SIA 2023
Le salon, c’est faire la fête, mais c’est aussi un moment sérieux pour rappeler les enjeux

Margaux Legras-Maillet
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L’inauguration du stand des produits de l’Ain s’est déroulée en grande pompe ce mardi 28 février dans le Hall 3 du Parc des Expo à Paris. Près d’une centaine de personnes, élus, producteurs, syndicalistes ou encore OPA se sont ainsi pressées pour promouvoir les savoir-faire locaux. Bière La Bressanne, Poulet de Bresse AOP, crème et beurre de Bresse, Morbier, Comté, poissons et cuir de Dombes, vins du Bugey, jus de pomme de l’Abbaye … les produits ne manquaient pas, cuisinés par le chef Vincent Liégeois de Joyeux. 

Le salon, c’est faire la fête, mais c’est aussi un moment sérieux pour rappeler les enjeux
L’inauguration du stand des produits de l’Ain s’est déroulée ce mardi 28 février à 11 heures au Parc des Expo à Paris. L’occasion de célébrer les nombreux prix et médailles déjà remportés par producteurs et éleveurs. Photo/MLM

C’est le rendez-vous immanquable pour tous les représentants du département, dixit son président, Jean Deguerry, qui n’a pas manqué de féliciter les producteurs de l’Ain, mais aussi ceux de Saône-et-Loire et du Jura dont les deux présidents étaient également présents sur le stand Saveurs de l’Ain : « C’est un moment très spécial, très familial, où on goûte un peu la France aussi. Le métier d’agriculteur est un métier très difficile, certains n’arrivent pas à en vivre et c’est très important que les pouvoirs publics et intercommunalités viennent apporter leur soutien ». Avec 680 millions d’euros (M€) de chiffre d’affaires et 32 000 emplois, l’agriculture reste un secteur d’activité de premier plan dans le département, mais comme partout elle souffre de la conjoncture. Et oui, le Salon de l’agriculture, c’est un moment de liesse, l’ambiance sur le stand des produits de l’Ain n’en était que la preuve irréfutable, mais c’est aussi le moment choisi pour rappeler les enjeux auxquels sont confrontés les filières.
 
Une vitrine pour le département 
 
Ce sont d’ailleurs le sens des paroles du vice-président régional en charge de l’agriculture, Fabrice Pannekoucke, présent au moment de l’inauguration. « C’est un moment de fête, mais aussi un moment très sérieux, s’est-il exprimé gravement. Il y a le réchauffement climatique, la gestion de l’eau … c’est le moment de rappeler les partenariats entre départements et la Région. Ce qui nous aide à tenir, ce sont les plans de filière, notre FEADER et la transmission avec la plus haute Dotation jeune agriculteur de France. »
Damien Abad, président d’Aintourisme et député de la cinquième circonscription de l’Ain, l’a lui aussi rappelé. « Si on est là, c’est bien parce qu’on a encore des agriculteurs sur notre département, et je dis bien encore, parce que tout l’enjeu est là : la transmission. À cela s’ajoute aujourd’hui un autre enjeu, celui de l’électricité. La particularité de l’Ain, c’est aussi que l’on a tout du pré à l’assiette. Le salon, ce n’est pas du folklore, cela ne concerne pas uniquement 1 % de la population, c’est une vitrine, et derrière c’est la question de la souveraineté alimentaire. » 
L’occasion également de rappeler pour Jean Deguerry le succès de la plateforme Agrilocal, qui six ans après, reste la première de France en termes de chiffre d’affaires (1,3 M€). « J’incite les producteurs à participer à cette plateforme. C’est du revenu assuré et un gage de qualité ».
 
Déjà une vingtaine de médailles au palmarès 
 
Ces enjeux, les représentants du département et des filières les ont largement rappelés, discutés, échangés tout au long de la journée, certains le feront encore tout au long de la semaine, mais cela n’a pas empêché les médaillés d’être célébrés. Les produits de l’Ain ont déjà remporté plus d’une vingtaine de médailles, neuf d’Or, sept d’Argent et six de Bronze. Au total, pas moins de quinze producteurs se sont distingués (voir palmarès). « Une notion de plaisir, une reconnaissance du travail accompli et du savoir-faire », soulignait Michel Joux, président de la Chambre d’agriculture lors de l’inauguration. 

