TRANSFORMATION A LA FERME
« Cet atelier de yaourts nous permet de boucler la boucle »

Le Gaec P2M, de Courtes, vient de lancer un atelier de fabrication de yaourts fermiers. Une nouvelle activité qui permet de valoriser les produits de l’élevage laitier et du méthaniseur. Parfait exemple d’une complémentarité des activités sur une même exploitation. Explications.
« Cet atelier de yaourts nous permet de boucler la boucle »

Un bâtiment flambant neuf et un camion frigo trônent désormais à quelques mètres du tank à lait du Gaec P2M de Courtes.
Une ferme bien connue des lecteurs de l'Ain Agricole : la famille Grange (Gaec comprenant le père, ses deux fils et Nicolas Malin ) est régulièrement citée pour sa participation aux concours de race Prim'Holstein, son méthaniseur et son unité de séchage connexe (bois plaquette, maïs et fourrages).
Cette fois, c'est un atelier de fabrication de yaourts fermiers au lait entier que l'entreprise à lancé.
Une activité qui s'inscrit en totale cohérence avec les ressources prééxistantes de la ferme. « Le lait arrive directement dans l'atelier par un tuyau relié à la salle de traite. Nous utilisons la chaleur produite par la méthanisation pour chauffer le labo, pasteuriser le lait et assurer l'étuvage des yaourts (phase de chauffage qui permet aux ferments naturels de transformer le lait en yaourt). On utilise donc le lait et l'énergie que nous produisons pour fabriquer un yaourt 100% naturel, sans additifs », résume Angélique, 34 ans, qui a lâché son métier de coiffeuse pour s'installer sur la ferme comme ouvrière.
« C'est une vraie reconversion. J'ai repris les cours en suivant une formation spécialisée dans la fabrication des yaourts à l'ENIL d'Aurillac. Cela m'était indispensable. Je garde d'ailleurs le contact avec des formateurs qui m'ont conseillé pendant l'élaboration de nos produits »

Objectif : 400 000 yaourts par an

En janvier, l'équipe a peaufiné ses recettes pour pouvoir proposer, depuis février, une première gamme de yaourts, natures ou aux arômes naturels, vendus sous la marque Les Délices Bressans.
Les associés se sont fixé l'objectif de transformer 50 000 litres par an, soit 400 000 yaourts.
Pour les commercialiser, ils misent sur plusieurs relais : vente à la ferme, dans les épiceries environnantes, sur la plateforme d'approvisionnement des cantines scolaires Agrilocal... En attendant d'autres éventuelles opportunités partenariales.
Les saveurs seront modulées au fil des saisons.
Les pots en carton et l'opercule sont 100% recyclables.
Parallèlement, les acheteurs trouveront, à la vente à la ferme, du lait pasteurisé en bouteilles de 1 ou 5 litres. « Pour le moment, en plastique, mais nous réfléchissons à proposer du lait à la vente dans les contenants apportés par les clients eux-mêmes ».
Utiliser du lait produit sur place, valoriser les déchets organiques pour produire de l'énergie, profiter de cette énergie pour transformer le lait... Un pari qui allie pertinence économique et enjeu environnemental.
« Cela nous paraît cohérent. Avec cet
atelier sur la ferme, on peut vraiment dire que la boucle est bouclée », concluent les associés.

E.G.

P2M en bref

- 250 ha de cultures et praires
- 150 vaches Prim’Holstein
- Une unité de méthanisation en cogénération (chaleur et électricité) de 150kW en service depuis 2014, qui produit l’eau chaude de la stabulation et du labo, le chauffage du labo et d’une maison d’habitation, la chaleur nécéssaire à la pasteurisation du lait et l’étuvage des yaourts.
- Une unité de séchage connexe au méthaniseur.