le stockage du pollen, le nectar, la langue des abeilles le transformant en miel, et ce dernier se faisant operculer par les abeilles. Dans un deuxième temps, les enfants vont participer à la récolte du miel : chacun d’entre eux va désoperculer une portion de cadre de miel, l’extraire, le déguster, le mettre en pot, étiqueter celui-ci… et repartir avec. »

Pour en savoir plus : https://www.larboretum.com/rucher-pedagogique/