Les brebis de Jean-Luc Berger ont tout raflé

Les brebis de Jean-Luc Berger ont tout raflé

Bien qu’habitué des concours et des récompenses, c’est toujours une grande fierté pour l’éleveur de Viriat. Ces deux agnelles ont obtenu toutes les récompenses qu’elles briguaient. En conformation de la viande comme en laine, elles terminent chaque fois premières et obtiennent les prix de championnat. Petite déception pour les mâles en revanche. Sur les cinq béliers qu’il avait emmené au salon, Jean-Luc Berger fondait ses espoirs sur d’eux d’entre eux en particulier. Malheureusement, l’un n’a pas pu concourir, sa section devenue incomplète le jour du concours. De quoi frustrer quelque peu son propriétaire. Quant au deuxième, il s’est incliné face aux juges qui ont privilégié la qualité musculaire d’un concurrent. Fair-play malgré tout, Jean-Luc Berger se dit heureux de laisser les premières places à un jeune éleveur, ancien acheteur de ses animaux : « Pour les mâles, j’ai eu moins de chance, le juge était Irlandais et a moins tenu compte des spécificités de la race Île-de-France. » Qu’importe, les deux béliers en question sont déjà vendus et pourront tout de même retenter leur chance l’année prochaine avant que l’éleveur ne s’en sépare. De même qu’un autre jeune bélier, arrivé troisième en classe tondu. « Il s’est bien développé, mais n’est pas assez plein, il manque de masse musculaire. On ne peut pas tout faire d’un coup donc j’espère qu’il sera meilleur l’année prochaine. » Après une année 2022 « qui s’est très bien passée » pour Jean-Luc Berger, l’année 2023 débute sous les meilleurs auspices pour l’éleveur. Celui-ci a tout de même dû réduire son cheptel à une centaine de brebis (contre près de 320 auparavant), fatigué, l’âge de la retraite approchant. PHOTO/ MLM

La Volaille de Bresse s’affirme comme un met d’excellence
Le président du CIVB, Georges Blanc a fait le voyage jusqu’au salon pour promouvoir sa belle endormie. L’occasion de rencontrer les éleveurs dont Simon Perraut (71). Photo/ MLM

La Volaille de Bresse s’affirme comme un met d’excellence

Bien connue de nos contrées, la fameuse volaille l’est aussi du reste de la France. Le salon de l’agriculture en est bien la preuve. En témoigne Katy Molière, présente toute la semaine pour représenter la belle endormie au salon. « J’ai gagné le salon samedi dernier déjà ! L’année dernière, j’ai discuté avec un jeune couple de la volaille de Bresse durant une demie heure, ils sont alors repartis et en ont acheté une. Cette année, ils sont revenus exprès pour en reprendre une autre. La volaille de Bresse, c’est la volaille du plaisir par excellence ! », se réjouit la chargée de communication du CIVB (Comité interprofessionnel de la Bresse). 
Photo : Le président du CIVB, Georges Blanc a fait le voyage jusqu’au salon pour promouvoir sa belle endormie. L’occasion de rencontrer les éleveurs dont Simon Perraut (71). Photo/ MLM

Poisson des Dombes : un rendez-vous incontournable

Poisson des Dombes : un rendez-vous incontournable

Pour Pierre de la Rocca, président de l’Apped (Association de promotion des poissons des étangs de la Dombes), le salon de l’agriculture n’est pas un rendez-vous comme les autres. « Pour nous, c’est le seul événement de promotion hors de Dombes, et c’est important que l’on soit présent avec nos collègues d’autres productions parce que nous rencontrons les mêmes problématiques : des difficultés de recrutement, le réchauffement climatique … » Des difficultés il y en, l’association recherche toujours un directeur depuis janvier, quant aux pisciculteurs adhérents, ils font face à une sécheresse hivernale. Le président ne s’avoue toutefois pas vaincu et s’il continue de défendre les intérêts des adhérents, il veut montrer qu’ils sont motivés, les jeunes près à s’installer, et que la profession s’adapte. « On se prépare à une année difficile, en adaptant notre empoissonnage et la gestion de l’eau à la pluviométrie. On estime qu’on aura sur l’année entre 20 et 50 % de surface en eau exploitable en moins. Concrètement, ça veut dire l’équivalent en moins en production. Comment on survit ? On empoissonne des espèces plus résistantes à la chaleur comme la carpe avec un empoissonnage un peu moins coûteux, au détriment des carnassiers dont l’empoissonnage est assez onéreux. C’est là aussi le rôle de l’Apped, le conseil aux pisciculteurs ! » PHOTO/ MLM

Christine Ménétrieux participe à son dernier salon avec la Fédération des coopératives laitières

Christine Ménétrieux participe à son dernier salon avec la Fédération des coopératives laitières

En 32 ans, l’animatrice de la FDCL n’a pas raté un seul Salon de l’agriculture. Et pourtant, cette année, elle participait à son dernier salon en tant que membre de la fédération. Connue de l’ensemble des coopératives laitières, c’est avec fierté qu’elle sert aujourd’hui les produits primés en nombre cette édition. Pas moins de neuf médailles ! Photo/MLM

Les vins du Bugey, multi-primés encore cette année
Éric Angelot, médaillé d’Or pour son Rouge Bugey au CGA 2023. Photo/MLM

Les vins du Bugey, multi-primés encore cette année

Tout comme le Caveau bugiste, le Domaine Monin, la SARL Dubreuil et Pierre Dubreuil, Éric Angelot a encore fait mouche cette année. Le secret ? « C’est la patience d’attendre, d’attendre que la vigne arrive à l’âge de raison. Il y aussi la maîtrise des rendements économiques sur la vigne. Il faut aussi une constance de travail et on arrive à des vins qui vieillissent bien », livre le viticulteur de Marignieu. Il concède toutefois avoir quelque peu de chance avec le réchauffement climatique sur la Mondeuse, un cépage tardif.