DOMBES
Pisciculture : les étanges suffoquent

La situation s’annonce pire qu’en 2017. Sécheresse et canicule cumulées auront de lourdes conséquences aussi bien sur la pisciculture que sur la biodiversité.
Pisciculture : les étanges suffoquent

Stéphane Mérieux, président du syndicat des étangs de la Dombes lâche le mot : « Catastrophique ». En 2017 déjà, les pisciculteurs dombistes avaient « dégusté », explique Sylvain Bernard, technicien de l'Apped (Association de promotion du poisson des étangs de la Dombes) : « Sur 200 pisciculteurs, seulement un quart avaient fait de bonnes pêches. En 2018 ils ont surtout ré empoissonné avec des géniteurs, donc la reproduction a été bonne. Mais des chaînes d'étangs n'ont pas encore récupéré le déficit en eau de 2017. Cette année, une douzaine d'adhérents ont dû sacrifier un étang, le mettre en assec, pour en sauver un autre. On constate en ce moment une importante mortalité du poisson, certains étangs enregistrant une température atteignant les 33°C... ». Au « Grand Birieux », étang de 65 ha situé sur la commune du même nom, le niveau affiche 70 centimètres, alors qu'en temps normal il devrait être de 1,60 m à la vidange. Ne reste plus que le bief et les oiseaux piscivores s'en donnent à cœur joie !

 

Des niveaux très bas (70 centimètres) qui auraient pu être évités sur certains secteurs par des mises en assec

Des sacrifices pour l'intérêt général

Stéphane Mérieux nous a donné rendez-vous sur ses terres, à Chalamont, pour dresser le constat d'une situation très préoccupante. Sécheresse et chaleur débouchent sur une double peine : « Cette année on cumule les ennuis et on arrive à une situation catastrophique, pire qu'en 2017 ». Le syndicat alerte depuis plusieurs mois ses adhérents sur la bonne gestion de l'eau, les sensibilisant « à prendre les bonnes décisions » pour ne pas mettre en péril l'empoissonnage en place, recommandant même de ne pas hésiter à « sacrifier » les étangs en amont en les vidant pour permettre à ceux en aval de recevoir l'eau et compléter ainsi leur niveau. Et surtout de maintenir le dialogue entre voisins pour une bonne gestion de toute la chaîne, coordonner les vidanges et entretenir les fossés. Stéphane Mérieux témoigne :
« J'ai moi-même sacrifié un étang, le Grand Ronzuel, de 25 ha, qui avait été empoissonné. Il allait démarrer la production... J'ai pêché fin mai et j'ai récupéré mon empoissonnage que j'ai dispatché un peu partout et donné un peu à mon voisin. Grâce à cela, l'étang situé en dessous a débordé ».

 

L’étang du Grand Birieux témoigne de la situation catastrophique.

Changer les pratiques pour assurer l'avenir

Le syndicat travaille activement, tant au xniveaux local que national, avec « Etangs de France » et l'Etat (la DDT de l'Ain), pour trouver des leviers d'action en faveur d'une meilleure gestion de l'eau. « Il faut changer les pratiques. Parmi les pistes d'action, on réfléchit à des pêches à grand eau, avec des ondes, des sonars, pour rassembler le poisson en pleine eau... Nous réunissons dans quelques jours l'ensemble des collecteurs afin qu'ils nous fournissent des chiffres précis sur la situation afin d'envisager une action pertinente. Pour l'heure, les mesures qui peuvent être prises par les pisciculteurs sont : d'aérer, de pêcher pour sauver ce qui peut l'être et de mettre en assec si nécessaire. Une pratique soutenue financièrement par le Département, via le Livre blanc de la filière piscicole. L'an passé, près de 100 % des crédits ont été consommés, ce qui prouve que la dynamique d'investissements de la filière continue ».

Patricia Flochon