ÉCONOMIE
Le prix du lait remonte à rebours de sa saisonnalité habituelle

Le prix du lait à la ferme décolle enfin, alors même que la saisonnalité de la production laitière voudrait qu'il diminue. Éléments d'explication.

Le prix du lait remonte à rebours de sa saisonnalité habituelle
Selon les données de FranceAgriMer, le prix du lait toutes qualités confondues était, en mai 2020, de 374 euros/1 000 litres soit une hausse de 2,9 % par rapport au même mois en 2020. ©Cniel

« En France, le prix réel du lait toutes qualités confondues a atteint son plus haut niveau mensuel pour un mois de mai dépassant le précédent record atteint en 2014 », rapporte l'Institut de l'élevage (Idèle) dans sa note de conjoncture de juillet. Selon les données de FranceAgriMer, il était, en mai 2020, de 374 euros/1 000 litres soit une hausse de 2,9 % par rapport au même mois en 2020. De plus, selon l'Observatoire européen des marchés laitiers (MMO), il aurait encore progressé en juin, « battant de nouveau un record sur ce mois », analyse l'Idèle. Ces hausses se font à rebours complet de l'habituelle baisse saisonnière du prix du lait qui coïncide avec le pic de production printanier. « Nous sommes dans un contexte où les opérateurs sont beaucoup plus rassurés sur la capacité des marchés à fonctionner normalement malgré le contexte de pandémie », analyse Benoît Rouyer, économiste au Cniel, l'interprofession laitière. En effet, malgré la reprise globale de la production mondiale, il ne semble pas y avoir d'engorgement des marchés, la demande chinoise étant particulièrement soutenue. « Comme la laiterie France exporte 40 % de son lait, il y a forcément une incidence des cours mondiaux sur le prix du lait », explique l'économiste.

L'effet Egalim sur la volatilité

L'effet loi Egalim n'est également pas bien loin. « Il y a un impact, mais qui est difficile à quantifier, de la prise en compte dans les contrats des prix sur le marché français et des coûts de production qui sont en très forte hausse », admet également Benoît Rouer. « C'est tout l'intérêt de la loi Egalim qu'il y ait moins de baisses saisonnières du prix », estime Daniel Perrin, secrétaire général de la FNPL (producteurs laitiers, FNSEA). « La prise en compte d'un prix de revient publié une fois par an limite la volatilité des prix. C'est une bonne nouvelle pour les éleveurs de moins ressentir les cours beurre/poudre », se réjouit-il. La comparaison avec la hausse des prix du lait chez nos voisins, plus connectés aux cours mondiaux, appuie le raisonnement : elle y est beaucoup plus prononcée. En mai, les prix ont grimpé de 22 % par rapport à mai 2020 en Irlande, +12 % au Danemark ou encore + 7 % aux Pays Bas. Le prix garanti par la coopérative néerlandaise Friesland Campina a d'ailleurs atteint son plus haut point historique pour un mois de mai à 375 euros/t pour du lait standard 44,2/35,7 et 45,3 de lactose, et a encore progressé en juin à 380 euros/t soit + 17 %. Aux États-Unis aussi, les records s'enchaînent. « À 423 $/t en mai (+ 41 % par rapport au bas niveau de mai 2020 en pleine crise sanitaire), le prix du lait toutes classes aux États-Unis a en effet affiché son troisième mois de hausse consécutif et son plus haut niveau à cette période de l'année depuis 2014 », observe l'Institut de l'élevage.

AJ